Une base à l'attribution controversée

Credits : Barbara Mc Manus



 

La forme actuelle du vase de Portland est manifestement incomplète : le haut du vase évoque une amphore, mais son actuelle base plate lui donne une allure écrasée qui surprend désagréablement. Il est donc probable qu'à l'origine le fond du vase était pointu, comme le vase bleu de Pompéi auquel il fait penser. Steve Bradley en a proposé la restitution ci-contre, qui semble parfaitement concevable et bien plus harmonieuse.

Pourtant, depuis la Renaissance (et probablement depuis l'antiquité), un disque de verre-camée de 12,2 cm de diamètre était traditionnellement présenté comme base, alors qu'il est évident qu'il n'est pas de la même origine :

  • le bleu du disque est plus pâle que celui du vase
  • la composition chimique du blanc est différente : le disque n'a pas d'oxyde de plomb, contrairement au vase
  • la gravure du visage et des feuillages n'est manifestement pas de la même main que celle du vase

Depuis 1845, le British Museum l'expose à part, et non pas dans la vitrine du vase de Portland.

Ce disque représente un jeune homme cadré à hauteur de poitrine sous un arbre. Il est vu de profil, tourné vers la droite, coiffé d'un bonnet phrygien, et il porte son index droit devant sa bouche, peut-être en signe d'hésitation, ou de consternation.

On s'accorde généralement à l'identifier comme le jeune berger Pâris, qui doit choisir la plus belle des trois déesses, Athéna, Héra et Aphrodite, venues lui demander de décerner la pomme d'or d'Eris à l'une d'entre elles. Les conséquences de ce choix seront funestes, puisque, Pâris ayant choisi Aphrodite, celle-ci lui donnera la belle Hélène en récompense : son enlèvement sera à l'origine de la guerre de Troie. Cette identification concorde évidemment avec l'hypothèse la plus généralement acceptée à propos de la scène de la face A : c'est en effet lors des noces de Thétis et Pélée que la déesse Eris, oubliée, aurait proposé le fameux concours de la pomme d'or.

Mais cette lecture est loin d'être la seule que proposent les érudits. Ainsi, en 1791, Erasmus Darwin a-t-il proposé d'y voir une prêtresse d'Eleusis, ou bien Atis, le prêtre phrygien de Cybèle, en tout cas une figure liée aux cultes à mystères. Dans ce cas, son geste de l'index devrait être interprété comme une invitation au silence et au secret.

Une fois encore, on en est donc réduit aux hypothèses.