GYMNASIUM (γυμνάσιον)

Edifice public, dans lequel la jeunesse grecque était formée à une des principales branches de son éducation, celle qui avait pour but le développement des forces physiques par la pratique des exercices gymnastiques. Presque toutes les villes de la Grèce avaient un établissement de ce genre ; Athènes en possédait trois, ceux du Lycée, de Cynosarges et de l'Académie. Ces édifices étaient construits avec beaucoup de magnificence, et on y trouvait tout ce qui pouvait être utile ou commode : appartements couverts et exposés à l'air, colonnades, promenades ombragées, bain, et autres dispositions avantageuses pour la santé ou la commodité de ceux qui venaient en grand nombre dans ces édifices pour s'exercer aux jeux ou pour en être spectateurs ; on y avait aussi les agréments d'une conversation littéraire on scientifique. Vitruve a consacré un chapitre entier de son ouvrage (V, 11) à décrire la disposition des gymnases. On a trouvé des restes de gymnase à Ephèse, à Hiérapolis et à Alexandrie en Troade ; mais ils ont trop souffert des ravages du temps pour présenter un modèle incontestable, dont tous les détails correspondent exactement à la description de Vitruve, ou que l'on puisse citer comme une autorité suffisante pour éclaicir les nombreuses obscurités de cette question. Cependant il en reste assez pour montrer que ces trois édifices ont été construits d'après un principe général, et qu'ils ne diffèrent que par les détails ou par quelques dispositions locales qui tenaient, soit à la nature des lieux, soit au goût de l'architecte. Le principe général est tout à fait différent de celui qu'ont adopté les commentateurs de Vitruve dans le plan conjectural qu'ils ont inventé pour expliquer le texte de cet auteur. Ils ont tous commis l'insigne erreur de placer les différents appartements sur les côtés et aux extrémités de l'édifice avec des corridors entre eux, entourant une vaste area ouverte, qui formait la plus grande partie d'un terrain qui restait ainsi inoccupé. Au contraire, dans les trois specimens que nous avons mentionnés, le corps de l'édifice est au centre même du plan, dans l'emplacement que le plan conjectural laisse inoccupé. C'est une disposition précisément semblable à celle qui a été adoptée pour les Thermes de Rome, dont les restes sont plus complets, et qui avaient été construits incontestablement d'après le modèle des gymnases grecs, comme on pourra facilement le reconnaître en comparant le plan au mot thermae, avec celui que nous avons joint à cet article, et qui représente les ruines du gymnase d'Ephèse, les plus complètes des trois. Les teintes foncées indiquent les restes actuels ; celles qui sont plus claires, les restaurations qui, quoique en partie conjecturales, peuvent être reconnues, d'après un examen attentif, comme autorisées en grande partie par l'existence des bâtiments correspondants. Quant aux noms et aux usages que nous avons assignés à chaque partie de notre plan, nous avons cherché à nous conformer autant qu'il a été possible au texte de Vitruve, et nous y avons réussi pour les parties les plus importantes. Ce plan du moins suffira pour donner au lecteur une notion claire et complète des pièces nombreuses et diverses qui étaient essentielles dans un gymnase grec, et de la manière dont elles étaient habituellement distribuées.

AAA. Trois corridors simples (porticus simplices) disposés autour de trois côtés de la masse centrale des bâtiments ; il y avait des sièges, des chaises, des exedrae pour les philosophes et autres qui s'y retiraient et s'y livraient à la conversation. Les deux compartiments que l'on peut remarquer à chaque angle des corridors qui se terminent par une abside semicirculaire, paraissent, d'après leur forme et leur position, avoir été des exèdres construites dans les trois corridors (in tribus porticibus), comme Vitruve le recommande.
B. Corridor double tourné vers le sud (porticus duplex ad meridianas regiones conversa), disposé de telle sorte que la galerie intérieure offrait un abri contre la pluie, lorsque des vents impétueux la chassaient de ce côté. Ces quatre corridors formaient, par leur ensemble, ce que Vitruve appelle le péristyle (peristylium), lequel, bien que formant un portique périptéral autour des nombreuses pièces qui étaient comprises dans la partie centrale de l'édifice, était cependant un véritable peristylium par rapport aux parties extérieures de l'édifice, au dedans desquelles il était établi (comparez peripteros et peristylium).
C. Ephebeum, vaste salle garnie de sièges, désignée comme la salle d'exercices des ephebi, et ouvrant sur le centre du corridor double (in duplici porticu, in medio).
D. Coryceum, à main droite du dernier appartement (subdextro).
E. Conisterium, la pièce qui venait immédiatement après (deinde proxime).
F. Frigida lavatio, la salle du bain froid, plus loin que le conisterium et après le coude que formait le bâtiment. Vitruve la place exactement à l'angle (in versura), de telle sorte que son plan mettait trois pièces de chaque côté de l'ephebeum, au lieu de deux que présente notre specimen ; mais, du reste, la disposition des pièces est la même des deux côtés.
G. Elaeothesium, le premier appartement à main gauche de la salle d'exercice des jeunes gens (ad sinistram ephebei).
H. Frigidarium, salle dont la température était basse et qui touchait à la pièce où l'on se frottait d'huile, placée précisément comme Vitruve indique qu'elle doit être, et comme on le voit dans une peinture des Thermes de Titus reproduite au mot cella. Au delà de cet appartement il y avait, dans le plan de Vitruve, une troisième pièce faisant l'angle, qui correspondait avec la frigida lavatio, et située du côté opposé ; elle formait le passage qui conduisait à la bouche du fourneau (iter ad propnigeum), et est indiquée par la lettre N dans notre modèle.
I. La chambre contiguë est probablement un tepidarium ; Vitruve n'en fait pas mention, mais la place qu'occupe cette pièce est la même que celle de la chambre thermale dans les bains de Pompéi. K. Concamerata sudatio, étuve voûtée ; il y avait un bain d'eau chaude (calda lavatio, L) à une extrémité, et de l'autre le laconicum (M). L'appartement du côté opposé, qui touchait également au fourneau (O), et qui était construit sur le même plan et avec les mêmes dimensions, était probablement une autre étuve qui avait aussi un bain chaud (P) et un laconicum (Q), et qui communiquait par des entrées particulières avec l'ephebeum et les pièces adjacentes. La destination des trois pièces (RRR) dont on n'a pas encore indiqué l'usage est purement conjecturale ; celle qui est la plus vaste et qui occupe le centre paraît, d'après son étendue et le lieu où elle est située, avoir été destinée au jeu de paume pour lequel une pièce était réservée dans tous les gymnases ; ce devait être, par conséquent, le sphaeristerium. Les deux pièces aux angles servaient aux autres jeux en grand nombre auxquels les Grecs se livraient. La partie de l'édifice décrite jusqu'ici comprenait l'ensemble des appartements couverts que Vitruve paraît désigner d'une manière générale sous le nom de palaestra. A l'extérieur il y avait trois portiques (extra autem porticus tres) ; l'un (S) était double et regardait vers le nord : il recevait ceux qui sortaient du péristyle (una ex peristylio exeuntibus, quae spectaverit ad septentrionem, perficiatur duplex) ; les deux autres (TT), que les Grecs appelaient xisti (ξυστοί), avaient dans la partie antérieure, des terrains destinés aux exercices (stadiatae), et étaient entourés d'une enceinte assez élevée pour préserver les spectateurs de tout contact avec les corps huilés de ceux qui se livraient aux exercices. Entre ces portiques et le Corridor double tourné vers le sud (B), il y avait des promenades découvertes (hypaethrae ambulationes, paradromides VVV), plantées d'arbres, ayant, de distance en distance, des espaces découverts (stationes), et disposées pour la commodité des exercices. Au delà de ces promenades était le stadium (W), garni de sièges de manière à recevoir le nombreux concours de spectateurs qui se réunissaient pour voir les exercices des athlètes.