[IV. Les membres de la conjuration]
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On conçoit facilement que le sénat
préoccupé par les attaques incessantes de
César et du parti démocratique, eût
oublié pour quelque temps Catilina et ses complots. On
pouvait croire que, découragé par ses revers,
en proie aux embarras d'une fortune dissipée dans ses
procès et ses candidatures malheureuses, il ne
cherchait plus qu'à se faire oublier. Mais les
derniers événements avaient au contraire
ranimé son audace. Si les progrès rapides de
César prouvaient la faiblesse du gouvernement, ils
démontraient aussi à Catilina la
nécessité de précipiter ses tentatives
contre une administration chancelante, sous peine de se voir
enlever le prix de la victoire par un homme qui avait
refusé de s'associer à ses projets. Tandis que
César, minant avec une patiente activité la
constitution cornélienne, avait tout à
espérer du temps qui augmentait le nombre et les
forces de ses partisans, Catilina craignait de perdre chaque
jour son influence sur des hommes turbulents et
téméraires, qu'il avait bien pu réunir
pour un coup de main, mais qui l'abandonneraient
bientôt s'il les laissait dans l'inaction. L'un
était à la tête d'une armée
immortelle, car les peuples ne périssent point, dont
l'ardeur ne devait cesser qu'avec les griefs qui l'avaient
soulevée ; l'autre ne voyait autour de lui qu'un petit
nombre d'aventuriers, sans drapeau depuis la mort du
dictateur, étrangers pour ainsi dire dans leur patrie,
car ils en avaient oublié les lois et les moeurs parmi
la licence des guerres civiles. C'était une colonie de
conquérants qui s'éteignait au milieu des
populations vaincues. Chaque jour affaiblissait le souvenir
de leurs exploits, tandis que la mémoire de leurs
crimes se perpétuait dans une génération
nouvelle, pleine de mépris pour leur petit nombre et
leur misère.
Lorsque Catilina pour la
seconde fois se préparait à briguer le
consulat, il s'était entouré de ses anciens
compagnons d'armes ; il avait réuni des
sénateurs, des chevaliers, des hommes de toute
profession, connus pour avoir une clientèle soit
à Rome, soit dans les villes de la Péninsule.
Dans les assemblées qui eurent lieu chez lui avant
l'ouverture des comices, il leur avait exposé ses
plans de gouvernement ; il leur avait fait les promesses
ordinaires aux candidats. Honneurs, richesses, on pouvait
tout espérer de lui. Pour encourager ses partisans il
éclatait en bravades contre ses adversaires. A mesure
que s'évanouissait pour lui l'espoir d'un triomphe
dans les comices, les déclamations devenaient plus
violentes, les menaces plus directes et plus furieuses.
Bientôt ces réunions prirent un autre
caractère ; déjà l'on ne parlait plus de
gagner ou d'acheter les suffrages, on disait tout haut que le
temps était venu d'obtenir le pouvoir par la force,
comme avaient fait Marius et Sylla, et qu'il fallait en user
comme eux. Proscrire les plus riches sénateurs,
confisquer leurs biens, se partager le trésor public
et les revenus des provinces, tels furent les projets dont on
s'entretint dans la maison de Catilina (1). Mais alors, sans
doute, avaient disparu les hommes timides et les
alliés politiques qui, à l'exemple de
César ou de Crassus, avaient pu favoriser en secret sa
brigue, sans se compromettre jusqu'à prendre des
engagements irrévocables. Il ne lui restait plus que
quelques sénateurs perdus de dettes et
désespérés comme leur chef, des
officiers de Sylla qui pouvaient craindre un sort pareil
à celui de Luscius et de Belliénus ; enfin,
cette foule de jeunes débauchés,
habitués à se laisser conduire par lui, qu'il
enflammait en leur peignant les émotions nouvelles
d'une guerre civile, et la licence plénière qui
allait commencer pour eux. Ou dit que dès avant le
résultat des comices où furent nommés
Cicéron et Antonius, une nouvelle conjuration
s'était déjà formée, et s'il en
faut croire quelques historiens, les hôtes de Catilina
se seraient engagés les uns aux autres par un serment
terrible, en buvant tous, dans la même coupe, du vin
mêlé avec le sang d'un esclave
égorgé (2). Ce fait, sur lequel un
auteur grave et contemporain élève des doutes
(3), paraîtra
peut-être répugner à la vraisemblance, si
l'on n'y voit de la part des conjurés qu'un moyen de
s'assurer les uns des autres par une horrible
communauté de crime. Mais d'un autre
côté, si l'on se reporte aux idées
superstitieuses des anciens, à leur
crédulité dans la magie, qui se lie si
intimement aux religions du paganisme, on peut voir dans cet
affreux mélange de sang et de vin un de ces rites
secrets dont le pouvoir n'était alors nié par
personne. Cette communion par le sang formait une
espèce de dévouement mystérieux qui
devait frapper avec force l'imagination des jeunes complices
de Catilina et les lier d'une manière indissoluble
à leur chef ; car, au moment de s'engager dans une
entreprise hasardeuse, le sacrifice d'une victime humaine
était, selon les croyances antiques, le moyen le plus
sûr de se rendre les dieux favorables, ou plutôt
de contraindre leurs volontés (4).
Quelles furent les
résolutions d'une assemblée tenue sous de
pareils auspices ? Quelles têtes furent proscrites,
quels forfaits ou quelles extravagances furent
médités, c'est ce qu'il est impossible de
savoir jamais. On devine que parmi les conjurés il y
eut, pour ainsi dire, plusieurs degrés d'initiation.
Il importait à Catilina de ne pas rompre ses relations
avec un grand nombre de personnages puissants qu'il eût
effrayés en leur dévoilant tous ses projets.
Aux uns il dut parler d'intrigues électorales, aux
autres d'une émeute à Rome, d'un
soulèvement en Italie ; à ses fidèles,
seulement, il put promettre des proscriptions ou des
massacres. Pendant longtemps son but ostensible fut la
poursuite d'un consulat. Après sa défaite, en
690, il annonça l'intention de se représenter
aux prochains comices, et de fait il continua de briguer les
suffrages l'année suivante (5). Mais en même
temps il rassemblait secrètement des armes,
enrôlait des soldats, envoyait des émissaires
dans des villes italiotes et même dans des provinces
éloignées. Le mauvais succès de sa
première conjuration lui avait sans doute
démontré la nécessité de
n'éclater à Rome que lorsqu'il aurait
réuni au dehors des forces considérables, et
l'on a lieu de croire que des insurrections combinées
à la fois sur plusieurs points de la Péninsule
devaient donner le signal d'un soulèvement dans la
ville.
Il semble que les
conjurés étaient divisés entre eux quant
aux moyens d'action. Quelques-uns, persuadés que dans
les circonstances où ils se trouvaient, nul secours
n'était à dédaigner, opinaient pour
armer les esclaves, faciles à séduire depuis la
guerre de Spartacus, par quiconque leur offrait l'espoir de
la liberté. Déjà régnait une
grande fermentation en Apulie (6), et dans toute la
Péninsule les esclaves étaient si nombreux en
comparaison de la population libre, que les amener sur le
champ de bataille c'était en quelque sorte s'assurer
la victoire. Mais d'autres chefs parmi les conjurés,
et surtout Catilina (7), s'opposaient fortement
à une alliance si dangereuse. Sans doute
préoccupé de retenir dans ses
intérêts quelques membres des classes opulentes,
il eût craint de se les aliéner en
menaçant pour ainsi dire tous les grands
propriétaires. En effet, l'affranchissement des
esclaves eût ruiné tous les riches de l'Italie.
La dernière révolte avait prouvé
d'ailleurs que les esclaves pouvaient trouver des chefs dans
leurs rangs, et il ne se souciait probablement pas d'avoir
à partager les fruits de sa victoire avec quelque
nouveau Spartacus.
Après Catilina, le personnage qui paraît avoir
tenu le rang le plus considérable parmi les
conjurés, était P. Cornélius Lentulus
Sura (8),
consulaire depuis l'année 683. Rayé de l'Album
des sénateurs pour le scandale de ses
désordres, il avait brigué la préture,
et l'avait obtenue en même temps que Cicéron
était nommé consul (9). S'il obéissait
comme ses complices à l'ascendant que Catilina
exerçait sur tous, au moment du danger, Lentulus se
flattait secrètement que sa haute naissance et
l'illustration de sa famille lui assureraient le premier rang
après la victoire. Il croyait de bonne foi que la
révolution qui se préparait ne se ferait que
pour lui. Une vaine superstition ajoutait encore à la
confiance du fier patricien toujours entouré des
images de douze consuls ses aïeux. Après
l'incendie du Capitole qui détruisit les livres
sibyllins (10), ce
fut à qui prétendrait en avoir recueilli des
fragments, et ces lambeaux de prophéties devinrent une
autorité irréfragable pour cette multitude
d'haruspices qui exploitaient dans la ville la
crédulité publique, tin de ces oracles
communiqué à Lentulus annonçait que
trois Cornélius seraient rois à Rome (11). Déjà
Cornélius Cinna et Cornélius Sylla avaient
commencé à justifier la prédiction. Il
est vrai que jamais nom ne fut plus commun, ni famille plus
nombreuse ; mais Lentulus ne pouvait soupçonner que
l'oracle regardât un autre que lui, et sur cette
assurance il se jeta les yeux fermés dans la
conjuration.
Les sénateurs et les chevaliers affiliés au
complot comme lui, avaient joué la plupart un
rôle subalterne dans les dernières guerres
civiles, presque tous dans le camp de Sylla, quelques-uns
dans celui de Marius. Mais déjà ils avaient
oublié leurs passions politiques. Aujourd'hui la
pauvreté, suite inévitable de leur vie
dissolue, les avait réunis par un sentiment commun
d'envie et de haine contre les riches. Arracher le pouvoir
aux hommes qui dominaient dans le sénat, pour se
partager les honneurs et les tributs des provinces, tel
était leur espoir, leur but avoué, prêts
d'ailleurs pour y parvenir à commettre tous les crimes
que leur commanderait celui qu'ils reconnaissaient pour
chef.
Le grand nombre
d'Italiotes enrôlés par Catilina paraît
indiquer l'étendue de ses plans. Ce n'était
plus une émeute comme la première fois, mais
une guerre civile qu'il voulait exciter. On peut remarquer
encore que la plupart de ses émissaires dans la
Péninsule travaillaient les provinces où la
guerre sociale avait laissé le plus de souvenirs. Dans
l'Ombrie c'était Septimius ; dans l'Etrurie, Mallius,
vieil officier du dictateur, Furius de Fesulae, et Flaminius
Flamma d'Arretium ; dans le Bruttium, T. Volturcius de
Crotone (12).
Là, en effet, les soldats colonisés par Sylla
se trouvaient en assez grand nombre, et pour la plupart
réduits à l'indigence par leur paresse et leur
inconduite. Pour eux une guerre et une guerre civile
était le seul moyen de vivre et de faire fortune, et
l'on espérait que le nom et la réputation de
Catilina suffiraient pour leur faire reprendre les armes. A
côté de ces vétérans usurpateurs,
beaucoup de paysans dépouillés par eux,
poussés au brigandage par le désespoir,
paraissaient disposés à offrir leurs services
à tout chef audacieux qui leur montrerait
l'appât d'un riche butin (13). Une misère
commune ralliait oppresseurs et opprimés dans le
Samnium et dans l'Etrurie, de même qu'à Rome les
sénateurs qui avaient dissipé leur patrimoine
oubliaient auprès de Catilina les anciens drapeaux
qu'ils avaient suivis dans les dernières guerres
civiles.
Dans la Gaule cisalpine et
même au delà des Alpes, les conjurés
avaient des agents actifs. P. Sittius, en Afrique,
correspondait avec eux, et son adresse merveilleuse, rare
chez un Romain, à capter l'affection des Barbares, son
audace, ses intelligences en Espagne, où il
exerçait une grande influence, le rendaient propre
à remplacer Pison, et à faire au besoin une
diversion puissante (14).
Parmi les associés
de Catilina il ne faut point oublier quelques femmes nobles,
auxiliaires sur lesquels il fondait de grandes
espérances. Les unes pouvaient entraîner leurs
maris, les autres surprendre leurs secrets, quelques-unes
servir ses vengeances. Jadis une conjuration de dames
romaines avait décimé le sénat par le
poison, et Catilina n'avait pas oublié qu'une femme de
sa famille, une Sergia, avait présidé cette
mystérieuse association (15). Il savait que chez
les femmes de son temps il pourrait trouver la même
dépravation et la même audace.
Vers la fin de
l'année 691, au moment de subir pour la
troisième fois l'épreuve des comices
consulaires, Catilina croyait toucher au but de ses
menées. Une vingtaine de sénateurs ou de
chevaliers, beaucoup de jeunes praticiens, des tribuns et des
centurions anciens serviteurs de Sylla, quantité de
citoyens notables dans les villes italiennes, étaient
affiliés à la conjuration et n'attendaient
qu'un signal de lui pour agir. Il avait réuni sur
plusieurs points de l'Italie des vétérans
colonisés, et des magasins d'armes avaient
été formés par ses soins, pour les
équiper lorsque leurs services deviendraient
nécessaires. A l'embouchure du Tibre, une division de
la flotte autrefois employée contre les pirates, avait
été depuis longtemps travaillée par ses
émissaires, et il se flattait de l'enlever facilement
(16). Dès
lors il était maître d'affamer Rome, qui tirait
ses subsistances de l'Egypte ou de la Sicile, ou bien, en cas
de revers, il eût trouvé un refuge assuré
à bord de ses vaisseaux. Dans la ville, ses
prétentions au consulat étaient appuyées
avec plus ou moins de franchise par les chefs des factions
hostiles au gouvernement, et même par Antonins, l'un
des consuls (17).
Soit par l'intrigue, soit par la violence, Catilina ne
doutait point de l'emporter dans les comices qui allaient
s'ouvrir. La constitution de la société
antique, et surtout la situation de l'Italie à cette
époque, avait permis à Catilina de pousser fort
loin des préparatifs, qu'aujourd'hui un gouvernement
régulier arrêterait au premier indice. Mais
alors pour disposer de masses puissantes, un chef de parti
n'avait pas besoin de confier ses projets à la
populace et de se mettre pour ainsi dire à sa merci.
Il lui suffisait de gagner un petit nombre de personnages
influents pour compter sur la foule obéissante
attachée à leurs maisons. A Rome et dans
l'Italie, tel chevalier avait une famille,
c'est-à-dire une troupe de clients, d'affranchis et
d'esclaves, qu'on aurait pu nommer ailleurs une petite
armée. Quelques-uns entretenaient des gladiateurs par
centaines, d'autres avaient sur leurs terres des bergers dont
en un jour on faisait des soldats. Il faut considérer
encore qu'il n'y avait presque point de troupes dans la
Péninsule, à peine quelques faibles garnisons
pour la police des villes ou la garde des arsenaux. Enfin,
l'administration municipale était pour ainsi dire sans
force. En effet, une conséquence inévitable de
l'émancipation des Italiotes avait été
d'attirer dans la capitale toutes les familles riches et
puissantes, empressées de jouer un rôle sur le
grand théâtre qui venait de leur être
ouvert. Dans les villes secondaires, les magistratures
étaient souvent conférées, il est vrai,
à des membres de ces familles, et les Romains les plus
illustres ne dédaignaient pas ces faciles honneurs
(18), parce qu'au
jour des comices ils leur donnaient le droit d'appeler, pour
voter dans la capitale, ceux qu'ils consentaient à
nommer leurs concitoyens. Mais les hommes qui
prétendaient à gouverner la république
ne daignaient pas administrer eux-mêmes des municipes.
Ils y présidaient des jeux, ou faisaient inscrire
leurs noms sur des monuments élevés à
leurs frais ; c'était encore une manière de
s'assurer des suffrages. L'administration véritable
des villes italiennes demeurait cependant à des hommes
obscurs qui conservaient un respect traditionnel pour les
citoyens de la capitale, et surtout pour quiconque tenait
à ces grandes maisons admises presque seules dans le
sénat de la république (19).
Cette dernière
considération peut expliquer, ce me semble, la
facilité que trouvait Catilina pour ourdir ses trames.
Cependant les indiscrétions de quelques-uns des
conjurés, et ces rumeurs confuses qui toujours
précèdent une grande catastrophe, enfin des
phénomènes naturels interprétés
par la superstition populaire comme des présages
funestes, jetaient dans les esprits une vague terreur,
augmentée encore par l'ignorance du danger
véritable qui menaçait la république. On
se rappelait que deux ans auparavant la foudre était
tombée plusieurs fois sur le Capitole, qu'elle avait
renversé des statues de dieux et de grands hommes. Des
tables de bronze sur lesquelles d'anciennes lois
étaient gravées avaient été
fondues enfin, la flamme céleste avait mutilé
la statue de Romulus enfant allaité par la louve, un
des plus anciens monuments de la ville (20). Les devins
rassemblés de toutes les parties de l'Etrurie
interprétaient ces phénomènes en
annonçant des massacres, des incendies, la destruction
des lois, la guerre civile (21). Pour conjurer tant
de malheurs, ils avaient, il est vrai, indiqué
plusieurs sacrifices, plusieurs cérémonies
extraordinaires ; mais la crédulité publique
s'alarmait plus des menaces divines qu'elle ne se fiait aux
préservatifs employés pour les
détourner.
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(1) Tum
Catilina polliceri tabulas novas, proscriptionem
locupletium, magistratus, sacerdotia, rapinas, alia omnia
quae bellum atque lubido victorum fert (Sall.,
Cat., 21).
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(2) Dio
Cass., XXXVII, 30. - Flor., IV, I, 4. - Sall.,
Cat., 22. Dion Cassius rapporte que
Catilina égorgea un jeune esclave, et
qu'après avoir prononcé une formule de
serment, il la confirma en prenant entre ses mains les
entrailles de l'esclave, ce que firent successivement
tous ses complices après lui. C'était le
rite ordinaire, sauf le choix de la victime. Stürtz,
dans sa traduction latine de Dion Cassius, fait manger
les entrailles aux conjurés : je ne sais où
il a pu prendre occasion de cet étrange
contre-sens.
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(3) Nonnulli
ficta haec et multa praeterea ab iis existumabant, qui
Ciceronis invidiam leniri credebant, atrocitate sceleris
eorum qui poenas dederant. Nobis ea res, pro magnitudine,
parum comperta est (Sall.,
Cat., 22). - Cicéron n'accuse pas
formellement Catilina de cet odieux sacrilège ;
cependant on pourrait y voir une allusion
mystérieuse dans le passage suivant de la
première Catilinaire : «Quae quidem
(sica) quibus abs te initiata sacris as devota sit,
nescio, quod eam necesse putas consulis in corpore
defigere». (Cat., I,
6.)
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(4) L'histoire
romaine fait mention de plusieurs sacrifices humains
célébrés solennellement par ordre
des magistrats de la république. - Interim ex
fatalibus libris sacrificia aliquot extraordinaria facta
: inter quo Gallus et Galla, Graecus et Graeca, in foro
boario sub terra vivi demissi sunt in locum saxo
consaeptum, jam ante hostiis humanis, minime Romano sacre
imbutum (Liv., XXII, 57, U.C. 538). - Plutarque
(Marcell., 3), rapporte presque dans les
mêmes termes un sacrifice semblable qui eut lieu,
onze ans auparavant, sous le consuls de M.
Valérius Messala et de L. Apustius Fullo. - Si
l'on en croit Porphyre et quelques apologistes
chrétiens, on aurait sacrifié annuellement
des victimes humaines à Jupiter Latiaris jusque
dans le troisième siècle de notre
ère (Porphyr., de Abst.). - Et Latio in
hodiernum Jovi media in urbe humanus sanguis ingustatur
(Tertull., Adv. Gnost., 7 ). - Hodieque ab ipsis
Latiaris Jupiter homicidio colitur (Min. Fel., 315). -
Latiaris Jupiter etiam nunc sanguine colitur humano
(Lactant., De fals. rel., I, 21). - N'en
déplaise à Plutarque, qui vante la douceur
des rites de ses compatriotes, des sacrifices semblables
et cette horrible communion par le sang se retrouvent
chez les Grecs (Hérodot., III, 11). On sacrifia
longtemps dans Athènes des hommes à Bacchus
Homadius, c'est-à-dire anthropophage
(Porphyr., de Abst., II, 55). - L'oracle de
Delphes ordonna aux Messéniens de sacrifier une
vierge dans leur guerre contre Lacédémone
(Paus., IV, 9.) On pourrait multiplier les citations
à l'infini. Je n'en ajouterai qu'une seule,
tirée de Xiphilin. Des bergers égyptiens
ayant attiré dans une embuscade un centurion
romain et son ordonnance, massacrèrent le premier,
et sacrifièrent le second, puis mangèrent
ses entrailles (Dio Cass., Excerpt. per Xiph..,
lib. LXXI, 4). - Tant d'exemples prouvent combien
était générale, chez les anciens, la
croyance dans le pouvoir mystérieux des sacrifices
humains, et l'usage de se lier les uns aux autres par des
serments et un festin d'anthrophages, au moment de se
lancer dans une entreprise
désespérée.
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(5) Sall.,
Cat., 26.
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(6) Sall.,
Cat., 27, 30.
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(7) Cfr.
Sall.,
Cat., 44. - Cic.,
Cat., III, 4. - On pourrait opposer le
passage suivant de Salluste : «Per eas (mulieres)
se Catilina, credebat posse servitia urbana sollicitare,
urbem incendere, vires earum vel adjungere sibi vel
interficere». (Cat.,
24.) Mais il ne s'agit ici, comme il semble, que
d'un coup de main dans Rome. La lettre de Lentulus (voy.
§ 7) prouve évidemment le dissentiment qui
régnait entre lui et Catilina au sujet de
l'émancipation des esclaves.
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(8) Le
sobriquet de Sura, gras de jambe, lui fut donné
à l'occasion d'une plaisanterie grossière
qui lui échappa dans un procès capital
où il se trouvait impliqué. Malgré
le danger de sa situation, il était trop
persuadé qu'un Lentulus ne pouvait être
condamné, pour quitter devant le tribunal le ton
de bouffonnerie qui lui était ordinaire. Faisant
allusion à une espèce de punition
usitée parmi les enfants dans leurs jeux, il dit
à ses juges en étendant la jambe :
«Me trouvez-vous coupable ? Frappez ! je suis
prêt». Ce mot peint et la
légèreté de l'homme et son aveugle
confiance (voy. Plut., Civ., 17).
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(9) Probablement
pour rentrer ainsi dans le sénat. Ce fait montre
comment, après avoir été
dépouillé du titre de sénateur par
les censeurs, on pouvait être
réintégré par les suffrages du
peuple en obtenant une magistrature inférieure
à la précédente.
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(10) En
671. Cic.,
Cat., III, 4. - App., Civ., I, 83.
- Jul.Obs., 118.
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(11) Plut.,
Cic., 11. - Cic.,
Cat., III, 4. (2)
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(12) Sall.,
Cat., 27. - Un mouvement en Campanie
était également projeté (Cic.,
Pro Sest. 4).
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(13) Sall.,
Cat., 28.
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(14) Sall.,
Cat, 21. - Sittius parait avoir
été un aventurier de la trempe de
Sertorius. Il rendit les plus grands services à
César, pendant la guerre d'Afrique, en dirigeant
contre le roi Juba une armée de Maures et de
Gétules (Caes., Bell. Afric., 25, 30, 95,
90.
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(15) Liv.,
VIII, 18. A. de R. 423.
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(16) Cic.,
Post. red. ad Quir., 7.
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(17) Cic.,
in Pis. - Pro Sext., 3. - Schol. Bob.,
pro. Set., 93, suiv.
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(18) Voir
la lettre de Cicéron à Brutus ad
Div., 13, 11. - Sigon., De antiq. jure
Italiae, 2, 7.
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(19) Une
anecdote que j'ai rapportée dans une note
précédente peut donner une idée de
la faiblesse des magistrats romains à
l'égard des hommes qui appartenaient à des
familles illustres. On a vu que César,
âgé de vingt-cinq ans, levait des soldats
pour prendre des pirates, sans demander l'autorisation du
préteur qui commandait dans la province.
Malgré les ordres positifs de ce magistrat, il
faisait mettre à mort un grand nombre de ces
pirates. Le préteur dévorait l'affront :
c'est qu'il sentait qu'il avait affaire à un
Julius, bien apparenté, riche, et destiné
à devenir un jour son supérieur.
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(20) On
montre à Rome, dans le musée du Capitole,
une louve en bronze de style étrusque, que l'on
prétend être celle dont il est ici question.
Le bronze détruit en quelques parties, et des
traces de fusion, semblent confirmer cette attribution,
que plusieurs savants ont admise.
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(21) Cic.,
Cat., III, 8. - Jul. Obs., 122.
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