Introduction
Il est absolument impossible de bien comprendre la
Rhétorique à Hérennius (1) ou les
Ouvrages de rhétorique (2) de Cicéron, si l'on
ne connaît pas, dans ses grandes lignes, le
système de la rhétorique latine au Ier
siècle avant J.-C. En effet, les différents
ouvrages ne traitant pas de toutes les questions, ne les
traitant qu'en partie, et, quelquefois, par allusion, on
risquerait de mal interpréter le texte ou de se
tromper sur sa portée exacte, si l'on ne pouvait
replacer dans un cadre général les notions
qu'on y trouve.
Nous nous bornerons à l'essentiel et nous contenterons
d'étudier ici, dans leurs grandes lignes et avec
d'inégaux développements, les points suivants
:
I. Genres oratoires. |
-
Genres oratoires
Il y en a trois :- judiciaire (judiciale genus), où l'on cherche ce qui est juste
- démonstratif (exornatio dans les Topiques ; ailleurs demonstrativum genus), où l'on cherche ce qui est bien ; il comprend deux parties : l'éloge et le blâme (laus et vituperatio)
- délibératif (deliberativum genus), où l'on cherche ce qui est bien et utile ; les Partitiones y distinguent deux parties : conseiller et dissuader (suasio et dissuasio)
-
Nature de la cause
On peut la considérer au point de vue moral, et au point de vue technique.
-
AU POINT DE VUE MORAL
La cause peut être :- noble (honesta, Rhétorique et de Inventione)
- honteuse (turpis dans la Rhétorique, admirabilis dans le de Inventione) ; s'oppose à noble
- douteuse (dubia dans la Rhétorique, anceps dans le de Inventione), lorsque la question à juger est douteuse ou que la cause est noble par quelque partie, honteuse par une autre
- humble (humilis, dans la Rhétorique et le de Inventione), qui n'appelle pas l'attention de l'auditoire
- obscure (obscura ; dans le de
Inventione seul).
-
AU POINT DE VUE TECHNIQUE
Au contraire de la Rhétorique à Hérennius, qui passe ce point sous silence, Cicéron distingue :- les questions générales (grec thesis) et les questions particulières (grec upothesis), ces dernières rentrant dans des questions générales
- les questions de théorie
(cognitio) et de pratique
(actio).
- discussion sur un devoir
- faire naître, calmer, exciter les
passions. A ce groupe le de Oratore
subordonne l'exhortation (cohortationes), le
blâme (objurgationes), la consolation
(consolationes), la plainte
pathétique (miserationes).
- La Rhétorique
à Hérennius (I, 18 et suiv.)
distingue trois états de cause
(constitutio ou status) :
- conjectural (fondé sur une
conjecture).
Dans ce premier groupe, aucune subdivision.
-
légal (légitimus,
fondé sur une loi).
Ce second groupe se subdivise ainsi qu'il suit :- scriptum et sententia (opposition entre la lettre et l'esprit)
- leges contrariae (lois contradictoires)
- ambiguum (emploi d'un terme ayant deux sens)
- definitio (le conflit repose sur un mot qu'il s'agit de définir)
- ratiocinatio (par analogie, on applique une loi à un cas qu'elle n'a pas expressément prévu)
- translatio (erreur dans la
désignation du demandeur, du
défendeur, de la loi
invoquée, du tribunal, etc)
-
juridiciaire (juridicialis,
où l'on est d'accord sur le fait, mais
non sur le point de savoir si ce fait peut ou
non se défendre).
Cette question juridiciaire se divise en absoluta et adsumptiva.
- Elle est absoluta, complète, lorsque, pour se justifier, l'accusé n'a pas besoin de recourir à des circonstances étrangères au fait lui-même
- adsumptiva, empruntée,
lorsque, ne pouvant rien tirer du fait
lui-même, l'accusé s'appuie
sur des considérations
extérieures au fait. Les
différents aspects de la
constitutio adsumptiva sont la
concessio (implorer la
clémence des juges), la remotio
criminis (rejeter la faute sur une
personne ou une circonstance), la
relatio ou translatio
criminis (prétendre que l'on a
été contraint, par la faute
d'autrui, de commettre l'acte
incriminé), enfin la
comparatio (entre deux partis
à prendre, l'on a choisi le
meilleur).
La concessio elle-même se divise en purgatio (nous n'avions pas l'intention de commettre la faute) et deprecatio (attitude de l'accusé qui, plaidant coupable, fait appel à la clémence des juges). La purgatio se subdivise en imprudentia (imprudence, dans le sens où nous disons homicide par imprudence), fortuna (hasard), necessitas (cas de force majeure).
- conjectural (fondé sur une
conjecture).
- Le de Inventione distingue deux
catégories générales :
questions fondées sur un raisonnement (in
ratione) et questions fondées sur un
texte (in scripto).
- Les questions in ratione sont les
suivantes, sans que Cicéron le dise
expressément, mais comme le montre le
contexte :
- facti (cause portant sur un fait)
- nominis (cause portant sur le nom à donner à un fait)
- generis ou generalis (cause portant sur la qualification qu'il convient d'attribuer à une chose, cette qualification étant déterminée en étudiant le caractère propre - genus - de cette chose)
- actionis (analogue à la relatio ou translatio criminis de la Rhétorique à Hérennius).
- Les questions in scripto, qui correspondent aux questions légales de la Rhétorique, se subdivisent en cinq groupes seulement, qui correspondent aux cinq premières catégories de la Rhétorique.
- Les questions in ratione sont les
suivantes, sans que Cicéron le dise
expressément, mais comme le montre le
contexte :
- La division du de Oratore (III, 112 et
suiv.) est assez différente. Trois
catégories principales : La chose
existe-t-elle (conjectura)? Ce qu'elle est
(definitio)? Quelle est sa nature
(consecutio) ?
- A propos de la conjectura, on
étudiera
- sitne aliquid (existence)
- unde ortum sit (origine)
- quae id causa effecerit (cause)
- immulatio (transformations
possibles)
- Pour la définition, on
examinera :
- notio (l'idée qu'on se fait généralement de la chose à définir)
- proprietas (la qualité propre)
- divisio (la division par énumération des parties)
- partitio (la division logique)
- descriptio (le type
général)
- Le troisième point
(consecutio) peut être
considéré en lui-même
(simpliciter) ou par comparaison
(comparate). Le considère-t-on en
lui-même, on porte son attention sur les
choses à rechercher ou à fuir,
sur le juste ou l'injuste, sur l'honnête
ou son contraire. Dans la comparaison, on
distingue les rapports d'identité (de
eodem et alio) ou d'inégalité
(de majore et minore).
Au livre précédent (§ 104 et suiv.), il avait mis dans la bouche d'Antoine une division encore plus simple : «Il y a toujours lieu, disait-il, de rechercher ce qui a été fait ou se fera, quelle est la qualité de la chose débattue ou comment la dénommer». D'après lui, c'est dans le troisième groupe que rentrent les questions portant sur un texte : elles se ramènent toujours à un cas d'ambiguïté.
- A propos de la conjectura, on
étudiera
- Le plan adopté par les
Partitiones (§ 62) combine ceux du
de Oratore :
- sit necne sit aut fuerit futurumne sit, avec, accessoirement, possitne aliquid effici
- quid sit, subdivisé en aliud an idem sit et en descriptio generis alicujus
- quale sit, subdivisé en honestas, utilitas, aequitas, chaque espèce pouvant être étudiée simpliciter ou comparate.
- Enfin les Topiques (§ 82)
coïncident avec le livre III du de
Oratore, sauf que Cicéron distingue un
quatrième groupe, les quaestiones
legitimae, et, pour désigner les trois
autres, n'emploie pas toujours exactement les
mêmes termes que dans son grand
ouvrage.
Subsidiairement toute cause peut être simplex ou juncta, suivant qu'il s'y pose une ou plusieurs questions (de Inventione, I, 17).
Lorsque l'on a reconnu la nature de la cause, on se préoccupe de chercher les éléments suivants : quaestio, ratio, firmamentum, judicatio.
- La quaestio naît de l'opposition entre l'accusation (intentio) et la défense (depulsio sous-ent. accusationis).
- On appelle ratio la thèse de
la défense, firmamentum celle de
l'accusation, d'où résulte
judicatio, le point à
juger.
intentio : non jure fecisti (tu n'avais pas le droit d'agir ainsi)
depulsio : jure feci (j'en avais le droit)
quaestio : jurene fecerit (en avait-il le droit) ?
ratio : illa enim patrem occiderat (c'est qu'elle avait tué mon père)
firmamentum : potuit sine tuo scelere illius factum puniri (son forfait aurait pu être puni sans que tu commettes un crime)
judicatio : rectumne fuerit ab Oreste matrem occidi, cum illa Orestis patrem occidisset (est-il admissible qu'Oreste ait tué sa mère, celle-ci ayant tué le père d'Oreste) ?
-
AU POINT DE VUE MORAL
-
Les parties de l'art oratoire
Elles sont au nombre de cinq : invention, disposition, élocution, action, mémoire.
-
INVENTION
-
Formes de raisonnement
- inductio, raisonnement par analyse
-
ratiocinatio, raisonnement
déductif, y compris le
syllogisme.
Les parties de la ratiocinatio sont au nombre de cinq dans la Rhétorique à Hérennius aussi bien que dans le de Inventione, mais ces parties ne sont pas absolument les mêmes dans les deux ouvrages.- La Rhétorique distingue :
- propositio, exposé du point à prouver
- ratio, qui indique la vérité de notre thèse
- rationis confirmatio, preuve de la ratio
- exornatio, partie d'ornement
- complexio, conclusion
- Dans le de Inventione, entre la
propositio et la complexio,
nous trouvons la preuve de la proposition,
puis l'assumptio, qui, de la
proposition, tire ce que l'on doit
démontrer, enfin la preuve de
l'assumptio.
- La Rhétorique distingue :
-
Genres de raisonnement
C'est le de Inventione qui s'en occupe au Livre I (§ 44 et suiv.).
Le raisonnement est irréfutable (necessaria) ou simplement plausible (probabilis).
- Dans le premier groupe rentrent le dilemme (complexio), le procédé qui consiste à éliminer tous les partis possibles, sauf un (enumeratio), enfin la conclusion qui s'impose (conclusio simplex).
- Le second comprend les signes
extérieurs (signum), ce qui est
croyable (credibile), comparable
(comparabile), ou prouvé par
l'autorité ou le jugement d'une ou
plusieurs personnes (judicatum).
- Défauts des argumentations
Nous renvoyons au de Inventione, Livre I, § 89.
-
Façon de trouver des
argumentations
Au moyen des lieux (loci). Ces lieux sont étudiés dans le de Inventione (I, § 34 et suiv.), le de Oratore (II, § 166 et suiv.), les Partitiones (§ 51 et suiv.), enfin dans les Topiques, entièrement consacrées à ce sujet ; la Rhétorique à Hérennius n'en parle pas, l'Orator non plus, sinon incidemment.
Le classement des lieux diffère dans le de Inventione et dans les autres ouvrages. Dans le de Inventione, ils sont divisés en attributs des choses et attributs des personnes, partout ailleurs en arguments inhérents à la chose ou extrinsèques.
- Classement du de
Inventione
- Pour les attributs des personnes, voir Livre I, § 34 et suiv.
- Dans les attributs des choses,
on distingue trois grandes classes : ce qui
a trait à la chose même et ne
peut en être séparé
(continentia cum ipso negotio) les
circonstances ayant accompagné le
fait (gestio negotii), ce qui a de
l'affinité avec le fait
(adjunctum negotio), tout ce qui se
rattache au fait (consecutio). Pour
les subdivisions, nous renvoyons au livre
I, § 37 et suiv.
- Classement des autres
ouvrages
-
Lieux inhérents à la
chose
Alors que, dans les Partitiones, les lieux inhérents à la chose sont donnés sans ordre, le de Oratore et les Topiques y introduisent un classement, à peu près identique dans les deux ouvrages :
- lieux qui se rapportent à l'ensemble (res quae sit iota quaeritur) ; ils se ramènent à la définition. La définition peut, d'après les Topiques, porter sur des choses qui existent réellement (quae sunt) ou qui n'existent que dans la pensée (quae intelleguntur) ; dans les deux cas, elle peut être soit une analyse (divisio), soit une énumération (partitio).
- lieux qui se rapportent à une partie (rei pars quaeritur) ; leur recherche se fait par énumération des parties
- lieux qui se rattachent à l'étymologie (notatio)
-
lieux qui se rapportent aux choses
ayant quelque rapport à
l'objet en question, ce que le
de Oratore appelle id quod
rem attingit et les Topiques,
res quae quodammodo affectae sunt ad
id de quo quaeritur. C'est dans
ce groupe que rentrent les lieux
suivants, que nous présentons
dans l'ordre alphabétique :
- adjuncta, choses analogues
- antecedentia, ce qui précède, annonce un fait
- causae, causes
- comparatio ou rerum contentiones, comparaison
- conjugata, conjuncta ou conjuncta inter se, rapports nécessaires
- consentanea, choses compatibles
- consequentia ou consecutio, conséquences nécessaires
- contrarium, choses contraires
- differentia ou dissimilitudo, choses différentes
- distributiones, énumération des parties
- effecta ou effectae res, effets
- efficientes causae, causes efficientes
- eventus causarum, comme eventa
- forma generis, espèce d'un genre
- genera, genera partium, genus universum, genre
- orta ex causis (ea quae sunt), comme effecta
- partes generibus subjectae ou partes generum, comme forma generis
- praecurrentia ou primordia, comme antecedentia
- pugnantia inter se ou repugnantia, choses contradictoires
- species ou species certae, comme forma generis
- similitudo, choses
semblables.
-
Lieux extrinsèques
- Dans le de Oratore (II, 116), ils sont simplement énumérés : actes écrits, témoignages, contrats, conventions, aveux obtenus par la torture, lois, sénatus-consultes, jugements prononcés, décrets, décisions des jurisconsultes.
- Dans les Partitiones (§ 6), apparaît un classement. Les lieux extrinsèques, dit Cicéron, sont constitués par les témoignages. Ils peuvent être divins ou humains. Les premiers sont les oracles, les auspices, les prédictions et les réponses des prêtres, des aruspices, des devins. Les témoignages humains se tirent d'une intervention extérieure, de la volonté des parties, de paroles obtenues de gré ou de force. C'est dans cette catégorie que rentrent les textes, les conventions, les promesses, les serments, les aveux obtenus par la torture.
- Les Topiques (§ 72
sqq.), en un classement
différent, présentent
à peu près tous les lieux
que nous avons trouvés dans les
Partitiones, et, en outre,
quelques autres.
La valeur du témoignage repose sur l'autorité de celui-ci, laquelle résulte de la nature ou des circonstances.
L'autorité venant de la nature réside surtout dans la vertu (virtus) : vertu des dieux, avec ses différentes manifestations (oracles, prodiges, songes, etc.), vertu des hommes, qui consiste en leurs qualités intellectuelles et morales.
Les circonstances sont le talent, l'âge, la richesse, la beauté, l'art, la force inéluctable (qui comprend la torture) et même quelquefois le concours d'événements fortuits, par exemple le bruit public.
-
Lieux inhérents à la
chose
- Classement du de
Inventione
-
Façon de trouver les arguments pour
certaines causes
-
Cause délibérative
- Les arguments, d'après la
Rhétorique à
Hérennius (III, 2 et suiv.)
varient suivant que l'on hésite
entre deux solutions ou plus, et aussi
suivant que les délibérations
ont pour but l'objet même
proposé, un autre ou les deux.
La fin est l'utilité, où l'on distingue la sécurité et l'honneur. Dans la sécurité, distinguer la force et la ruse ; pour l'honneur, ce qui est bien (envisager prudence, justice, courage, modération) et ce qui est louable.
- Le classement du de Inventione
(II, 157 et suiv.) est le même, mais
en gros seulement. Trois parties
principales : honestum, utile,
junctum.
- L'honestum comprend quatre parties : prudentia, justitia, fortitudo, temperantia.
- L'utilité réside in corpore ou in extrariis rebus.
- A l'honestum et à
l'utile à la fois se
rattachent ce que l'auteur appelle
necessitudo et affectio
(considérations qui font
paraître l'acte sous un jour
différent).
- Les arguments, d'après la
Rhétorique à
Hérennius (III, 2 et suiv.)
varient suivant que l'on hésite
entre deux solutions ou plus, et aussi
suivant que les délibérations
ont pour but l'objet même
proposé, un autre ou les deux.
- Cause démonstrative
La Rhétorique est seule à en parler doctrinalement (III, 10 sqq.). Elle distingue res externae, res corporis, res animi.
-
Cause conjecturale
- Le plan proposé dans la
Rhétorique (II, 3 sqq.) est
le suivant :
- probabile, avec deux subdivisions : causa et vita
- collatio (sorte de comparaison par laquelle l'accusateur montre, par l'examen des circonstances, qu'elles ne s'appliquent à personne aussi bien qu'à l'accusé)
- signum (indices), avec six subdivisions : locus, tempus, spatium, occasio, spes per ficiendi, spes celandi
- argumentum (emploi d'arguments), avec considération successive du passé, du présent et du futur
- consecutio (recherche des signes ordinaires de la culpabilité et de l'innocence)
- approbatio (preuve
confirmative), avec des lieux propres
à chaque cause, et des lieux
communs, qui sont testes,
quaestiones (les tortures),
argumenta, rumores.
- Le plan du de Inventione (II, 17
et suiv.) est plus simple. Trois parties :
- ex causa, avec deux subdivisions : ratrocinatio (calcul, préméditation) et son contraire impulsio
- ex persona (ici interviennent les attributs des personnes ; v. plus haut)
- ex facto (attributs des
choses)
- Le plan proposé dans la
Rhétorique (II, 3 sqq.) est
le suivant :
-
Cause délibérative
-
Formes de raisonnement
-
DISPOSITION
Les parties d'un discours sont :
- Exorde, qui, d'après la
Rhétorique à Hérennius
et le de Inventione, se subdivise en exorde
direct (prohemium ou principium) et
exorde par insinuation (insinuatio).
-
Narration, où les deux ouvrages
sont d'accord pour distinguer trois genres :
- simple exposition
- récit pour donner confiance, pour accuser, pour grossir
- récit pour plaire, ce dernier avec
deux subdivisions : in personis et in
negotiis, la deuxième
catégorie comprenant la fable,
l'histoire et l'argument (sujet inventé,
mais vraisemblable).
- d'après la Rhétorique : brève, claire, vraisemblable
- d'après le de Inventione : brève, claire, convaincante
- d'après les Partitiones : claire, convaincante, agréable.
- Division (partitio). Elle
comprend, sous des noms différents, deux
parties : ce qui reste en discussion (quid in
controversia relictum sit) et le plan
proprement dit (distributio) ; celui-ci se
divise à son tour en
énumération des points à
traiter (enumeratio) et en division
(divisio). Il est à noter que les
Partitiones ne disent rien de cette
partie.
- Confirmation et réfutation
- Digression (dans le de Inventione
seulement). C'est là que se placeraient de
préférence les facetiae, soit
la raillerie (cavillatio), la verve mordante
(dicacitas) et les facetiae
proprement dites.
-
Péroraison, avec trois parties dans
la Rhétorique et le de
Inventione, à savoir
- enumeratio (H Inv.), récapitulation des points traités
- amplificatio (H) ou indignatio (Inv.)
- commiseratio (H) ou conquestio (Inv.), pathétique, avec deux parties dans les seules Partitiones : amplificatio et enumeratio.
- Exorde, qui, d'après la
Rhétorique à Hérennius
et le de Inventione, se subdivise en exorde
direct (prohemium ou principium) et
exorde par insinuation (insinuatio).
-
ELOCUTION
- Les genres de style
La Rhétorique et tous les autres ouvrages, sauf les Partitiones, en distinguent trois : gravis (sublime), mediocris (tempéré), attenuata ou tenuis (simple).
Dans les Partitiones on trouve la division suivante : genus eloquendi sua sponte fusum (naturel, c'est-à-dire simple), et genus eloquendi versum atque mutatum (travaillé).
-
Qualités de la forme
- Pour la Rhétorique, ce sont
elegantia (choix), qui se subdivise en
latinitas (pureté et correction)
et explanatio (clarté) ;
compositio (harmonie) ; dignitas,
qui résulte surtout de l'emploi des
figures, figures de mots ou de pensées,
dont il est question au Livre IV.
- Du de Oratore et de l'Orator
résulte le plan suivant, qui, dans les
grandes lignes, concorde avec celui de la
Rhétorique : parler correctement
et purement (latinitas de la
Rhétorique), clairement
(explanatio de la
Rhétorique), avec
élégance et convenance
(compositio et dignitas de la
Rhétorique).
L'élégance s'obtient par l'emploi, soit de mots isolés, qui peuvent être des mots pris dans leur sens propre, des mots pris métaphoriquement ou des mots créés, soit de mots joints dans la phrase. A ce deuxième point de vue, Cicéron distingue l'harmonie - la concinnitas (arrangement ingénieux des mots, en particulier arrangement agréable à l'oreille, disposition symétrique, balancement) -, le nombre - l'emploi des figures.
Le style le plus parfait est le style brillant (ornatus). «Ce terme, écrit M. Jules Martha, résume toutes les qualités du style oratoire ; c'est en particulier l'art de faire valoir les pensées et les mots par l'emploi des figures, ainsi que par l'ampleur, la cadence et le nombre de la phrase».
- Dans les Partitiones (§ 16 et suiv.), le plan est un peu différent. Cicéron distingue les mots isolés ou groupés dans la phrase. Mais dans les mots isolés, il distingue, d'abord, ceux qui sont primitifs (nativa) et ceux qui sont créés artificiellement (reperta), puis il envisage leur nature et leur emploi (figures). Aux mots groupés, il demande le nombre et la correction (consecutio). Dans les deux cas, on doit rechercher les qualités suivantes, qui exigent l'emploi des figures : clarté, brièveté, convenance, éclat, agrément.
- Pour la Rhétorique, ce sont
elegantia (choix), qui se subdivise en
latinitas (pureté et correction)
et explanatio (clarté) ;
compositio (harmonie) ; dignitas,
qui résulte surtout de l'emploi des
figures, figures de mots ou de pensées,
dont il est question au Livre IV.
- Les genres de style
- ACTION
La Rhétorique y distingue la voix et le geste, le de Oratore et l'Orator la voix, le geste et la physionomie. On ne trouve de division technique que pour la voix (Rhétorique, III, 19 et suiv.).
- MEMOIRE
La Rhétorique (III, 28 et suiv.) et le de Oratore (Livre II, fin), les seuls ouvrages qui traitent longuement de cette qualité, y distinguent la mémoire naturelle et la mémoire artificielle, celle-ci procédant par loci (cadres) et imagines (objets concrets rappelant les idées).
-
INVENTION
(1) Publiée avant 82.
(2) D'après leur date, ils peuvent se répartir
en trois groupes : de Inventione (81
vraisemblablement) ; - de Oratore (55) ; - Brutus,
Orator, de optimo genore oratorum, Partitiones oratoriae
(Divisions de l'art oratoire) et Topiques (de 46
à 44).