Maison de Cicéron

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Cette habitation, découverte l'une des premières, est désignée par quelques antiquaires sous le nom de Villa de Frugi, parce que, au-dessus d'une niche ornée d'un frontispice et de deux colonnes, on trouva cette inscription que nous avons déjà citée au chapitre des Thermes :

THERMAE
M. CRASSI FRVGI
AQVA MARINA ET BAL.
AQVA. DVLCI. IANVARIVS L.

«Thermes d'eau de mer et bain d'eau douce de M. Crassus Frugi ; Januarius, affranchi, directeur».

Nous avons préféré conserver le nom de Maison de Cicéron, bien qu'il ne soit pas prouvé que cette demeure soit réellement celle dont l'illustre orateur parle souvent sous le nom de Pompeianum (1), de laquelle il data plusieurs de ses lettres (2) et où il composa une grande partie de ses traités de Officiis, de Divinatione et de Senectute. De là il écrivait à Atticus : «Je suis ici dans un endroit très agréable, mais surtout fort retiré ; un homme qui compose est à l'abri des importuns» (3). Dans le second livre des Académiques, intitulé Lucullus, on lit au chap. III : «Nous étions arrivés à la villa d'Hortensius, près de Bauli, ayant décidé que si le vent le permettait nous nous rendrions par mer, Lucullus à sa campagne de Naples, et moi à mon Pompeianum». Et plus loin, chap. XXV : «Pour que notre vue ne nous trompe pas, jusqu'où peut-elle s'étendre ? Je vois d'ici la campagne de Catulus près de Cumes ; je ne vois pas celle que j'ai à Pompéi ; il n'y a pourtant pas d'obstacle qui nous en cache la vue , mais mon regard ne peut porter aussi loin, sed intendi longius acies non potest».

Mosaïque de Dioscoride de Samos
in Roux, tome III, planche 124

Cette dernière circonstance s'applique assez bien à la maison qui nous occupe et qui est du petit nombre de celles de Pompéi que rien ne sépare de Bauli. Du reste son étendue, la richesse de ses peintures, parmi lesquelles figuraient les huit danseuses, les quatre groupes de Centaures et les douze petits Faunes dansant sur la corde tant de fois reproduits par la gravure, la beauté de ses mosaïques, dont faisait partie la précieuse scène théâtrale signée par Dioscoride de Samos, enfin la magnificence de ses marbres, la rendaient digne de l'opulent orateur. Découverte à différentes reprises de 1749 à 1778, cette maison occupait un large espace dont la plus grande partie f a été remblayée plus tard, et nous ne voyons aujourd'hui qu'une cour a formant un quadrilatère irrégulier où se trouvent quelques bassins en maçonnerie, et qui ouvrait par une porte aujourd'hui murée sur un xyste b entouré de portiques avec des terrasses comme à la villa de Diomède, portiques encore praticables en grande partie, quoiqu'ils ne soient pas dégagés à l'extérieur.


(1)  «J'aime beaucoup mes maisons de Tusculum et de Pompéi».
Tusculanum et Pompeianum valde me delectant. (Ep. 28. Ad Atticum. Edit. Nisard).

«Vers les calendes, je serai soit à ma maison de Formies, soit à celles de Pompéi».
Nos circiter kal. aut in Formiano erimus aut Pompeiano. (Ep. 30. Ad Atticum).

(2)  Epist. 190, 709, 710, 711, 714, 737, 738, 739, 740, 767, même édit.

(3)  Haec loca venusta sunt, abdita certe, et, si quid scribere velis, ab arbitris libera. (Ep. 738).