Temple de Mercure |
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Temple de Mercure |
ROMVLVS MARTIS
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«Romulus, fils de Mars, fonda la ville de Rome et régna trente-huit ans. Le premier des généraux, il tua le général ennemi, Acron, roi des Céniniens, et consacra les dépouilles opimes à Jupiter Férétrien. Admis au nombre des dieux, il fut appelé Quirinus».
Cette inscription, portée au Musée, a été reproduite sur une plaque fixée à la muraille, à gauche de la porte de l'édifice d'Eumachia.
C'est elle qui a fait penser que le temple avait dît être dédié à Quirinus, c'est-à-dire à Romulus divinisé. Cette dernière dénomination ne saurait être suffisamment justifiée, puisque cette statue de Romulus pouvait aussi bien être une décoration du Forum que la figure de la divinité à laquelle était dédié le temple voisin.
«D'ailleurs, fait remarquer avec raison Dyer, comme une autre inscription semblable relative à Enée se trouvait au côté opposé, il est évident qu'elles ont appartenu à deux statues de ces personnages. Ce n'est d'ailleurs pas une inscription de cette espèce qui aurait été placée sous la statue d'une divinité». D'un autre côté, le P. Garrucci veut voir dans le monument qui nous occupe un temple d'Auguste, un Augusteum, ce qui n'est pas admissible à notre avis, puisque lui-même reconnaît un édifice consacré à Auguste et à sa famille dans celui qu'on désigne sous le nom de Panthéon, et qu'il est bien peu probable que, dans une ville de l'importance de Pompéi, deux temples aient été dédiés au même empereur divinisé. Reste enfin l'opinion adoptée par quelques antiquaires, quoiqu'elle ne paraisse guère mieux prouvée, puisqu'elle n'est fondée que sur la découverte faite à Pompéi de quelques inscriptions indiquant l'existence d'un temple de Mercure, et sur la position de l'édifice dans le Forum ; n'ayant rien de plus positif à proposer, nous avons cru devoir conserver cette dénomination de Temple de Mercure, par la seule raison que c'est celle acceptée par la direction des fouilles.
Il n'est pas un seul édifice de Pompéi dont le plan soit aussi complètement irrégulier ; il présente presque un losange ; les angles S.-E. et N.-O. étant aigus, tandis que les angles S.-O. et N.-E. sont obtus. Cette irrégularité se fait sentir jusque dans la cella même dont les murs latéraux ne rencontrent pas le mur de fond à angle droit. La longueur totale du terrain occupé par ce temple est de 25m 50, sa largeur de 16m 50.
Après avoir franchi la porte a, qui ouvre sous le portique du Forum b c, on trouvait un vestibule d couvert comme celui du temple de Jupiter et Junon ; seulement, ici le toit était soutenu par quatre colonnes au lieu de deux ; ces colonnes n'existent plus, mais plusieurs de leurs chapiteaux qu'on a retrouvés nous apprennent qu'elles étaient d'ordre corinthien. Le mur d'enceinte du péribole était décoré d'encadrements en forme de portes, surmontés de frontons alternativement ronds et triangulaires et ressemblant beaucoup à l'album de l'édifice d'Eumachia. Dyer fait remarquer que ce travail de briques n'ayant jamais été revêtu de stuc et l'autel n'étant pas terminé, on peut supposer que les Pompéiens avaient été surpris par l'éruption du Vésuve au moment où ils reconstruisaient le temple détruit par le tremblement de terre de l'an 63.
Au centre de l'area e f g h s'élève un grand autel de marbre blanc i, haut de 1m 50 environ, dont la face offre un beau bas-relief représentant un sacrifice. Le sacrifiant couronné paraît être un magistrat, et on a trouvé qu'il avait quelque ressemblance avec Cicéron. La victime est conduite à l'autel par le pope ou sacrificateur, nu jusqu'à la ceinture et portant sur l'épaule le malleus, l'énorme marteau employé encore dans les abattoirs modernes. Des instruments sacrés, tels que le lituus ou bâton augural, l'acerra, cassette à parfums, le mantile, espèce de serviette, le simpulum, le perfericulum et la patère, vases employés dans les sacrifices, sont représentés sur les côtés de l'autel et surmontés de guirlandes suspendues à des bucrânes (1) ; enfin sur la face postérieure se voit une couronne de chêne entre deux oliviers. Plus loin est le podium qui portait le sanctuaire h, décoré d'un péristyle formé par quatre colonnes aujourd'hui renversées.
Par une disposition bizarre que nous ne retrouvons dans aucun autre des édifices sacrés de Pompéi, on montait au sanctuaire, non pas par un perron situé en avant du péristyle, mais par deux petits escaliers e g placés en sens inverse en arrière du podium et aux côtés de la cella, plus étroite que le pronaos.
Le sanctuaire est excessivement petit, n'ayant que 4 mètres de large sur 3m 50 de profondeur ; dans le seuil on voit les trous qui recevaient les pivots des vantaux de la porte ; au fond est le piédestal de la divinité. Des fragments de marbre trouvés en ce lieu font supposer que le temple en était revêtu au moins dans quelques-unes de ses parties.
A la droite du sanctuaire et au bas du podium, on
trouve l'entrée de trois salles l communiquant
ensemble et ayant servi au logement des prêtres. La
dernière de ces salles avait une porte, aujourd'hui
murée, ouvrant sur une espèce de corridor
très étroit qui, tournant entre le mur de
l'enceinte et une seconde muraille, vient déboucher
dans l'édifice d'Eumachia, et communique aussi
à une petite ruelle aboutissant à celle
d'Eumachia.
(1) Ornement d'architecture souvent
employé par les anciens et imité par les
modernes ; il consiste en une tête de boeuf
disséquée et ornée de guirlandes
et bandelettes ; il doit sans doute son origine aux
têtes des victimes qu'on disposait parfois autour
des temples en commémoration des sacrifices qui
y avaient été offerts. |