[VI.Catilina et Mallius ennemis publics]
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Catilina était sorti de la curie la rage dans le
coeur et hors d'état de réfléchir
sainement sur le parti qu'il devait prendre. Sans voir
Lentulus ou Céthégus, ce qui peut-être
eût été trop imprudent, il se contenta de
leur mander par un de ses affidés, qu'ils ne
perdissent pas courage, qu'il comptait toujours sur eux, et
que bientôt il reparaîtrait devant Rome à
la tête d'une puissante armée. La nuit venue, il
quitta la ville, accompagné seulement de quelques
jeunes gens, compagnons ordinaires de ses débauches
(1). La route qu'il
suivait était celle d'Etrurie, mais c'était
aussi celle de Marseille, lieu d'exil que choisissaient alors
de préférence les riches bannis de Rome, car
dans cette ville toute grecque encore, ils retrouvaient le
climat, le luxe et les habitudes voluptueuses de leur
patrie.
A peine hors de Rome il
s'arrête incertain. Ira-t-il dans le camp de Mallius
exciter l'ardeur de ses soldats ? Attendra-t-il pour lever le
masque que les orateurs populaires aient exploité dans
le Forum son brusque départ, et qu'ils aient
soulevé la populace urbaine contre un consul qui
bannit les citoyens sans jugement ? C'est ce dernier parti
que Catilina crut d'abord préférable,
persuadé peut-être que l'opinion publique allait
se déclarer en sa faveur, s'il conservait encore pour
quelques jours le rôle de victime
résignée. De la sorte, il offrait à la
faction démocratique l'occasion de s'élever
contre l'arbitraire du sénat, et cependant ses
complices demeurés à Rome ne seraient point
l'objet d'une surveillance aussi active que s'il eût
levé déjà l'étendard de la
révolte. Dans ce dessein, il écrivit à
presque tous les consulaires et aux plus considérables
d'entre les sénateurs, pour leur annoncer qu'il
cédait la place à ses etmemis. «Il
n'essayerait plus, disait-il, de repousser la calomnie qui le
poursuivait sans relâche, et renonçant à
prolonger une lutte qui pourrait troubler la
tranquillité de la république, il se rendait
à Marseille pour y attendre patiemment la justice de
ses concitoyens (2)». Ces lettres,
lues et commentées par ses partisans à Rome,
leur servaient de texte à des déclamations
contre la tyrannie du consul ; mais, pourtant, comme il
semble, elles furent loin de produire l'effet qu'il en avait
attendu ; personne ne croyait à la résignation
d'un homme qui toute sa vie ne s'était
distingué que par sa violence. Bientôt parut une
autre lettre annonçant des projets tout
différents, car, dans la situation d'esprit où
se trouvait Catilina, il adoptait et rejetait successivement
les résolutions les plus contradictoires. Cette
dernière lettre était adressée à
Q. Lutatius Catulus, personnage consulaire, autrefois un des
lieutenants les plus dévoués de Sylla,
aujourd'hui un des chefs principaux du parti aristocratique.
Sa haine contre la faction populaire, et surtout contre
César, depuis que ce dernier avait obtenu la charge de
grand pontife, le tenait éloigné des coalitions
politiques, dans lesquelles Crassus ne faisait pas
difficulté d'entrer. Des relations d'intimité
avaient existé probablement entre Catulus et Catilina,
lorsqu'ils combattaient tous les deux sous le même
drapeau ; le temps les avait sans doute affaiblies, mais sans
les rompre absolument, car c'était le grand art de
Catilina de se maintenir dans des termes d'amitié avec
des hommes d'un caractère fort différent du
sien, et qui jouissaient à Rome et dans le
sénat d'une considération méritée
(3). La lettre
qu'on va lire n'était pas destinée
vraisemblablement à être rendue publique, mais
Catulus, craignant peut-être de se compromettre,
n'hésita pas à la communiquer à ses
collègues. En voici la teneur :
«L. Catilina, à Q. Catulus, salut :
Ton amitié
éprouvée, qui m'a toujours été
précieuse, m'assure que dans mon malheur tu
écouteras ma prière. Je ne veux point justifier
le parti que je viens de prendre. Ma conscience ne me
reproche rien, et je veux seulement t'exposer mes motifs,
que, certes, tu trouveras légitimes. Poussé
à bout par les injustices et les insultes de mes
ennemis, privé de la récompense due à
mes services, enfin désespérant d'obtenir
jamais la dignité à laquelle j'avais droit,
j'ai pris en main, selon ma coutume, la cause commune de tous
les malheureux. On me représente comme
entraîné par mes dettes à cette
audacieuse résolution. C'est une calomnie. Mes biens
personnels suffisent pour acquitter mes engagements, et l'on
sait que, grâce à la
générosité de ma femme et de sa fille,
j'ai fait honneur à d'autres engagements qui
m'étaient étrangers. Mais je ne puis voir de
sang-froid des hommes indignes au faîte des honneurs,
tandis qu'on m'en écarte par de vaines accusations.
Dans l'extrémité où l'on m'a
réduit, j'embrasse le seul parti qui reste à un
homme de coeur pour défendre sa position politique
(4). Je voudrais
t'en écrire davantage, mais j'apprends qu'on
prépare contre moi les dernières violences. Je
te recommande Orestilla et la confie à ta foi.
Protège-la, je t'en supplie par la tête de tes
enfants. Adieu».
Cette lettre, écrite dans un moment où,
dégoûté d'une hypocrisie soutenue pendant
quelques jours, Catilina prenait une résolution
désespérée, m'a paru devoir être
reproduite ici, car elle peint à mon sentiment
plusieurs traits de son caractère. On voit cet esprit
altier et envieux s'indigner de la position subalterne
où il est condamné. Il n'ose s'avouer que ses
dettes l'ont poussé à la révolte. Il
voudrait avoir, il cherche un motif plus noble pour s'armer
contre la république, et pourtant le cri de sa
conscience l'oblige d'aller au-devant d'une accusation dont
il ne peut se défendre. Deux fois il parle de sa
femme, et toujours avec tendresse et respect. On aime
à retrouver dans une âme si farouche quelques
sentiments humains.
Après cette
déclaration de guerre, il n'y avait plus à
reculer. Catilina passa quelques jours dans la maison d'un de
ses amis, C. Flaminius Flamma, auprès d'Arretium en
Etrurie. Là, il réunit les colons militaires et
les paysans gagnés de longue main ; puis, s'entourant
de licteurs, et prenant les insignes du commandement
suprême, il se dirigea rapidement avec sa troupe vers
le camp de Mallius (5).
Celui-ci, dès avant
le départ de Catilina, instruit que Q. Marcius Rex
s'avançait en Etrurie, et rassemblait des troupes, lui
avait envoyé une députation chargée
d'exposer les motifs qui avaient fait prendre les armes
à la multitude dont il était jusqu'alors le
seul chef. «Nous ne voulons point faire la guerre
à la république, disait-il, nous voulons
seulement défendre notre liberté contre la
violence de nos créanciers et l'arbitraire du
préteur. Tous, nous sommes réduits à la
misère par l'avarice des usuriers et la protection
odieuse que les magistrats leur accordent. Après avoir
versé notre sang dans tant de guerres, nous n'avons
plus de patrie, plus de patrimoine ; nous ne pouvons
même plus vivre libres, comme les lois de nos
pères le permettaient jadis aux débiteurs
insolvables. De nos jours, le dictateur, avec l'assentiment
de tous les gens de bien, a réduit les dettes au quart
(6) ; qu'on nous
accorde un soulagement semblable. Nous ne demandons que la
liberté, à laquelle des gens de coeur ne
renoncent qu'avec la vie. Nous conjurons le sénat de
prendre en pitié tant de malheureux citoyens. Qu'on
nous rende le bénéfice d'une loi que
l'iniquité du préteur nous refuse, et qu'on ne
nous mette pas dans la nécessité de vendre
chèrement notre vie, comme des hommes
accoutumés à ne pas craindre la mort (7)».
On le voit, ce manifeste, où Mallius mêle les
supplications aux menaces, est entièrement conforme
aux paroles de son chef dans le sénat. C'était
une parodie de la retraite sur le mont Aventin,
c'était l'insurrection des pauvres contre les riches,
qui tant de fois avait troublé la république et
l'avait mise à deux doigts de sa perte. Mais la
levée de boucliers des colons militaires
n'était point, comme celle des plébéiens
sur le mont Sacré, la révolte triomphante d'une
caste nombreuse, longtemps opprimée, contre une caste
d'oppresseurs. Le rassemblement de Mallius ne se composait
que de soldats indisciplinés et pillards, de paysans
dont les brigandages avaient fait oublier la misère et
les griefs trop légitimes. Quelle différence
dans la situation ! les plébéiens, cent fois
plus nombreux, aussi braves, aussi éclairés que
les patriciens, ne demandaient sur le mont Sacré que
des garanties contre les priviléges monstrueux de
leurs tyrans. A Faesulae, au contraire, c'était un
attroupement d'hommes perdus de crimes qui
prétendaient se soustraire à la loi
commune.
Marcius n'avait point encore
d'armée, et n'osa traiter cette insolente
requête avec l'indignation qu'il eût
montrée en un autre moment. Il répondit avec
prudence aux envoyés de Mallius, qu'ils devaient tout
attendre de la justice du sénat et du peuple ; mais
que d'abord n'allait mettre bas les armes et se rendre
à Rome en suppliants. Là, leurs plaintes
seraient examinées avec l'intérêt
dû à des citoyens malheureux (8).
De part et d'autre on s'observait ; Mallius, attendant son
chef, demeurait dans son camp, tandis que Marcius s'occupait
avec activité de faire des levées et de mettre
en état de défense les villes coutre lesquelles
les révoltés pouvaient faire quelques
tentatives.
Dans la Gaule Cisalpine, en
deçà et au delà du Pô, les
émissaires de Catilina furent moins heureux ou moins
habiles que Mallius. Leurs réunions tumultueuses, les
amas d'armes qu'ils formaient sans précaution, leurs
efforts inconsidérés pour soulever la populace
et même les esclaves, causèrent plus d'alarmes
qu'elles n'offrirent de danger réel. L'arrivée
du préteur Q. Metellus Celer, envoyé dans cette
province avec des pouvoirs du sénat, empêcha
toute prise d'armes, et pour maintenir la tranquillité
il suffit de jeter en prison quelques-uns des agitateurs
(9). En même
temps, de semblables mouvements étaient
réprimés avec non moins de facilité,
dans le Picénum, l'Apulie, la Campanie et le Bruttium
(10). Partout le
gouvernement se trouvait sur ses gardes, partout les
factieux, trahis par leurs complices, quelquefois par leur
seule imprudence, se dispersaient sans oser entreprendre
aucun effort sérieux. Si l'insurrection se concentra
en Etrurie, ce fut grâce au grand nombre de
vétérans colonisés par Sylla dans cette
province, et à la facilité que Catilina
trouvait à insurger les paysans, réduits au
désespoir par l'épouvantable misère de
leur pays.
De Rome, Catilina reçut quelques recrues, qui toutes
ne lui furent pas envoyées par Lentulus. En apprenant
qu'il avait une armée, plusieurs jeunes aventuriers
partirent pour le joindre, la plupart étrangers
jusqu'alors à la conjuration (11). Mais l'annonce d'une
guerre civile réveillait dans maintes imaginations
l'espoir de ces fortunes prodigieuses dont quelques
lieutenants de Marius et de Sylla étaient encore les
exemples. La renommée du chef, la grandeur du prix
offert à la victoire, les charmes d'une vie
aventureuse, devaient séduire une jeunesse turbulente,
accoutumée aux armes, impatiente des lenteurs que les
lois cornéliennes opposaient à son ambition. Un
de ces insensés, nommé A. Fulvius, d'une
famille illustre, fut poursuivi par son père,
sénateur, qui l'atteignit sur la route de Faesulae. Ce
père, Romain d'un autre âge, le fit tuer sur la
place comme un ennemi de la république. «Je ne
t'avais pas mis au monde, lui dit-il, pour servir Catilina
contre la patrie, mais pour défendre la patrie contre
ses pareils (12)». Alors, cette
terrible justice ne trouva pas d'admirateurs, comme autrefois
celle de Manlius, mais elle n'excita ni la pitié ni
l'indignation.
Cependant le sénat
déclarait Catilina et Mallius ennemis publics, offrait
le pardon à ceux de leurs adhérents qui
mettraient bas les armes dans un délai fixé, et
nommait Antonius pour commander les troupes qu'on levait de
tous côtés contre les rebelles (13). Cicéron se
voyait avec joie délivré d'un collègue
dont l'insouciance ou la partialité lui avait
donné plus d'une fois de graves inquiétudes. Il
1e craignait moins à la tête d'une armée,
dont tous les officiers seraient choisis parmi les militaires
les plus dévoués au gouvernement, qu'à
Rome, où sa neutralité seule était un
encouragement pour les factieux. D'ailleurs Antonius
était surveillé avec presque autant de
vigilance que les conjurés eux-mêmes. Son
questeur P. Sextius rendait compte à Cicéron
jour par jour de toutes ses démarches, il
pénétrait ses plus secrètes
pensées. C'était un tuteur vigilant auquel le
consul ne pouvait dérober une seule de ses actions.
Que pouvait-on craindre d'un homme faible et paresseux,
entouré d'officiers fidèles, aiguillonné
(14) pour ainsi
dire par un jeune surveillant, plein d'activité, de
hardiesse et d'intelligence. Les ordres du sénat
étaient positifs, il fallait combattre dès
qu'on se trouverait en présence des rebelles.
D'un autre
côté, l'envoi d'une armée consulaire en
Etrurie ne parut pas produire d'abord sur les rebelles
l'effet qu'on en avait attendu. Déjà les
décrets menaçants d'un gouvernement aux abois
avaient cessé d'inspirer la terreur. Le premier
sénatus-consulte qui avait déclaré la
patrie en danger avait vainement offert de grandes
récompenses aux dénonciateurs. Le second
n'amena pas la soumission d'un seul insurgé (15). On se riait
hautement de l'amnistie proposée, et dans le camp de
Mallius, le choix du général ennemi fut
accueilli avec une vive joie. Les relations d'Antonius avec
Catilina étaient bien connues, et sa présence
à la tête de l'armée. du sénat en
Etrurie inspirait aux chefs des révoltés autant
d'espérances qu'ils en fondaient sur les complots de
Lentulus dans Rome.
La police de la ville, l'espionnage des conjurés, tels
étaient les soins que Cicéron s'était
réservés, et qui depuis la fuite de Catilina
étaient devenus encore plus faciles. Bien que les
révélations du consul dans la séance du
6 des ides de décembre eussent excité les
soupçons de Lentulus et des plus prudents parmi ses
complices, le traître qui les observait leur
était toujours demeuré inconnu. D'ailleurs
Cicéron avait recommandé à Curius de
s'abstenir désormais de toute visite, et de ne
correspondre avec lui que par l'entremise de Fulvia (16). En même temps
Curius avait à son insu trouvé des imitateurs,
ou peut-être, pour mieux contrôler ses rapports,
le consul avait augmenté le nombre de ses espions :
Cn. Nerius, Ser. Pola, L. Vettius, chevalier romain (17), achetés par
lui, s'étaient insinués dans tous les rangs des
conjurés, et chefs ou subalternes ne pouvaient rien
faire qui échappât à leur
observation.
Le jour approchait où Licinius Murena allait
paraître devant ses juges, mais déjà
l'issue du procès n'inspirait plus
d'inquiétudes. D'un côté, l'amour-propre
de Cicéron était intéressé dans
cette cause, car l'élection de Murena était son
ouvrage ; et d'un autre côté il sentait que dans
la situation de la république il fallait éviter
de remettre les factions en présence par l'ouverture
de nouveaux comices. Son plaidoyer est un chef-d'oeuvre
d'adresse. Auteur d'une loi contre la corruption
électorale, il avait à défendre un homme
accusé et probablement coupable des crimes qu'il avait
définis lui-même, et pour lesquels il avait
demandé un châtiment sévère. La
souplesse de son talent le tira fort bien de cette situation
délicate. Les preuves de corruption sont toujours
difficiles, souvent impossibles. Il somme ses adversaires de
les produire, il exige des faits positifs, il attaque par des
railleries les présomptions qu'ils allèguent
contre son client (18). Mais il insiste
fortement sur le danger qu'il y aurait à laisser la
république avec un seul consul, dans un moment
où la vigilance de tous ses magistrats lui est si
nécessaire (19). «Catilina
n'est plus dans Rome, il est vrai, dit-il mais il nous a
laissé un cheval de Troie (20). En présence
d'un complot redoutable, devant une révolte
armée, il nous faut un consul actif, un
général qui sache comme Murena gagner des
batailles (21)». On a vu tout
à l'heure que Cicéron ne ménageait pas
la noblesse lorsqu'il s'agissait pour lui de se concilier la
faveur de la multitude. Cette fois il n'hésite pas
davantage à verser le ridicule à pleines mains
sur les adversaires de son client, bien qu'ils fussent les
plus honnêtes gens et les plus fermes soutiens du parti
oligarchique. «Quels sont donc les titres de Sulpicius
pour qu'on le préfère à Murena dans les
comices ? Sulpicius est un grand jurisconsulte ; Murena n'est
qu'un habile général. Qu'est-ce qu'un
jurisconsulte ? - C'est une espèce de Chaldéen,
un devin qui sait par coeur toutes ces mystérieuses
formules avec lesquelles on embrouille l'affaire la plus
simple. Belle science, en effet ! Mais, moi, qui suis
surchargé de tant d'affaires, si l'on me met au
défi, en trois jours je deviens un grand jurisconsulte
(22)».
La vertu et
l'austérité de Caton, accusateur de Murena
comme Sulpicius, pouvaient former un fâcheux
préjugé contre le client du consul. Eh bien,
cette vertu même il la livre à la risée
publique. «Cette probité, cette justice, cette
grandeur d'âme que vous voyez dans Caton, dit-il,
toutes ces nobles et divines qualités, il les tient de
la nature. Mais c'est d'après un maître qu'il se
conduit, et ce maître, c'est Zénon, l'oracle des
stoïciens. Depuis que Caton fréquente le
Portique, voici les principes qu'il s'est mis en tête :
- Le sage, fût-il estropié, contrefait, est seul
beau ; fût-il mendiant à la besace, il est riche
; fût-il esclave à la cbaîne, il est roi.
Nous autres, qui ne sommes point des sages, nous sommes des
serfs, des proscrits, des ennemis publics, des fous. Il n'y a
point de degrés dans le mal, tout délit est
crime abominable. Tordre le cou à un coq sans
nécessité, par exemple, ou bien
étrangler son père, c'est même chose.
D'autres apprennent cette belle doctrine pour en disputer
avec les doctes, mais Caton en fait sa règle de vivre
(23)».
Toutes ces railleries
étaient fort goûtées par les ennemis
nombreux de Caton ; et dans cette société
corrompue il n'y avait personne qui ne se
réjouît de voir tourner en ridicule l'inflexible
censeur des moeurs de son siècle. Cicéron
triompha. Les juges acquittèrent Murena en riant des
malices de l'orateur. Caton en rit lui-même, et pour
toute vengeance : «N'est-ce pas que nous avons un
plaisant consul ?» dit-il au tribunal (24). Mais l'avocat lui
prouva bientôt qu'il pouvait redevenir le premier
magistrat de la république.
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(1) Sall.,
Cat., 32. Cum paucis profectus est. -
Cic.,
Cat., II, 2. Parum comitatus, Tongilium
mihi eduxit, Munatium et Publicium. Plutarque lui donne
une suite plus nombreuse et des faisceaux consulaires
(Cic.,
16). - C'est évidemment de la part de
Plutarque une confusion de dates, comme le prouve la
lettre de Catilina à Lépidus, qu'on verra
plus loin.
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(2)
Sall.,
Cat., 54.
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(3) Cic.,
Pro Cael., 5.
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(4) Spes
reliquae dignitatis (Sall.,
Cat., 35). - Ce mot dignitas est un
des plus difficiles à traduire en notre langue.
Catilina, César, et tous les ambitieux de cette
époque n'agissent que pour conserver leur
dignitas. César, rentrant à Rome,
après avoir chassé Pompée de Brindes
et de toute l'Italie, dit qu'il avait fait preuve de
patience : «Quum de exercitibus dimittendis ultro
postulasset : in quo jacturam dignitatis et honoris ipse
facturas esset». On voit qu'il ne faut pas prendre
ici dignitas dans le sens de rang
élevé, magistrature, car si les
armées de Pompée et de César eussent
été licenciées, comme César
le demandait, ce dernier avait l'espoir, et la certitude
même, d'obtenir le consulat. Il n'aurait pas perdu
sa dignité, mais bien l'importance politique d'un
général à la tête de dix
légions. - Crastinus, officier de César,
qui chargea le premier à Pharsale, dit aux
volontaires qui le suivaient : «Vestro Imperatori,
operam date. Unum proelium superest ; quo confecto, et
ille suam dignitatem et nos nostram libertatem
recuperabimus». Or, à Pharsale, César
était consul. Dignitas me semble donc
être, ce que mérite un homme, ce dont il est
digne. Chacun parlant de soi, entendait ce mot à
sa manière ; et c'est peut-être à son
obscurité qu'il doit d'avoir été
d'un si grand usage dans la langue politique des
Romains.
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(5) Sall, Cat.,
36.
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(6) Cette
loi ne fut point rendue par le dictateur, mais bien par
Valérius Flaccus, collègue de Cinna, en
668. Il est probable qu'elle fut confirmée par
Sylla.
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(7) Sall.,
Cat., 33. - La loi Valeria n'était
et ne pouvait être qu'une disposition transitoire,
commandée par la détresse où
l'Italie était réduite après la
guerre sociale. Mallius feint ici de considérer
cette loi comme fondamentale et applicable à la
situation des colons insurgés.
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(8) Sall.,
Cat., 34.
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(9) Sall.,
Cat., 42.
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(10) Id.,
ibid. - Cic., Pro Sext., 4.
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(11) Fuere
tamen extra conjurationem complures qui ad Catilinam
initio profecti sunt (Sall.,
Cat., 39).
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(12) Sall.,
Cat., 39. - Val. Max., V, 8, 5. - Dio
Cass., 36.
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(13)
Sall.,
Cat., 36.
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(14) C.
Antonium consecutus ei stimulos admovit (Id., ibid.,
5).
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(15) Namque
duobus senati decretis, ex tarda multitudine, neque
praemio inductus conjurationem patefecerat, neque ex
Catilina, castris quisquam omnium discesserat (Sall. Cat.,
36).
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(16) Sall.,
Cat., 28.
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(17) Cic.,
Ad. Q. Fratrem., II, 3, 5. - Ad. Div.,
VIII, 12. - Dio Cass., XXXVII, 41. - Suet., Jul.,
17.
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(18) Cic.,
Pro Mur., passim.
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(19) Magni
interest, judices, esse kalendis januariis in republica
duo consules (Cic., Pro Mur., 37).
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(20) Intus,
intus inquam, est equus trojanus (Id.,
ibid.).
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(21) Murena
s'était distingué en Asie, comme
légat de L. Lucullus, son parent (Cic., Pro
Mur., 9).
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(22) Itaque
si mihi, homini vehementer occupato, stomachum noveritis,
triduo me jureconsultum esse profitebor (Id.,
ibid., 13).
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(23) Nec
minus delinquere eum qui gallum gallinaceum, quum opus
non fuerit, quam eum qui patrem suffocaverit (Cic. Pro
Mur. 29-30).
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(24) Plut.
Cat. Min. 21.
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