Pompéi - Visite 3

La porte d'Herculanum (P. di Ercolano ; 41 m. 93 d'alt.) date probablement du temps d'Auguste. Elle a trois passages de 18 m. 10 de profondeur, ceux des piétons, sur les côtés, entièrement voûtés, celui des voitures, au milieu, voûté seulement aux extrémités. Il y a à dr. une rampe conduisant sur le mur d'enceinte de la ville, où il faudra monter à cause de la vue. Cette enceinte se compose de deux murs juxtaposés, dont l'intervalle est rempli de terre. La hauteur du mur extérieur varie, selon le terrain, de 8 à 10 m. ; le mur intérieur a en général 2 m. 60 de plus que l'autre. Les murs étaient primitivement construits en gros blocs de tuf et de pierre calcaire. On suppose qu'ils avaient été négligés et en partie détruits pendant la longue paix du IIe s. av. J.C., qu'ils furent réparés avec du blocage ou de petits morceaux de lave dans du mortier et renforcés par des tours, peu de temps avant la guerre Sociale. Ces deux espèces de construction se reconnaissent immédiatement à la porte d'Herculanum.



Porte d'Herculanum
Chevalier (1888) p.89

En dehors de la porte s'étendait peut être le faubourg nommé, en l'honneur d'Auguste, pagus Augustus Felix et auquel appartenaient les constructions bordant le chemin en partie déblayé à cet endroit. C'est ce qu'on appelle la *voie des Tombeaux (strada dei Sepolcri). On connaît l'usage des anciens d'enterrer leurs morts le long des routes ; des fouilles ont prouvé qu'il existait aussi des tombeaux aux autres portes de Pompéi. Cette voie des Tombeaux est, au point de vue pittoresque, la plus belle partie de la ville.

A dr., n° 1, un grand tombeau dont la partie supérieure est détruite. Il avait sans doute la forme d'un autel. Le soubassement renferme le caveau qui contenait des urnes cinéraires.

A g., n° 1, le tombeau de Cerrinius, une niche avec des bancs. On a prétendu y avoir trouvé le squelette d'un soldat fidèle à son poste jusqu'à la mort, mais c'est une pure invention, comme beaucoup d'autres légendes de Pompéi. - N° 2, un banc en hémicycle avec le piédestal de la statue du duumvir A. Veius. - N° 3, le tombeau de M. Porcius, probablement celui qui a construit l'amphithéâtre et le petit théâtre. D'après l'inscription, la ville lui accorda 25 pieds carrés de terrain pour son tombeau. - N° 4, le tombeau de Mamia, avec un banc sur le devant et une inscription. Derrière, le tombeau d'un inconnu, avec des niches pour les urnes cinéraires. - Vue ravissante sur le golfe et les montagnes de Castellammare. - A g., une rue murée. L'inscription du coin (copie) dit que le tribun Suédius Clemens a rendu à la ville, sur l'ordre de Vespasien, un terrain qui avait été usurpé par des particuliers. - Ensuite, num.5 et 6, la prétendue villa de Cicéron, recouverte de décombres. Les piliers que l'on y voit encore faisaient partie d'un portique qui longeait la rue.

A dr., une rue où est, n° 2, le tombeau de Térence, en ruine.

Plus loin à dr., n° 6, le tombeau aux Guirlandes, ainsi nommé d'après sa décoration. - N° 9, une niche avec un siège. Num. 10 et 11, deux boutiques ; n° 12, la maison aux Colonnes de mosaïque, dépendance d'une villa située dans le haut. L'entrée donne d'abord sur un jardin, où il y avait un pavillon à quatre colonnes en mosaïque. Au fond se trouve une niche revêtue de mosaïque et qui contenait une fontaine. A g., une cour avec un laraire et un autel. Deux escaliers conduisent au premier étage.

A g., plusieurs grands monuments. N° 17, celui de Scaurus, avec quelques restes de bas-reliefs en stuc représentant des combats de gladiateurs. On visitera le colombaire pour voir les niches.

A dr., une rangée d'arcades qui formaient un portique derrière lequel étaient des boutiques. Le squelette d'un mulet qu'on y a trouvé a fait présumer que c'étaient surtout des paysans qui fréquentaient ces magasins, les jours de marché. - On a découvert à dr., le long de la rue qui n'a pas encore été déblayée, des tombes archaïques en calcaire, monuments grossiers qui remontent jusqu'au temps des Osques, où l'on ne brûlait pas encore les morts et où l'on plaçait à côté d'eux des vases de terre.

A dr., plusieurs tombeaux inachevés.

A g., n° 20, le tombeau de Calventius Quietus, un augustal. Sous l'épitaphe se trouve représenté le bisellium ou siège d'apparat qui lui fut voté à cause de sa libéralité.

A dr., n° 36, le tombeau de M. Alleius Luccius Libella et de son fils, en travertin, bien conservé, avec des inscriptions.

Tombeau de Naevoleia - Reconstitution
Lagrèze (1888) p.91

A g., n° 22, le tombeau de Naevoleia Tyché, avec une chambre pour les urnes. L'inscription nous apprend que l'affranchie de ce nom destina le tombeau à sa sépulture et à celle du magistrat du quartier, C. Munatius Faustus, ainsi qu'à leurs affranchis. Au-dessous se trouve un bas-relief relatif à son inauguration : sur les côtés, à g., le siège d'apparat de Munatius ; à dr., un vaisseau entrant au port, symbole de la vie humaine. - N° 23, un triclinium pour les repas funéraires.

A dr., dans un site élevé, quelques tombeaux en partie fort endommagés, entre autres celui de N. Gelasius Gratus, âgé de 12 ans (n° 41) ; petite niche avec une pierre tumulaire en forme de tête, spéciale à Pompéi. Plus loin les monuments funéraires que l'affranchi M. Arrius Diomède se fit ériger à lui-même (n° 42), à sa famille et à son ancienne maîtresse Arria (n° 43). Les faisceaux de stuc en relief sur le tombeau de Diomède (n° 42), rappellent sa dignité de magistrat du «pagus Augustus Felix».

Ruines de la villa de Diomède
Chevalier (1888) p.113

N° 24, la *villa de Diomède, ainsi nommée d'après la sépulture que nous venons de décrire. L'ordonnance de cette villa, ainsi que des autres maisons de campagne, est très différente de celle des maisons de la ville. Un escalier à deux colonnes y conduit directement à un péristyle de 14 colonnes doriques. On entre de là, à g., dans la salle de bains. En face se trouvent des terrasses dominant la seconde partie de la villa. C'est un jardin de 33 m. de long et de large, avec un bassin et un pavillon à six colonnes au milieu. Il y a un escalier à g. de la terrasse et un autre à dr. de l'entrée. Sous trois côtés du portique s'étendent des caves voûtées, éclairées par de petits soupiraux.

Des escaliers y descendent aux deux extrémités. On y a trouvé 18 cadavres de femmes et d'enfants, avec des provisions de bouche de toute sorte. Ces personnes y avaient cherché un refuge, mais les cendres pénétrèrent par les soupiraux et les malheureuses tentèrent trop tard de gagner la porte. Elles furent toutes étouffées ; on les trouva, la tête voilée, à moitié ensevelies sous ces cendres. Le propriétaire présumé de la villa fut trouvé, la clef à la main, près de la porte du jardin, aujourd'hui murée, et à côté de lui était un esclave avec de l'argent et des objets de prix.

L'amphithéâtre est isolé des autres ruines, au S.-E. de la ville, et il faut y montrer son billet d'entrée. Si l'on ne veut pas y aller en finissant, le mieux est de s'y rendre des thermes de Stabies, par la rue des Diadumènes (8 min.). Les dehors de l'édifice sont peu remarquables, vu que, pour en faciliter la construction, on en avait creusé une grande partie dans le sol. Il y a tout autour, à l'extérieur, une galerie découverte, à laquelle on monte par des escaliers qui servaient aux spectateurs à atteindre les places du haut. L'entrée principale a une forte pente. Le grand axe de cet édifice mesure 135 m. 65, le petit, 104 m. Il pouvait contenir 20 000 personnes. On y distingue 3 rangs, le premier de 5 gradins, le second de 12, le troisième de 18, et il y a au-dessus une galerie. Les sièges sont comme au petit théâtre. Ce monument a été commencé l'an 70 av. J.C. et continué à différentes époques.

Il y a 15 min. de marche, par la route, de l'amphithéâtre à la gare de Pompéi et seulement env. 6 min. jusqu'à la stat. de Valle di Pompéi. A g. de la route de ce côté, derrière la seconde maison, se trouvent quelques tombeaux qui étaient sur la route de Pompéi à Nucérie. L'on peut ordinairement les visiter moyennant un pourboire. - Retour de Pompéi par la station de Torre Annunziata, Castellammare, Sorrente et Caprée.


Fiches bibliographiques des illustrations