Naples - Vieille ville, à l'est de la rue de Tolède

Naples possède environ 300 églises, dont la plupart sont d'un intérêt secondaire. L'ornementation des plus anciennes a été défigurée au XVIIe et au XVIIIe s. dans le style baroque de cette époque, qui paraît avoir dominé ici plus que partout ailleurs. Mais elles renferment, par contre, un grand nombre de monuments funèbres importants et intéressants au point de vue historique. On n'oubliera pas qu'elles sont fermées depuis midi jusque vers le soir.

Nous commençons notre promenade dans la STRADA MEDINA. Là se trouve, à g., à côté du n° 49, un escalier qui descend à l'église de

L'Incoronata, construite en 1352 par Jeanne Ire, en mémoire de son couronnement et de son mariage avec son cousin, Louis de Tarente. La vieille chapelle royale du palais de justice, où eut lieu ce mariage, fut incorporée dans la nouvelle construction.
Elle n'est ouverte que le matin. L'anc. chapelle royale renferme d'excellentes *fresques d'un élève de Giotto. Il faut, pour les voir, monter à la tribune à g. de l'entrée de l'église (clef à la sacristie ; 25 ou 30 c.). Elles sont fort mal éclairées et endommagées. Elles représentent les sept sacrements et l'Eglise.

Dans l'arcade au-dessus de la fenêtre à dr., le Triomphe de l'église, avec les portraits du roi Robert et de son fils Charles, en habits de pourpre ; à g., l'Extrême-Onction. Dans l'arcade suivante, à g., le Baptême ; à dr., la Pénitence ; puis à g. l'Eucharistie, à dr. la Confirmation ; du côté de l'église, à g., l'Ordre ; à dr., le Mariage, avec allusion au mariage de la reine Jeanne, qui eut lieu en 1347, onze ans après la mort de Giotto. Deux figures, dont l'une est couronnée de lauriers, dans le tableau du Baptême, passent pour celles de Laure et de Pétrarque. Dans le tableau du Mariage, on prétend reconnaître le portrait du Dante. - La chapelle du Crucifix, au bout du bas côté de g., renferme d'autres fresques dans le style de Giotto. On les attribue à Gennaro di Cola, élève de Maestro Simone : à g., le Couronnement de la reine Jeanne, son Mariage et d'autres événements de sa vie ; à dr., St Martin et St Georges, des Batailles, etc., le tout très détérioré. - Belles sculptures en bois à la tribune de l'orgue.

En face de l'Incoronata s'élève le palais Fondi, construit sur les plans de L. Vanvitelli. - Plus haut, dans la rue, une statue du compositeur Mercadante (m. 1870).
A l'extrémité de la strada Medina, nous prenons à g. la strada S. Giuseppe, qui est très animée. Quelques minutes plus loin, à dr., une large rue conduit à l'église S. Maria la Nuova, sur la place du même nom, construite en 1268 par Giovanni da Pisa et restaurée en 1599 par Agnolo Franco. La façade est précédée d'un perron.
Intérieur. - Il y a un beau pavé en marbre, qui est fort dégradé. Les plafonds ont été peints par Santafede et Simone Papa le Jeune et la coupole par Corenzio : les quatre Docteurs franciscains St Bonaventure, Duns Scot, Nicolas de Lira et Alexander ab Alexandro. - 1re chapelle à dr. : l'Archange St Michel, autrefois attribué à Michel-Ange. 3e chap. : le Crucifîment, par Marco da Siena. Chap. du Crucifix : fresques de Corenzio. - Bras dr. du transept : monument de Galéas Sanseverino (m. 1467), orné de sculptures. La chapelle d'en face renferme un beau crucifix de bois, par Giov. da Nola. - Au maître autel, une Vierge en bois par Tom. de' Stefarei, et des saints par Ag. Borghetti. - La grande chapelle S. Giacomo della Marca, à g. de l'entrée, a été fondée en 1504 par Gonsalve de Cordoue, «il gran capitano». Son neveu Ferdinand y a fait ériger, des deux côtés de l'autel, les monuments de ses deux ennemis les plus acharnés : Pietro Navarre, qui se pendit dans la prison du Castel Nuovo, et Lautrec, général de François Ier de France, qui mourut de la peste au siège de Naples, en 1528. Ces monuments sont attribués à Giov. da Nola ou à ses élèves. Les inscriptions, rédigées par Paul Jove, font preuve de l'esprit chevaleresque de cette époque.
Le couvent voisin a deux cloîtres, avec des tombeaux, et un réfectoire orné de fresques d'artistes inconnus. On y remarque surtout un Portement de croix.

Nous revenons à la strada S. Giuseppe, que nous continuons de suivre. Son prolongement est la STRADA MONTOLIVETO. A l'endroit où elle s'élargit et forme une place, on remarque à dr. le palais Gravina, aujourd'hui occupé par la poste centrale et le télégraphe. Il a été construit vers 1500 par Ferdinand Orsini, duc de Gravina, sur les plans de Gabriel d'Agnolo, mais complètement modifié de nos jours.

De cet endroit, nous montons à g. par la PLACE MONTOLIVETO, où débouche à dr. une rue venant de celle de Tolède. Cette place est décorée d'une fontaine avec la statue en bronze de Charles II, érigée en 1663.

L'église de *Monte Oliveto, nommée d'ordinaire S. Anna dei Lombardi, a été commencée en 1411, par Guerello Origlia, favori du roi Ladislas, et continuée par André Ciccione, dans le style de la renaissance. C'est une basilique à une seule nef et à plafond. Elle renferme des sculptures remarquables. Les chapelles sont fermées (50 c. au sacristain).
INTERIEUR. Dans la chap. Piccolomini, la 1re à g., un bel *autel par le Florentin Ant. Rossellino (vers 1475) : au milieu, la Nativité du Christ ; dans les niches sur les côtés et dans des médaillons, les Evangelistes ; en haut, des Anges dansants et quatre enfants. Même chap., le *tombeau de Marie d'Aragon (m. 1470), fille naturelle de Ferdinand Ier et femme d'Ant. Piccolomini, duc d'Amalfi, par Rossellino, d'après le modèle du monument du cardinal de Portugal, à S. Miniato de Florence ; un Crucifîment par Giulio Mazzoni, de Plaisance, et une Ascension peinte par Silvestre de' Suomi ou de l'école du Pinturicchio. - 5e chap. à g., St Jean-Baptiste, par Giov. da Nola. - Dans le choeur, des fresques de Simone Papa le Jeune. Les tombeaux d'Alphonse II et de Guerello Origlia sont de Giovanni da Nola. - En face de la sacristie, le choeur des Frères, renfermant de belles marqueteries de Giov. da Verona (m.1525), restaurées en 1860 par Minchiolti, et des fresques par Vasari. - La chap. du St-Sepulcre, à côté, renferme un *groupe en terre cuite par Guide Mazzoni, dit Modanino (de Modène), le Christ au tombeau, entouré de six personnages agenouillés, de grandeur naturelle, autant de portraits de contemporains de l'artiste, ouvrage très réaliste achevé en 1492. Sannazar représente Joseph d'Arimathie ; Pontanus, Nicodème ; Alphonse II, St Jean (à côté, le fils d'Alphonse, le prince Ferdinand). - Chap. de la Vierge, près du bras dr. du transept : tombeaux du cardinal Pompée Colonna, vice-roi de Naples (m. 1532), et de Charles de Lannoy (m. 1527), général de Charles-Quint. - Dans la chap. Mastrogiudici, la première à dr., un *autel en marbre avec l'Annonciation et, au-dessous, sept petits bas-relief de Benedetto da Maiano (1489), des scènes de la vie de J.C. Parmi les tombeaux, on remarquera celui de «Marinus Curialis Surrentinus, Terrenovae comes» (1490), qui fonda cette chapelle.

L'ancien couvent des bénédictins voisin de l'église, où le Tasse, malade et malheureux, fut reçu en 1588, est occupé par des bureaux de l'administration. L'anc. salle du. chapitre, qu'ouvre le sacristain, est une belle construction du style ogival primitif, bien que défigurée. Les stalles, qui ont d'excellentes marqueteries, sont d'Angelo da Verona.

Nous retournons à la fontaine mentionnée plus haut et nous allons tout droit, par la calata S. Trinità Maggiore, au LARGO S. TRINITA MAGGIORE, où s'élève une haute colonne de la Vierge, du style baroque, érigée en 1748. Sur cette place aussi se trouve, à g., le Gesù Nuovo ou S. Trinità Maggiore, église de 1584, en forme de croix latine, décorée de fresques par Solimena (histoire d'Héliodore, au-dessus du portail), Stanzioni, Ribera et Corenzio, et surchargée de marbre et d'ornements. - En face de cette église, n° 12, dans l'anc. réfectoire du couvent de Ste-Claire, occupé par l'imprimerie du «Corriere di Napoli», se trouve une fresque fort endommagée d'un élève de Giotto, représentant le miracle de la multiplication des pains. Elle est un peu difficile à voir.

Nous prenons au delà de l'église la STRADA S. TRINITA MAGGIORE, une des rues les plus animées parmi celles qui partent de la rue de Tolède ; nous tournons à dr. et nous passons sous une porte cochère pour aller à S. Chiara.

*S. Chiara (Ste Claire) a été fondée en 1310 par Robert le Sage, achevée en 1340 et enfin restaurée en 1752, dans un style riche, mais de mauvais goût. Les fresques de cette église, par Giotto, ont été alors couvertes d'une couche de badigeon. Il y a des tombeaux gothiques remarquables des princes de la maison d'Anjou et d'autres sculptures.
L'intérieur de l'église, haut et imposant, mesurant 84 m. de long sur 32 de large, ressemble à une grande salle de parade. A g. de l'entrée principale est le tombeau d'Onofrio di Penna, secrétaire du roi Ladislas (m. 1322), avec un bas-relief de Baboccio, représentant la Vierge et les saints ermites. Ce tombeau est converti en autel surmonté d'une Vierge et d'une Ste-Trinité par Francesco, fils de Maestro Simone (vers 1300). - A la tribune de l'orgue, de jolis bas-reliefs du XIVe s., dont les sujets sont tirés de la vie de Ste Catherine. - La première des grandes peintures de la voûte, la Reine de Saba, et la deuxième, David jouant de la harpe, sont de Seb. Conca ; la troisième, le Sacrifice de David, est de Bonito ; la quatrième, Ste Claire mettant en fuite les Sarrasins, de Francesco di Nura. C'est le même artiste qui a peint le tableau du maître autel, le St-Sacrement, et celui au-dessus de la porte principale, le Roi Robert inspectant la construction de l'église.
Dans la 2e ch. à g., deux sarcophages : à dr. le tombeau de Gabriel Adurinis (m. 1572), amiral sous Charles-Quint ; à g. un tombeau du XIVe s. - Au 3e pilier à g., l'autel de la Madonna delle Grazie, dont la fresque, en grande partie cachée sous des oripeaux, est attribuée à Giotto. - A la porte latérale de g., le petit et gracieux monument d'Antonia Gaudino, qui mourut à l'âge de 14 ans, en 1530, le jour fixé pour ses noces. Il est de Giov. da Nola, et la belle épitaphe est du poète Antonins Epicurus (m. 1555). - Dans la chap. suivante, deux tombeaux du XIVe s. - La CHAP. SANFELICE, à côté de la chaire, qui est supportée par des lions, renferme un Crucifîment de Lanfranc et un sarcophage antique avec Protesilas et Laodamie, servant de tombeau à César Sanfelice, duc de Rodi (m. 1632). - Dans la CHAP. LONGOBARDI de la Cruz-Ahedo, qui vient en-suite, à g., un monument de 1529 ; àdr., un autre du même genre de 1853.
Derrière le maître autel, le magnifique *tombeau de Robert le Sage (m. le 26 janv. 1343), par les frères Baccio et Giovanni, de Florence, et non par Masuccio le Jeune. Sous un haut baldaquin, orné d'un grand nombre de figures, se voit le sarcophage, porté par des saints et décoré de bas-reliefs, avec la statue couchée du roi en franciscain, devant laquelle des anges tirent un rideau, et au-dessus, dans une niche, se trouve une autre statue du roi assis sur un trône. Dans le haut, la Vierge, entre St François et Ste Claire. L'inscription : «Cernite Robertum, regem virtute refertum», est attribuée à Pétrarque. - A côté, dans le BRAS G. DU TRANSEPT, le tombeau de la seconde fille de Robert, Marie, impératrice de Constantinople et duchesse de Duras, soeur de Jeanne Ire ; elle est représentée en costume impérial. Contre le mur à g., le tombeau de deux filles de cette princesse, Agnès et Clémence, la première femme de Giacomo del Balzo, prince de Tarente et empereur titulaire de Constantinople. Au mur de g., le tombeau d'une enfant, Marie, fille de Charles l'Illustre, morte en 1344. Là aussi, le beau monument de Pauline Ranieri, qui soigna avec tant de dévoûment Giac. Leopardi. Il est orné de statues par Car. Solari (1878). - Dans le BRAS DR. DU TRANSEPT, toujours près de celui de Robert, le *tombeau de Charles, duc de Calabre, son fils aîné, qui mourut avant son père, en 1328. Ce monument est par Tino da Camaino de Sienne (1338). Plus loin, à dr., le tombeau de Marie de Valois, femme de Robert, pris à tort pour celui de sa fille Jeanne Iere. - La chap. de dr., à côté du bras dr. du transept, est celle des Bourbons ; six des enfants de Charles III y sont inhumés.
Le beau campanile de S. Chiara, attribué à Masuccio le Jeune ou à son élève Giacomo de Sanctis, ne date en réalité que du XVIIe s.

En continuant notre chemin dans la strada S. Trinità Maggiore, nous arrivons, à g., au LaRGO S. DOMENICO, où sont, à dr., les palais Casacalenda et Corigliano ; à g., les palais S. Severo et Gaviati. Cette place est décorée d'un obélisque du style baroque, surmonté de la statue en bronze de St Dominique, exécutée en 1737 par Vaccaro, d'après Fansaga. L'escalier à g. conduit à une porte latérale de l'église St-Dominique, dont l'entrée principale, généralement fermée, se trouve dans la cour de la Préture, vico S. Domenico.

*S. Domenico Maggiore, église goth. élevée en 1289, par Charles II, sur les plans de Masuccio l'Aîné (?), est encore une des églises les plus imposantes de Naples, malgré les modifications qu'elle a subies plus tard, en dernier lieu de 1850 à 1853. Cette église n'est ouverte que de 7 h. à 11 h. Elle a 76 m. de long. 33 m. de large et 26 m. 50 de haut, et elle est divisée en 3 nefs, avec 27 chapelles et 12 autels. C'est un édifice des plus somptueux, grâce à ses riches dorures et à ses colonnes accouplées, mais avec un vilain plafond à caissons du XVIIe s. Les familles les plus distinguées de Naples y ont depuis des siècles leurs chapelles, avec de nombreux monuments, ce qui en fait un édifice aussi riche en sculptures de la renaissance que S. Chiara en sculptures gothiques.
1re chap. à dr. (mur du côté de l'entrée), celle des Saluzzo, autrefois celle des Carafa : tableau d'autel par Andrea da Salerno, la Vierge avec St Martin, St Dominique et plusieurs membres de la famille Carafa ; monument en style baroque du général Filippo Saluzzo (m. 1852) ; monument simple et noble de Galeotto Carafa (m. 1513), avec un médaillon. - 2e chap. : tableau d'autel d'Agnolo Franco ; monument de l'évêque Barth. Brancaccio (m. 1341).
La *CHAP. DEL CROCEFISSO, la 7e de dr., renferme de beaux monuments du XVe s. L'autel est recouvert d'une mosaïque florentine, d'après une esquisse de Cosimo Fansaga. Dans le bas de cet autel, un bas-relief par Tommaso de' Stefani, représentant le miracle du crucifix qui aurait dit à St Thomas d'Aquin : «Bene scripsisti de me, Thoma ; quam ergo mercedem recipies ?» A quoi le saint aurait répondu : «Non aliam nisi te». Le Portement de croix, à dr. de l'autel, et la Descente, à g., sont d'un imitateur de l'école flamande. A g. de l'autel, le *tombeau de François Carafa (m. 1470), par Agnello dei Fiore ; vis-à-vis, un autre monument du même artiste, achevé par Giovanni da Nota. Dans la petite chapelle latérale, le tombeau d'Hector Carafa comte de Ruvo (m.1511), avec des emblèmes militaires et des arabesques. Chapelle suivante, à g., Vierge à fresque d'un des premiers peintres napolitains, puis la Vierge à la Rose, attribuée à Maestro Simone. Vis-à-vis, le beau *tombeau de Mariano d'Alagni, comte de Bucchianico, et de sa femme, Catarinella Ursino, par Agnello del Fiore, érigé en 1447. A côté de ce monument, celui de Nic. di Sangro, prince de Fondi, par Domenico d'Auria. - A l'entrée de la sacristie, des tombeaux de la famille de St Thomas d'Aquin.
La *SACRISTIE a un plafond peint par Solimena et, au-dessus d'un autel, une Annonciation attribuée à Andrea da Salerno. Au mur, tout autour dans le haut, sont alignés 45 grands cercueils de bois recouverts de housses de velours. Dix d'entre eux contiennent les restes des princes de la maison d'Aragon : Ferdinand Ier (m. 1494), Ferdinand II (m. 1496), sa tante la reine Jeanne, fille de Ferdinand 1er (m. 1518) ; Isabelle (m. 1524), fille d'Alphonse II, femme de Jean-Galéas Sforza, duc de Milan, etc. Le cercueil d'Alphonse Ier (m. 1458) s'y trouve aussi, mais les restes de ce roi ont été transférés en Espagne en 1666. Le 3e cercueil est celui de Ferdinand-François d'Avalos, marquis de Pescara, le héros de Ravenne et de Pavie, mort de ses blessures à Milan en 1525 : l'inscription est de l'Arioste. Au-dessus du tombeau sont suspendus le portrait, la bannière et l'épée du marquis. Il avait pour femme la célèbre Victoria Colonna, qui après sa mort chanta ses exploits dans l'île d'Ischia et dont les restes sont également ici.
Dans le BRAS DR. DU TRANSEPT, le *monument de Galéas Pandone (m. 1514), par Giovanni de Nola. - Une porte donne accès dans une partie de l'église primitive, renfermant aussi des monuments curieux, surtout celui de Porzia Capece, femme de Bernardin Rota, par Giovanni da Nola. C'est ici que se trouve l'entrée latérale mentionnée plus haut.
Le MAITRE-AUTEL, orné d'une mosaïque florentine, a été fait par Fansaga, en 1652.
Dans le BRAS G. DU TRANSEPT, au-dessus de la chapelle des Pignatelli, les tombeaux de Jean de Duras (m. 1323) et de Philippe de Tarente (m. 1335), fils du roi Charles II, avec une longue inscription en vers.
BAS CôTé DE O. Dans la 8e chap., celle de N.-D.-des-Neiges, au-dessus de l'autel, un beau *haut-relief avec la statue de la Vierge, St Mathieu et St Jean, le chef-d'oeuvre de Giovanni da Nola, de 1536. Là se trouve, à dr., le monument du poète Jean-Baptiste Marini, de Naples (m. 1625), avec son buste par Bartolomeo Viscontini, d'abord placé dans le couvent de S. Agnelle Maggiore, après la suppression duquel le roi Murat le fit transférer ici en 1813. - Dans la 7e chap., dite de Rufo Bagnara, le Martyre de Ste Catherine, par Lean. da Pistoia, et deux tombeaux de la famille Tomacelli, du XVIe s. - 6e chap. tombeaux des Carafa. - 5e chap. : tombeaux des Andrea. - 4e chap. : tombeaux des Rota, avec *statue de St Jean-Baptiste par Giovanni de Nola ; monument du poète Bernardin Rota (m. 1575), avec les figures de l'Arno et du Tibre, par Domenico d'Auria (1600). - 3e chap. Martyre de St Jean l'Evangéliste, par Scipione Caetano ; à g., tombeau d'Ant. Carafa, dit Malizia (m. 1438). - La 2e chap., construite dans le style du XVIIe s., renferme la Madone miraculeuse de St-André. - 1re chap. à g. de l'entrée (S. Stefano) : le Christ couronnant St Joseph, par Luce Giordano. Sur les parois latérales, l'Adoration des mages, par un peintre des Pays-Bas, et une Ste Famille attribuée à Andrea de Salerno.

Le couvent voisin fut habité en 1272 par St Thomas d'Aquin, qui était alors professeur de philosophie à l'université, fondée à cette époque. La noblesse et le roi assistaient à ses cours. On montre sa cellule, transformée en chapelle, et son auditoire. Le couvent est aujourd'hui occupé par l'administration. C'est de plus là que siège l'Accademia Pontaniana, fondée en 1471 par le savant Giov. Pontano.
De St-Dominique, on pourra descendre le vico Mezzocannone jusqu'à la troisième rue à dr., le vicoletto Mezzocannone, et aller par là jusqu'à la piazza di S. Giovanni Maggiore. Là se trouve l'église S. Giovanni Maggiore, qui vient d'être reconstruite. A côté, la chap. S. Giovanni de'Pappacoda, qui a uno belle porte goth. de 1415. - La petite église voisine, S. Maria della Pietà de' Sangri ou chapelle Sansevero, est maintenant fermée et doit être démolie avec le palais du même nom, dont elle dépend. On la visitait à cause de sculptures curieuses du XVIIIe s. aux vêtements transparents, d'une grande habileté technique, mais du plus mauvais goût : un Christ mort dans son linceul, Cécile Gaetani, femme d'Ant. di Sangro, en Pudeur, et son mari se délivrant du vice, figuré par un filet, oeuvres de Gius. Sammaritano, Ant. Conradini et Fr. Queirolo.

Nous retournons au largo S. Domenico (p. 43), et nous continuons de suivre au N. la rue principale, qui s'appelle alors str.Nilo, puis bientôt str. S. Biagio de' Libraï. A dr., S. Angelo a Nilo, église construite en 1385, qui renferme, à dr. du maître autel, le *tombeau du cardinal Brancaccio (m. 1428), son fondateur, par Donatello et Michelozzo, un des premiers tombeaux dans le style de la renaissance.

La STRADA DELL' UNIVERSITA, anc. str. S. Salvatore, la 2e à dr. du largo S. Domenico, descend à dr. à l'Université (Regia Università degli Studj). Elle renferme une bibliothèque et des collections d'histoire naturelle, dont celle de minéralogie est remarquable. L'université de Naples, fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II et réorganisée en 1780, est une des plus anciennes de l'Europe. Elle comprend 5 facultés, avec une centaine de chaires, et compte actuellement plus de 4000 étudiants. Elle occupe depuis 1870 un anc. collège des jésuites, bâti en 1605. La bibliothèque, au 1er étage, est ouverte de 9 h. à 3 h. Le conservateur actuel est M. Minervini. La cour renferme les statues de Pietro della Vigna (à dr.), chancelier de Frédéric II ; de St Thomas d'Aquin, de J.-B. Vico et de Giordano Bruno, érigées en 1863, et quelques bustes, entre autres celui de Giac. Leopardi. Il est question de construire pour l'université un édifice grandiose dans le quartier neuf, non loin du Reclusorio.

En allant tout droit au sortir de l'Université, on arrive à la place St-Marcellin, où se trouve l'église richement décorée de SS. Severino e Sosio, bâtie en 1490 par Mormandi.
Le plafond est orné de fresques par Corenzio, qui est inhumé à l'entrée de la sacristie. Il y a dans le choeur de belles stalles de la fin du XVe s. La chapelle des Sanseverini, à dr. du choeur, renferme les tombeaux de trois frères qui furent empoisonnés en 1516 par leur oncle ; ces monuments sont de Giovanni da Nola. Dans la chap. à g. du choeur, le tombeau de l'historien Ch. Troya (m. 1858). Dans le bras g. du transept, celui de l'amiral Vinc. Carafa (m. 1611) et celui du duc Fr. de Marmilis (m. 1649). Dans le bas côté de g. (2e chap.), un tableau d'autel à six compartiments par Andrea da Salerno, la Vierge avec Ste Justine et St Jean-Baptiste. A l'entrée de la sacristie, seconde salle, le *tombeau d'un garçon du nom d'André Bonifacio, attribué à Giov. da Rota, et en face celui de Giambattista Cicara, du même artiste, toua deux avec des inscriptions de Sannazar.

Le couvent voisin de cette église renferme depuis 1818 les grandes archives du royaume, dans des salles décorées de fresques et de tableaux de Corenzio. Elles comptent parmi les collections de ce genre les plus importantes du monde. Elles comprennent env. 40 000 chartes sur parchemin, dont les plus anciennes sont en langue grecque, à dater de 703, et 378 vol. composés de plus de 380 000 manuscrits de l'époque des princes de la maison d'Anjou, etc. On peut les visiter en s'adressant au directeur, l'historien Bart. Capasso.
Le CLOITRE mérite d'être vu. L'entrée est dans la rue à g. de l'église, par une porte cochère à dr. On traverse les arcades des deux premières cours et on trouve dans la suivante, entre 10 h. et 3 h., un gardien qui vous ouvre. Ce cloître est décoré de 20 fresques, dont les sujets sont tirés de la vie de St Benoît et qui sont atribuées au Zingaro et à ses prétendus élèves Donzelli et Simone Papa, mais qui, d'après Crowe et Cavalcaselle, seraient plutôt d'un peintre formé aux écoles d'Ombrie et de Florence. Elles sont fort détériorées et elles ont été mal restaurées de nos jours. La meilleure est encore la fresque en camaïeu qui représente le saint allant à Rome avec son père et sa gouvernante. Les autres sont d'une exécution tout à fait inférieure. C'est l'avant-midi qu'elles sont le mieux éclairées. Il y a dans la cour un énorme platane qui passe pour avoir été planté par St Benoît en personne, et sur lequel a crû un figuier.

Nous revenons à la rue principale (str. Nilo), qui s'appelle ici VIA S. BIAGIO DE' LIBRAI. On y voit le Mont-de-Piété, à dr. ; plusieurs églises et des palais sans intérêt. On croise au bout de 5 min. la grande rue dite via del Duomo, qu'on peut prendre à g. pour arriver à la via de' Tribunali et par là tout droit au Castel Capuano (v. ci-dessous).

Nous suivons toujours la via S. Biagio, qui se bifurque au bout de 5 min. pour former, à dr., celle de S. Egeziaca a Forcella, conduisant à la porte de Nole ; à g., la strada Annunziata. Dans celle-ci est l'église S. Annunziata, construite de 1757 à 1782 par L. Vanvitelli, mais qui en a remplacé une remontant à Robert le Sage. On y voit des fresques de Corenzio et le tombeau de la trop fameuse reine Jeanne II. - A côté, la grande casa dei Trovatelli ou maison des Enfants-Trouvés, qu'on ne peut visiter que muni d'une recommandation spéciale. A g. de l'entrée est l'ancien tour, où l'on plaçait auparavant les enfants abandonnés ; maintenant ils ne sont plus reçus qu'à l'intérieur, et les parents doivent donner leurs noms. Les garçons y restent ordinairement jusqu'à 7 ans, les filles plus longtemps, souvent toute leur vie, si elles ne se marient pas, comme ouvrières (broderies renommées) ou domestiques. Les revenus de l'établissement sont évalués à env. 400 000 fr. Le peuple y vient en foule les 24 et 25 avril.

Le prolongement de la str. Annunziata, la str. Maddalena, débouche sur la place de la porte de Capoue. On a là à dr. la porte, en face l'église S. Caterina a Formello, avec une coupole de 1523, et à g.
Le Castel Capuano, appelé ordinairement la Vicaria, fondé par Guillaume Ier et achevé en 1231 par Frédéric II, sur les plans de Fuccio. Ce fut la résidence des Hohenstaufen et souvent aussi celle des princes de la maison d'Anjou. Le vice-roi don Pierre de Tolède transféra en 1540 dans ce palais tous les tribunaux de la ville, qui y sont encore. Il est intéressant d'y entrer pour étudier le caractère du peuple napolitain. Sous la cour d'assises se trouvait une prison tristement célèbre. L'entrée principale des tribunaux est du côté opposé, à l'extrémité de la via de' Tribunali.

La *porte de Capoue, construite par Ferdinand Ier d'Aragon en 1484, est l'oeuvre du Florentin Giuliano da Maiano et l'une des plus belles portes de la renaissance. Elle a été restaurée et décorée de sculptures à l'extérieur en 1535, par Giov. da Nola, à l'occasion de l'entrée de Charles-Quint. Sur les côtés sont deux belles tours rondes, comme à presque toutes les portes de Naples.
En dehors passe le cours Garibaldi, qui s'étend de la mer à la strada Foria. Non loin de la porte, la gare de la ligne secondaire de Nole et Baiano. Tout près de là, la gare du tramway à vapeur d'Aversa-Caivano.
A l'F. de la porte de Capoue s'étendent les Paduli (Paludi, marais), territoire très fertile d'env. 50 kil. de superficie. Là se trouvent les jardins potagers de Naples. On y sème et on y récolte toute l'année.

A env. ¼ d'h. de la porte, le tramway dont il a été question plus haut aboutit au *Campo Santo Nuovo, cimetière près de la colline appelée Poggio Reale et en face du vaste abattoir de la ville. Le Campo Santo Nuovo a été créé en 1836. La grande avenue conduit de l'entrée du bas à une place rectangulaire où se voient les monuments de familles notables de Naples. Une allée à g. mène à un endroit d'où l'on a une vue splendide. Plus haut se trouve l'église, où l'on célèbre le jour des Morts (2 nov.) un service divin solennel. Une porte à g. donne entrée dans l'imposant atrium du cimetière, entouré de portiques à colonnes et au milieu duquel est une statue colossale de la Religion, par Angelini. On remarque particulièrement les nombreuses chapelles des confréries chargées des enterrements. Ces chapelles ont un étage inférieur, où les corps sont d'abord inhumés. Env. 18 mois plus tard, lorsqu'ils se sont entièrement desséchés, grâce à la nature du sol, composé de tuf, on les en retire pour les déposer dans les niches de l'étage supérieur qu'on ferme avec des plaques de marbre.
On arrive, par la porte principale du cimetière, à la rue qui vient du Reclusorio (p.39) et où se trouve, quelques pas plus loin à g., le cimetière des pauvres, dit cimetero della Pietà, ouvert en 1888. Il est divisé en terrasses et il présente l'aspect d'un vaste amphithéâtre. Au milieu se trouve une Pieta de marbre et dans le haut une chapelle.
Le cimetière protestant est à 7 min. de la porte de Capoue, sur le chemin qui conduit au précédent (sonner à la grille ; 50c.).

La STRADA CARBONARA, qui part de la place de la porte de Capoue et passe devant l'église S. Caterina mentionnée plus haut, nous conduit en 8 min. à la strada Foria. A l'endroit où la rue se rétrécit, à dr., sur la hauteur (monter l'escalier et passer par une porte à dr.),
*S. Giovanni a Carbonara, église construite en 1344 et agrandie par le roi Ladislas.
A l'intérieur, derrière le maître autel, refait en 1746, le *monument du roi Ladislas (m. 1414), érigé par sa soeur, Jeanne II. Il passe pour le chef-d'oeuvre d'Andrea Ciccione, et il est aussi remarquable dans son ensemble que dans les détails. Dans le haut, la statue équestre du roi ; au-dessous, dans une niche, son sarcophage, avec sa statue couchée, bénie par un évêque, qui est censé lever l'excommunication qui pesait sur le roi à sa mort ; en bas, le roi assis, avec sa soeur Jeanne à sa droite. Le tout est supporté par des statues représentant les vertus du défunt.
Derrière ce monument, dans la chap. del Sole, est le *tombeau du sénéchal Sergianni Caracciolo, favori de Jeanne II, érigé par son fils Trojano. Il est également d'A. Ciccione, et il y a des motifs dans le style de la renaissance. L'épitaphe est de Lorenzo Falla. Les fresques de la chapelle, représentant des scènes de l'histoire de la Vierge, sont de Leonardo di Bisuccio, de Milan, un des derniers élèves de Giotto (vers 1450). - A g. du maître autel, la chap. des Caracciolo Rosso, construction circulaire élevée et décorée sur les plans de Girolamo Santacroce, de 1516 à 1557. Elle renferme des sculptures par Giov. da Nola, Girol. Santacroce et Pietro della Plata (bas-reliefs de l'autel), ainsi que les tombeaux de Galéas, à g., et de Colantonio Caracciolo, en face, par Scilla et Domenico d'Auria. - La sacristie renferme 15 tableaux fort endommagés de Vasari (1546), représentant des scènes de la vie de J.C. - A côté de l'entrée de la sacristie, une belle Vierge des Grâces, statue de 1571. - Plus loin du même côté, dans l'église, un grand autel semblable à une chap., la *chap. St-Jean-Baptiste, avec de bonnes sculptures du xve s., restaurées en 1619 par Al. Mirabelle. - Il y a encore dans l'église d'autres tombeaux remarquables.
Dans la CONSECRAZIONE DI S. MONICA, qui a une entrée particulière en haut de l'escalier montant à l'église, le tombeau du prince Ferd. di Sanseverino, par Andreas de Florentia. Elle n'est ouverte que le dim. matin.
C'est près de cette église qu'était jadis l'arène pour les combats de gladiateurs, auxquels Pétrarque assista encore avec horreur à l'époque de la reine Jeanne Ire et du roi André.

Nous retournons au Castel Capuano.
La VIA DE TRIBUNALI, rue animée en face de l'entrée principale du Castel Capuano, conduit de la place des Tribunaux, à peu près à l'O., à la rue de Tolède. En la suivant, on passe, à g., à l'entrée de l'ospedale della Pace, et on atteint bientôt à dr. la petite place S. Gennara, que décore une colonne érigée en mémoire de la terrible éruption du Vésuve de 1631. Elle est surmontée d'une statue en bronze de St Janvier, par Finelli.
Nous montons ensuite le perron qui aboutit à la cathédrale, dont l'entrée principale est dans la via del Duomo.
La *cathédrale, dédiée à St Janvier (S. Gennaro), a été commencée en 1272 par Charles Ier d'Anjou, sur l'emplacement d'un temple de Neptune, mais en réalité construite sous Charles II, à partir de 1294, et achevée sous Robert, en 1314. C'est un édifice goth. dans le style français. La façade, de 1299, mais considérablement modifiée et dont le portail date de 1407, est maintenant en restauration, et l'on y construit des tours. Détruite par un tremblement de terre en 1456, cette église fut reconstruite par Alphonse 1er, et elle a encore été modifiée et restaurée au XVIIe et au XVIIIe s. Néanmoins elle a conservé en partie son caractère primitif. Le plan est celui d'une basilique à trois nefs, dont la principale a un plafond et dont les collatéraux sont voûtés en ogive.
Le plafond de la grande nef est décoré de peintures, celles de forme carrée par Fabr. Santafede et celles de forme ovale par Vincenzio da Forli. Les fresques dans le haut des murs sont de Luca Giordano et de ses élèves ; le St Cyrille et le St Chrysostome, de Solimena. Au-dessus de l'entrée principale sont les monuments de Charles Ier d'Anjou (à g.) et de Charles Martel, roi de Hongrie (à dr.), fils aîné de Charles II, érigés en 1599 par le vice-roi Olivarez. Au-dessus des portes latérales, David avec la harpe et les patrons de Naples, par Vasari (1546): les figures sont des portraits des Farnèse, par ex. du pape Paul III.
La 3e chap. du collatéral de dr. est la *chapelle St-Janvier, nominée habituellement cappella del Tesoro. Elle a une façade en marbre et de magnifiques portes en cuivre jaune. A dr. et à g. sont deux hautes colonnes de marbre verdâtre. L'inscription signifie : «à St Janvier, citoyen, patron et défenseur, Naples sauvée, par l'opération miraculeuse de son sang, de la famine, de la guerre, de la peste et du feu du Vésuve». Cette chapelle a été fondée en 1608 à la suite d'un voeu fait durant la peste de 1527, et elle a été achevée en 29 ans. Les frais se sont élevés à un million de ducats ou environ 4 millions ½ de fr. Le meilleur moment pour la visiter est un peu avant la fermeture de l'église, vers midi.
L'intérieur de cette chapelle, qui a la forme d'une croix grecque, est richement décoré de marbre et d'or. Elle renferme 8 autels, 42 colonnes de brocatelle, 5 tableaux du Dominiquin, sur cuivre, et plusieurs fresques relatives à St Janvier. Il n'y a cependant que quatre des cinq tableaux qui soient entièrement de la main du Dominiquin : le Tombeau du saint, son Martyre, la Résurrection d'un jeune homme et une Femme guérissant un malade avec l'huile d'une lampe suspendue devant le tombeau de St Janvier. La jalousie, les menaces de Ribera et de Corenzio l'obligèrent, de même que le Guide et Lanfranc, à quitter ses travaux dans la coupole. - La sacristie du Tesoro renferme des tableaux de Stanzioni et de Luca Giordano et un grand nombre de vases sacrés et de vêtements sacerdotaux, un buste en argent de St Janvier, que Charles II fit exécuter en 1306, 45 autres bustes en argent de bienfaiteurs de la ville et divers objets précieux. - Le tabernacle du maître autel, qui est fermé par plusieurs portes et, en dernier lieu, par un bas-relief d'argent représentant la translation des reliques du saint, renferme deux vases contenant le sang de St Janvier, évêque de Bénévent, qui souffrit le martyre en 305, sous Dioclétien. La liquéfaction du sang de St Janviero a lieu 3 fois par an, pendant plusieurs jours de suite, le 1er samedi de mai, dans la soirée ; le 19 sept. et le 16 déc., de 9 h. à 10 h. du matin. La rapidité ou la lenteur avec laquelle elle s'opère passent pour présager une bonne ou une mauvaise année. Les étrangers peuvent obtenir du sacristain une bonne place près de l'autel pour y assister.
Plus loin, dans le collatéral de dr., la CHAP. BRANCIA, la 5e, avec le *tombeau du cardinal Carbone (m. 1405), par Ant. Baboccio. - Puis, dans le bras droit du transept, la CHAP. CARACCIOLO, aussi avec un tombeau, du cardinal Caracciolo (m. 1268).
Sur le derrière, à dr., l'entrée de la *CHAP. MINUTOLO , du style goth. (fermée ; 30 c. au sacristain). La partie supérieure des ornements, peinte par Tommaso degli Stefani au XIIIe s., a été plusieurs fois retouchée ; la partie inférieure est d'un inconnu. On y remarque encore le tombeau du cardinal Arrigo Minutolo (m. 1412), au-dessus du maître autel, avec un bas-relief, la Vierge et les apôtres ; d'autres tombeaux, des XIVe et XVe s., et un bon triptyque de la vieille école de Sienne, la Trinité, sur l'autel à g. ; d'autres tombeaux des XIVe et XVe s. et, dans le bas des murs, des portraits de Minutoli de 1410-1462. - A côté se trouve la CHAP. TOCCA, avec le tombeau de St Asprenas, un des premiers évêques de Naples.
Au-dessous du maître autel, où l'on descend à dr. (portes de bronze ; 30 c. an sacristain), se trouve la *CONFESSION DE ST JANVIER, crypte richement décorée, à trois nefs, avec des colonnes antiques et un beau plafond de marbre. Elle renferme le tombeau du saint. On en remarque l'élégante ornementation, par Tommaso Malvito de Côme (1501), de qui est sans doute aussi la statue agenouillée à g. devant le tombeau, celle du cardinal Oliviero Carafe, qui fit construire la chapelle, de 1492 à 1506.
La coupole du choeur a été peinte par le Dominiquin ; elle représente l'adoration des anges.
La chapelle gothique des Capece Galeota, à g. du maître autel, renferme une peinture du XVe s., le Christ entre St Janvier et St Athanase.
Dans le bras gauche du transept, à côté de la porte de la sacristie, le tombeau d'Innocent IV (m. 1254 à Naples), érigé en 1318 par l'archevêque Umberto di Montorio et restauré au XVIes., et celui d'André, roi de Hongrie, étranglé en 1345 à Aversa, par Jeanne Iere, sa femme, comme le rapporte l'inscription : «Andreae Carole Uberti Pannoniae regis f., Neapolitanorum regi, Joannae uxoris dolo laqueo necato, Ursi Minutili pietate hic recondito». A g., le tombeau du pape Innocent XII (Pignatelli, de Naples, m. 1696).
Dans le collatéral de g., près du transept la chap. des Seripandi, qui renferme une *Assomption par le Pérugin (1460). - Puis vient l'entrée de S. Restituta. - Dans la 2e chap., une Mise au tombeau, haut-relief par Gior. da Nola ; au-dessus, l'Incrédulité de St Thomas, par Marco da Siena. A côté, dans la grande nef, les fonts, bassin antique en basalte vert, avec des thyrses et des masques bachiques.
*S. Restituta, à g. de la cathédrale, avec laquelle elle communique par la porte du bas côté de g. mentionnée plus haut (si elle est fermée, 50 c. de pourb.), est une église goth. construite à la place d'un temple d'Apollon, dont proviennent probablement les colonnes corinthiennes antiques de la nef. Ce fut d'abord la cathédrale. On l'attribue faussement à Constantin le Grand, car elle n'est que du VIIe s. On l'a raccourcie lors de la construction de la cathédrale et restaurée au XVIIe s. Au fond de la chap. S. Maria del Principio, à l'extrémité du bas côté de g., une mosaïque très ancienne, représentant St Janvier et Ste Restitute, restaurée en 1322 ; elle passe pour la première de Naples : de là le nom de chap. «del Principio». Aux murs latéraux, deux curieux bas-reliefs, provenant, dit-on, d'une ancienne clôture du VIIIe s. Ils sont divisés chacun en 15 compartiments : à g., l'Histoire de Joseph ; à dr., en haut, St Janvier, puis Samson ; en bas, St Georges. Derriere le maître autel, la Vierge avec St Michel et Ste Restitute, par Silvestro Buono (?), très bon tableau dans les styles des écoles de Naples et d'Ombrie : l'inscription a été falsifiée ; il est postérieur à l'an 1500. Du côté de l'entrée, le monument de l'épigraphiste Al.- S. Mazzocchi. - La chapelle de dr. (fermée), S. Giovanni in Fonte, qui passe pour avoir été construite par Constantin en 333, mais ne date que du VIe s., et qui servait autrefois de baptistère, a une petite coupole décorée de mosaïques du VIIe s., souvent restaurées : le Christ, la Vierge, etc.

La façade de la cathédrale, où monte un escalier, est tournée du côté de la VIA DEL DUOMO, rue qui part de la strada Foria, marche à peu près parallèlement à la rue de Tolède, traverse les quartiers très peuplés de la vieille ville et se prolonge jusqu'à la mer. - A côté de la cathédrale, à dr. en sortant, se voit le vaste palais archiépiscopal, construit au XIIIe s. et entièrement réédifié en 1647, par le cardinal Filomarino. La façade est du côté de la place Donna Regina.
Dans la strada Anticaglia se trouvent les restes d'un théâtre antique, où Néron parut en acteur. Il était de grandes dimensions. On en distingue encore deux arcades.

Plus bas dans la via del Duomo, à dr., le palais Cuomo, bel hôtel du commencement de la renaissance (fin du XVe s.), construit pour Ang. Como, probablement par des maîtres florentins. Il a été démoli pour le percement de la nouvelle rue et rebâti avec les mêmes matériaux par le prince Gaétan Filangieri, pour y installer les collections qu'il a données à la ville, le «museo civico Filangieri». Le catalogue détaillé contient aussi une histoire du palais et du musée.
Le grand vestibule du rez-de-chaussée, décoré par Salviati de mosaïques dans le style du XIVe s., contient des armes, quelques antiques, une coulevrine aragonaise du XVe s. se chargeant par la culasse, etc. - L'étage supérieur a été transformé en une jolie salle d'exposition par l'addition de fenêtres dans la toiture et d'une galerie haute. On y voit de riches armes des XVIe-XVIIIe s., deux bahuts italiens du XVIe s., des objets précieux, des émaux et env. 60 tableaux. Principaux émaux, num. 1023 et 1025, dans la XXVe vitrine, par Jean III Pénicaud, de Limoges. Tableaux : 1489, Bern. Luini, la Vierge et la donatrice, une Bentivoglio ; 1466, Bern. Lanini(?), la Vierge ; le Pordenone, Descente de croix ; 1440, 1455, Ribera, Ste Marie l'Egyptienne, Tête de St Jean-Baptiste ; Sandro Botticelli, et non le Ghirlandajo, portr. d'homme ; quelques Flamands et Hollandais, entre autres, 1469, J. van Eyck (?), la Vierge ; 1446, van Dyck, Jésus en croix, etc. - Dans la galerie, de belles majoliques italiennes, des porcelaines de Capodimonte, etc., et des vases en argent.

Nous revenons à la via de' Tribunali. Au bout de quelques pas, à dr., le petit largo Gerolomini, avec l'église
S. Filippo Neri, ou de' Gerolomini, de 1592-1619.
L'intérieur est surchargé d'ornements, mais en mauvais état. La grande fresque au-dessus de l'entrée principale, le Christ chassant les marchands du temple, est de Luca Giordano ; le tableau du maître autel, de Giovan. Bernardino Siciliano ; les tableaux latéraux, de Corenzio. La riche chapelle de St-Philippe-de-Néri, à g. du maître autel, a une coupole peinte par Solimena ; celle de St-François-d'Assise, la 4e à g., renferme un tableau du Guide. Près de là, au pied de la colonne dans la nef, est la pierre tumulaire du savant Jean-Baptiste Vico (1670-1744). - La sacristie (entrée à g.) renferme aussi des peintures, par Andrea da Salerno, Corrado, le Dominiquin, Salimbeni, le Guide, etc.

Plus loin on arrive, à dr., à S. Paolo Maggiore, église précédée d'un haut perron. Elle a été bâtie en 1590, sur les plans du théatin Fr. Grimaldi et sur l'emplacement d'un temple dédié à Castor et Pollux, dont le beau portique a été détruit par le tremblement de terre de 1688. Il n'en reste plus que deux colonnes corinthiennes, avec une partie de l'architrave. Cette église est décorée d'une profusion de marbres et de peintures de Corenzio, Stanzioni, Marco da Siena et Solimena.
Le CLOîTRE a 24 colonnes antiques de granit. Ici se trouvait, du temps des Romains, le centre de la ville.

Sur la petite place carrée qui s'étend devant l'église St-Paul, de l'autre côté de la rue des Tribunaux, est située à g. l'église *S. Lorenzo, commencée en 1266 par Charles 1er d'Anjou, en mémoire de la victoire qu'il remporta à Bénévent, sur Mainfroi, son prédécesseur de la maison de Souabe, et achevée sous Robert 1er en 1324. Elle occupe l'emplacement de l'ancienne Basilica Augustalis. Il n'y a plus de la période goth. que le portail et le choeur, ce dernier avec pourtour et chapelles comme dans les églises du nord, probablement par un architecte français. La nef a été à peu près complètement réédifiée au XVIe s. A côté de l'église un campanile de 1487.
Intérieur. - Le grand tableau, au-dessus de l'entrée principale, représentant le Christ et St François, est de Vincenzo Corso. - Le Couronnement de Robert par St Louis de Toulouse, avec une prédelle signée, dans la 7e chapelle à dr., est de Simone di Martino de Sienne. Il y a aussi des restes de fresques dans le style de l'école siennoise. - Le St Antoine de Padoue sur fond d'or dans la chapelle du même nom, au bras g. du transept, trahit une influence flamande, de même que le St François de la chapelle de ce saint, dans le bras dr. ; on les attribue au Zingaro. Les statues de St François, de St Laurent et de St Antoine, ainsi que les beaux bas-reliefs du maître autel, sont de Giovanni da Nola (1478). Dans le pourtour du choeur, derrière le maître autel, on remarque, en entrant à dr., d'abord le monument de Cath. d'Autriche, première femme du duc Charles de Calabre (m. 1323), avec un baldaquin en pyramide et des mosaïques ; puis celui de Jeanne de Duras, fille de Ch. de Duras, et de son mari Rob. d'Artois, tous deux empoisonnés le 20 juillet 1387 (en bas, trois Vertus ; en haut, deux Anges qui tirent un rideau). Plus loin, dans un espace fermé, le tombeau de Marie, fille de Ch. de Duras, tuée encore jeune à Aversa, en 1347. A dr. de l'entrée de l'église, le tombeau de Lud. Aldemoresco (m. 1380), par Baboccio (1414) et, dans le pavé, celui du philosophe Jean-Baptiste della Porta (1550-1616).

Le couvent voisin de l'église sert maintenant de caserne, mais il a été longtemps occupé par l'administration municipale, ce que rappellent les armoiries des quartiers de la ville au-dessus de la porte. Pétrarque séjourna dans ce couvent en 1343, et ce fut dans l'église de S. Lorenzo que Boccace vit pour la première fois la belle princesse qu'il immortalisa sous le nom de Fiammetta.

En continuant notre chemin dans la direction de la rue de Tolède, nous arrivons, à g., à S. Pietro a Maiella, église gothique construite par Giovanni Pipino di Barletta, favori de Charles II (m. 1316), dont le tombeau est dans le bras g. du transept. - Dans le couvent voisin est le CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (collegio di musica), fondé en 1537, qui forma des élèves célèbres, par exemple Bellini, et dont Mercadante (m. 1870) fut longtemps le directeur. Il possède une collection de manuscrits de Paesiello, Jomelli, Pergolèse et autres maîtres. - Près d'ici, sur la place S. Maria di Constantinopoli, un monument de Bellini. - Nous arrivons enfin par la porte Alba à la place du Dante, dans la rue de Tolède.