[VI.Catilina et Mallius ennemis publics]

Chapitre 5 Sommaire Chapitre 7

Catilina était sorti de la curie la rage dans le coeur et hors d'état de réfléchir sainement sur le parti qu'il devait prendre. Sans voir Lentulus ou Céthégus, ce qui peut-être eût été trop imprudent, il se contenta de leur mander par un de ses affidés, qu'ils ne perdissent pas courage, qu'il comptait toujours sur eux, et que bientôt il reparaîtrait devant Rome à la tête d'une puissante armée. La nuit venue, il quitta la ville, accompagné seulement de quelques jeunes gens, compagnons ordinaires de ses débauches (1). La route qu'il suivait était celle d'Etrurie, mais c'était aussi celle de Marseille, lieu d'exil que choisissaient alors de préférence les riches bannis de Rome, car dans cette ville toute grecque encore, ils retrouvaient le climat, le luxe et les habitudes voluptueuses de leur patrie.

A peine hors de Rome il s'arrête incertain. Ira-t-il dans le camp de Mallius exciter l'ardeur de ses soldats ? Attendra-t-il pour lever le masque que les orateurs populaires aient exploité dans le Forum son brusque départ, et qu'ils aient soulevé la populace urbaine contre un consul qui bannit les citoyens sans jugement ? C'est ce dernier parti que Catilina crut d'abord préférable, persuadé peut-être que l'opinion publique allait se déclarer en sa faveur, s'il conservait encore pour quelques jours le rôle de victime résignée. De la sorte, il offrait à la faction démocratique l'occasion de s'élever contre l'arbitraire du sénat, et cependant ses complices demeurés à Rome ne seraient point l'objet d'une surveillance aussi active que s'il eût levé déjà l'étendard de la révolte. Dans ce dessein, il écrivit à presque tous les consulaires et aux plus considérables d'entre les sénateurs, pour leur annoncer qu'il cédait la place à ses etmemis. «Il n'essayerait plus, disait-il, de repousser la calomnie qui le poursuivait sans relâche, et renonçant à prolonger une lutte qui pourrait troubler la tranquillité de la république, il se rendait à Marseille pour y attendre patiemment la justice de ses concitoyens (2)». Ces lettres, lues et commentées par ses partisans à Rome, leur servaient de texte à des déclamations contre la tyrannie du consul ; mais, pourtant, comme il semble, elles furent loin de produire l'effet qu'il en avait attendu ; personne ne croyait à la résignation d'un homme qui toute sa vie ne s'était distingué que par sa violence. Bientôt parut une autre lettre annonçant des projets tout différents, car, dans la situation d'esprit où se trouvait Catilina, il adoptait et rejetait successivement les résolutions les plus contradictoires. Cette dernière lettre était adressée à Q. Lutatius Catulus, personnage consulaire, autrefois un des lieutenants les plus dévoués de Sylla, aujourd'hui un des chefs principaux du parti aristocratique. Sa haine contre la faction populaire, et surtout contre César, depuis que ce dernier avait obtenu la charge de grand pontife, le tenait éloigné des coalitions politiques, dans lesquelles Crassus ne faisait pas difficulté d'entrer. Des relations d'intimité avaient existé probablement entre Catulus et Catilina, lorsqu'ils combattaient tous les deux sous le même drapeau ; le temps les avait sans doute affaiblies, mais sans les rompre absolument, car c'était le grand art de Catilina de se maintenir dans des termes d'amitié avec des hommes d'un caractère fort différent du sien, et qui jouissaient à Rome et dans le sénat d'une considération méritée (3). La lettre qu'on va lire n'était pas destinée vraisemblablement à être rendue publique, mais Catulus, craignant peut-être de se compromettre, n'hésita pas à la communiquer à ses collègues. En voici la teneur :

«L. Catilina, à Q. Catulus, salut :

Ton amitié éprouvée, qui m'a toujours été précieuse, m'assure que dans mon malheur tu écouteras ma prière. Je ne veux point justifier le parti que je viens de prendre. Ma conscience ne me reproche rien, et je veux seulement t'exposer mes motifs, que, certes, tu trouveras légitimes. Poussé à bout par les injustices et les insultes de mes ennemis, privé de la récompense due à mes services, enfin désespérant d'obtenir jamais la dignité à laquelle j'avais droit, j'ai pris en main, selon ma coutume, la cause commune de tous les malheureux. On me représente comme entraîné par mes dettes à cette audacieuse résolution. C'est une calomnie. Mes biens personnels suffisent pour acquitter mes engagements, et l'on sait que, grâce à la générosité de ma femme et de sa fille, j'ai fait honneur à d'autres engagements qui m'étaient étrangers. Mais je ne puis voir de sang-froid des hommes indignes au faîte des honneurs, tandis qu'on m'en écarte par de vaines accusations. Dans l'extrémité où l'on m'a réduit, j'embrasse le seul parti qui reste à un homme de coeur pour défendre sa position politique (4). Je voudrais t'en écrire davantage, mais j'apprends qu'on prépare contre moi les dernières violences. Je te recommande Orestilla et la confie à ta foi. Protège-la, je t'en supplie par la tête de tes enfants. Adieu».

Cette lettre, écrite dans un moment où, dégoûté d'une hypocrisie soutenue pendant quelques jours, Catilina prenait une résolution désespérée, m'a paru devoir être reproduite ici, car elle peint à mon sentiment plusieurs traits de son caractère. On voit cet esprit altier et envieux s'indigner de la position subalterne où il est condamné. Il n'ose s'avouer que ses dettes l'ont poussé à la révolte. Il voudrait avoir, il cherche un motif plus noble pour s'armer contre la république, et pourtant le cri de sa conscience l'oblige d'aller au-devant d'une accusation dont il ne peut se défendre. Deux fois il parle de sa femme, et toujours avec tendresse et respect. On aime à retrouver dans une âme si farouche quelques sentiments humains.

Après cette déclaration de guerre, il n'y avait plus à reculer. Catilina passa quelques jours dans la maison d'un de ses amis, C. Flaminius Flamma, auprès d'Arretium en Etrurie. Là, il réunit les colons militaires et les paysans gagnés de longue main ; puis, s'entourant de licteurs, et prenant les insignes du commandement suprême, il se dirigea rapidement avec sa troupe vers le camp de Mallius (5).

Celui-ci, dès avant le départ de Catilina, instruit que Q. Marcius Rex s'avançait en Etrurie, et rassemblait des troupes, lui avait envoyé une députation chargée d'exposer les motifs qui avaient fait prendre les armes à la multitude dont il était jusqu'alors le seul chef. «Nous ne voulons point faire la guerre à la république, disait-il, nous voulons seulement défendre notre liberté contre la violence de nos créanciers et l'arbitraire du préteur. Tous, nous sommes réduits à la misère par l'avarice des usuriers et la protection odieuse que les magistrats leur accordent. Après avoir versé notre sang dans tant de guerres, nous n'avons plus de patrie, plus de patrimoine ; nous ne pouvons même plus vivre libres, comme les lois de nos pères le permettaient jadis aux débiteurs insolvables. De nos jours, le dictateur, avec l'assentiment de tous les gens de bien, a réduit les dettes au quart (6) ; qu'on nous accorde un soulagement semblable. Nous ne demandons que la liberté, à laquelle des gens de coeur ne renoncent qu'avec la vie. Nous conjurons le sénat de prendre en pitié tant de malheureux citoyens. Qu'on nous rende le bénéfice d'une loi que l'iniquité du préteur nous refuse, et qu'on ne nous mette pas dans la nécessité de vendre chèrement notre vie, comme des hommes accoutumés à ne pas craindre la mort (7)».

On le voit, ce manifeste, où Mallius mêle les supplications aux menaces, est entièrement conforme aux paroles de son chef dans le sénat. C'était une parodie de la retraite sur le mont Aventin, c'était l'insurrection des pauvres contre les riches, qui tant de fois avait troublé la république et l'avait mise à deux doigts de sa perte. Mais la levée de boucliers des colons militaires n'était point, comme celle des plébéiens sur le mont Sacré, la révolte triomphante d'une caste nombreuse, longtemps opprimée, contre une caste d'oppresseurs. Le rassemblement de Mallius ne se composait que de soldats indisciplinés et pillards, de paysans dont les brigandages avaient fait oublier la misère et les griefs trop légitimes. Quelle différence dans la situation ! les plébéiens, cent fois plus nombreux, aussi braves, aussi éclairés que les patriciens, ne demandaient sur le mont Sacré que des garanties contre les priviléges monstrueux de leurs tyrans. A Faesulae, au contraire, c'était un attroupement d'hommes perdus de crimes qui prétendaient se soustraire à la loi commune.

Marcius n'avait point encore d'armée, et n'osa traiter cette insolente requête avec l'indignation qu'il eût montrée en un autre moment. Il répondit avec prudence aux envoyés de Mallius, qu'ils devaient tout attendre de la justice du sénat et du peuple ; mais que d'abord n'allait mettre bas les armes et se rendre à Rome en suppliants. Là, leurs plaintes seraient examinées avec l'intérêt dû à des citoyens malheureux (8).

De part et d'autre on s'observait ; Mallius, attendant son chef, demeurait dans son camp, tandis que Marcius s'occupait avec activité de faire des levées et de mettre en état de défense les villes coutre lesquelles les révoltés pouvaient faire quelques tentatives.

Dans la Gaule Cisalpine, en deçà et au delà du Pô, les émissaires de Catilina furent moins heureux ou moins habiles que Mallius. Leurs réunions tumultueuses, les amas d'armes qu'ils formaient sans précaution, leurs efforts inconsidérés pour soulever la populace et même les esclaves, causèrent plus d'alarmes qu'elles n'offrirent de danger réel. L'arrivée du préteur Q. Metellus Celer, envoyé dans cette province avec des pouvoirs du sénat, empêcha toute prise d'armes, et pour maintenir la tranquillité il suffit de jeter en prison quelques-uns des agitateurs (9). En même temps, de semblables mouvements étaient réprimés avec non moins de facilité, dans le Picénum, l'Apulie, la Campanie et le Bruttium (10). Partout le gouvernement se trouvait sur ses gardes, partout les factieux, trahis par leurs complices, quelquefois par leur seule imprudence, se dispersaient sans oser entreprendre aucun effort sérieux. Si l'insurrection se concentra en Etrurie, ce fut grâce au grand nombre de vétérans colonisés par Sylla dans cette province, et à la facilité que Catilina trouvait à insurger les paysans, réduits au désespoir par l'épouvantable misère de leur pays.

De Rome, Catilina reçut quelques recrues, qui toutes ne lui furent pas envoyées par Lentulus. En apprenant qu'il avait une armée, plusieurs jeunes aventuriers partirent pour le joindre, la plupart étrangers jusqu'alors à la conjuration (11). Mais l'annonce d'une guerre civile réveillait dans maintes imaginations l'espoir de ces fortunes prodigieuses dont quelques lieutenants de Marius et de Sylla étaient encore les exemples. La renommée du chef, la grandeur du prix offert à la victoire, les charmes d'une vie aventureuse, devaient séduire une jeunesse turbulente, accoutumée aux armes, impatiente des lenteurs que les lois cornéliennes opposaient à son ambition. Un de ces insensés, nommé A. Fulvius, d'une famille illustre, fut poursuivi par son père, sénateur, qui l'atteignit sur la route de Faesulae. Ce père, Romain d'un autre âge, le fit tuer sur la place comme un ennemi de la république. «Je ne t'avais pas mis au monde, lui dit-il, pour servir Catilina contre la patrie, mais pour défendre la patrie contre ses pareils (12)». Alors, cette terrible justice ne trouva pas d'admirateurs, comme autrefois celle de Manlius, mais elle n'excita ni la pitié ni l'indignation.

Cependant le sénat déclarait Catilina et Mallius ennemis publics, offrait le pardon à ceux de leurs adhérents qui mettraient bas les armes dans un délai fixé, et nommait Antonius pour commander les troupes qu'on levait de tous côtés contre les rebelles (13). Cicéron se voyait avec joie délivré d'un collègue dont l'insouciance ou la partialité lui avait donné plus d'une fois de graves inquiétudes. Il 1e craignait moins à la tête d'une armée, dont tous les officiers seraient choisis parmi les militaires les plus dévoués au gouvernement, qu'à Rome, où sa neutralité seule était un encouragement pour les factieux. D'ailleurs Antonius était surveillé avec presque autant de vigilance que les conjurés eux-mêmes. Son questeur P. Sextius rendait compte à Cicéron jour par jour de toutes ses démarches, il pénétrait ses plus secrètes pensées. C'était un tuteur vigilant auquel le consul ne pouvait dérober une seule de ses actions. Que pouvait-on craindre d'un homme faible et paresseux, entouré d'officiers fidèles, aiguillonné (14) pour ainsi dire par un jeune surveillant, plein d'activité, de hardiesse et d'intelligence. Les ordres du sénat étaient positifs, il fallait combattre dès qu'on se trouverait en présence des rebelles.

D'un autre côté, l'envoi d'une armée consulaire en Etrurie ne parut pas produire d'abord sur les rebelles l'effet qu'on en avait attendu. Déjà les décrets menaçants d'un gouvernement aux abois avaient cessé d'inspirer la terreur. Le premier sénatus-consulte qui avait déclaré la patrie en danger avait vainement offert de grandes récompenses aux dénonciateurs. Le second n'amena pas la soumission d'un seul insurgé (15). On se riait hautement de l'amnistie proposée, et dans le camp de Mallius, le choix du général ennemi fut accueilli avec une vive joie. Les relations d'Antonius avec Catilina étaient bien connues, et sa présence à la tête de l'armée. du sénat en Etrurie inspirait aux chefs des révoltés autant d'espérances qu'ils en fondaient sur les complots de Lentulus dans Rome.

La police de la ville, l'espionnage des conjurés, tels étaient les soins que Cicéron s'était réservés, et qui depuis la fuite de Catilina étaient devenus encore plus faciles. Bien que les révélations du consul dans la séance du 6 des ides de décembre eussent excité les soupçons de Lentulus et des plus prudents parmi ses complices, le traître qui les observait leur était toujours demeuré inconnu. D'ailleurs Cicéron avait recommandé à Curius de s'abstenir désormais de toute visite, et de ne correspondre avec lui que par l'entremise de Fulvia (16). En même temps Curius avait à son insu trouvé des imitateurs, ou peut-être, pour mieux contrôler ses rapports, le consul avait augmenté le nombre de ses espions : Cn. Nerius, Ser. Pola, L. Vettius, chevalier romain (17), achetés par lui, s'étaient insinués dans tous les rangs des conjurés, et chefs ou subalternes ne pouvaient rien faire qui échappât à leur observation.

Le jour approchait où Licinius Murena allait paraître devant ses juges, mais déjà l'issue du procès n'inspirait plus d'inquiétudes. D'un côté, l'amour-propre de Cicéron était intéressé dans cette cause, car l'élection de Murena était son ouvrage ; et d'un autre côté il sentait que dans la situation de la république il fallait éviter de remettre les factions en présence par l'ouverture de nouveaux comices. Son plaidoyer est un chef-d'oeuvre d'adresse. Auteur d'une loi contre la corruption électorale, il avait à défendre un homme accusé et probablement coupable des crimes qu'il avait définis lui-même, et pour lesquels il avait demandé un châtiment sévère. La souplesse de son talent le tira fort bien de cette situation délicate. Les preuves de corruption sont toujours difficiles, souvent impossibles. Il somme ses adversaires de les produire, il exige des faits positifs, il attaque par des railleries les présomptions qu'ils allèguent contre son client (18). Mais il insiste fortement sur le danger qu'il y aurait à laisser la république avec un seul consul, dans un moment où la vigilance de tous ses magistrats lui est si nécessaire (19). «Catilina n'est plus dans Rome, il est vrai, dit-il mais il nous a laissé un cheval de Troie (20). En présence d'un complot redoutable, devant une révolte armée, il nous faut un consul actif, un général qui sache comme Murena gagner des batailles (21)». On a vu tout à l'heure que Cicéron ne ménageait pas la noblesse lorsqu'il s'agissait pour lui de se concilier la faveur de la multitude. Cette fois il n'hésite pas davantage à verser le ridicule à pleines mains sur les adversaires de son client, bien qu'ils fussent les plus honnêtes gens et les plus fermes soutiens du parti oligarchique. «Quels sont donc les titres de Sulpicius pour qu'on le préfère à Murena dans les comices ? Sulpicius est un grand jurisconsulte ; Murena n'est qu'un habile général. Qu'est-ce qu'un jurisconsulte ? - C'est une espèce de Chaldéen, un devin qui sait par coeur toutes ces mystérieuses formules avec lesquelles on embrouille l'affaire la plus simple. Belle science, en effet ! Mais, moi, qui suis surchargé de tant d'affaires, si l'on me met au défi, en trois jours je deviens un grand jurisconsulte (22)».

La vertu et l'austérité de Caton, accusateur de Murena comme Sulpicius, pouvaient former un fâcheux préjugé contre le client du consul. Eh bien, cette vertu même il la livre à la risée publique. «Cette probité, cette justice, cette grandeur d'âme que vous voyez dans Caton, dit-il, toutes ces nobles et divines qualités, il les tient de la nature. Mais c'est d'après un maître qu'il se conduit, et ce maître, c'est Zénon, l'oracle des stoïciens. Depuis que Caton fréquente le Portique, voici les principes qu'il s'est mis en tête : - Le sage, fût-il estropié, contrefait, est seul beau ; fût-il mendiant à la besace, il est riche ; fût-il esclave à la cbaîne, il est roi. Nous autres, qui ne sommes point des sages, nous sommes des serfs, des proscrits, des ennemis publics, des fous. Il n'y a point de degrés dans le mal, tout délit est crime abominable. Tordre le cou à un coq sans nécessité, par exemple, ou bien étrangler son père, c'est même chose. D'autres apprennent cette belle doctrine pour en disputer avec les doctes, mais Caton en fait sa règle de vivre (23)».

Toutes ces railleries étaient fort goûtées par les ennemis nombreux de Caton ; et dans cette société corrompue il n'y avait personne qui ne se réjouît de voir tourner en ridicule l'inflexible censeur des moeurs de son siècle. Cicéron triompha. Les juges acquittèrent Murena en riant des malices de l'orateur. Caton en rit lui-même, et pour toute vengeance : «N'est-ce pas que nous avons un plaisant consul ?» dit-il au tribunal (24). Mais l'avocat lui prouva bientôt qu'il pouvait redevenir le premier magistrat de la république.


Chapitre 5 Haut de la page Chapitre 7

(1)  Sall., Cat., 32. Cum paucis profectus est. - Cic., Cat., II, 2. Parum comitatus, Tongilium mihi eduxit, Munatium et Publicium. Plutarque lui donne une suite plus nombreuse et des faisceaux consulaires (Cic., 16). - C'est évidemment de la part de Plutarque une confusion de dates, comme le prouve la lettre de Catilina à Lépidus, qu'on verra plus loin.

(2)   Sall., Cat., 54.

(3)  Cic., Pro Cael., 5.

(4)  Spes reliquae dignitatis (Sall., Cat., 35). - Ce mot dignitas est un des plus difficiles à traduire en notre langue. Catilina, César, et tous les ambitieux de cette époque n'agissent que pour conserver leur dignitas. César, rentrant à Rome, après avoir chassé Pompée de Brindes et de toute l'Italie, dit qu'il avait fait preuve de patience : «Quum de exercitibus dimittendis ultro postulasset : in quo jacturam dignitatis et honoris ipse facturas esset». On voit qu'il ne faut pas prendre ici dignitas dans le sens de rang élevé, magistrature, car si les armées de Pompée et de César eussent été licenciées, comme César le demandait, ce dernier avait l'espoir, et la certitude même, d'obtenir le consulat. Il n'aurait pas perdu sa dignité, mais bien l'importance politique d'un général à la tête de dix légions. - Crastinus, officier de César, qui chargea le premier à Pharsale, dit aux volontaires qui le suivaient : «Vestro Imperatori, operam date. Unum proelium superest ; quo confecto, et ille suam dignitatem et nos nostram libertatem recuperabimus». Or, à Pharsale, César était consul. Dignitas me semble donc être, ce que mérite un homme, ce dont il est digne. Chacun parlant de soi, entendait ce mot à sa manière ; et c'est peut-être à son obscurité qu'il doit d'avoir été d'un si grand usage dans la langue politique des Romains.

(5)  Sall, Cat., 36.

(6)  Cette loi ne fut point rendue par le dictateur, mais bien par Valérius Flaccus, collègue de Cinna, en 668. Il est probable qu'elle fut confirmée par Sylla.

(7)  Sall., Cat., 33. - La loi Valeria n'était et ne pouvait être qu'une disposition transitoire, commandée par la détresse où l'Italie était réduite après la guerre sociale. Mallius feint ici de considérer cette loi comme fondamentale et applicable à la situation des colons insurgés.

(8)  Sall., Cat., 34.

(9)  Sall., Cat., 42.

(10)  Id., ibid. - Cic., Pro Sext., 4.

(11)  Fuere tamen extra conjurationem complures qui ad Catilinam initio profecti sunt (Sall., Cat., 39).

(12)  Sall., Cat., 39. - Val. Max., V, 8, 5. - Dio Cass., 36.

(13)   Sall., Cat., 36.

(14)  C. Antonium consecutus ei stimulos admovit (Id., ibid., 5).

(15)  Namque duobus senati decretis, ex tarda multitudine, neque praemio inductus conjurationem patefecerat, neque ex Catilina, castris quisquam omnium discesserat (Sall. Cat., 36).

(16)  Sall., Cat., 28.

(17)  Cic., Ad. Q. Fratrem., II, 3, 5. - Ad. Div., VIII, 12. - Dio Cass., XXXVII, 41. - Suet., Jul., 17.

(18)  Cic., Pro Mur., passim.

(19)  Magni interest, judices, esse kalendis januariis in republica duo consules (Cic., Pro Mur., 37).

(20)  Intus, intus inquam, est equus trojanus (Id., ibid.).

(21)  Murena s'était distingué en Asie, comme légat de L. Lucullus, son parent (Cic., Pro Mur., 9).

(22)  Itaque si mihi, homini vehementer occupato, stomachum noveritis, triduo me jureconsultum esse profitebor (Id., ibid., 13).

(23)  Nec minus delinquere eum qui gallum gallinaceum, quum opus non fuerit, quam eum qui patrem suffocaverit (Cic. Pro Mur. 29-30).

(24)  Plut. Cat. Min. 21.