Naples - Vieille ville, à l'est de la rue de Tolède
Naples possède environ 300 églises,
dont la plupart sont d'un intérêt
secondaire. L'ornementation des plus anciennes a
été défigurée au XVIIe et
au XVIIIe s. dans le style baroque de cette
époque, qui paraît avoir dominé ici
plus que partout ailleurs. Mais elles renferment, par
contre, un grand nombre de monuments funèbres
importants et intéressants au point de vue
historique. On n'oubliera pas qu'elles sont
fermées depuis midi jusque vers le soir. |
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Dans l'arcade au-dessus de la fenêtre à dr.,
le Triomphe de l'église, avec les portraits du
roi Robert et de son fils Charles, en habits de pourpre ;
à g., l'Extrême-Onction. Dans l'arcade
suivante, à g., le Baptême ; à
dr., la Pénitence ; puis à g.
l'Eucharistie, à dr. la Confirmation ;
du côté de l'église, à g.,
l'Ordre ; à dr., le Mariage, avec
allusion au mariage de la reine Jeanne, qui eut lieu en 1347,
onze ans après la mort de Giotto. Deux figures, dont
l'une est couronnée de lauriers, dans le tableau du
Baptême, passent pour celles de Laure et de
Pétrarque. Dans le tableau du Mariage, on
prétend reconnaître le portrait du Dante. - La
chapelle du Crucifix, au bout du bas côté de g.,
renferme d'autres fresques dans le style de Giotto. On les
attribue à Gennaro di Cola, élève de
Maestro Simone : à g., le Couronnement de la reine
Jeanne, son Mariage et d'autres
événements de sa vie ; à dr., St Martin
et St Georges, des Batailles, etc., le tout très
détérioré. - Belles sculptures en bois
à la tribune de l'orgue.
En face de l'Incoronata s'élève le palais
Fondi, construit sur les plans de L. Vanvitelli. - Plus haut,
dans la rue, une statue du compositeur Mercadante (m.
1870).
A l'extrémité de la strada Medina, nous prenons
à g. la strada S. Giuseppe, qui est très
animée. Quelques minutes plus loin, à dr., une
large rue conduit à l'église S. Maria la
Nuova, sur la place du même nom, construite en 1268
par Giovanni da Pisa et restaurée en 1599 par Agnolo
Franco. La façade est précédée
d'un perron.
Intérieur. - Il y a un beau pavé en marbre, qui
est fort dégradé. Les plafonds ont
été peints par Santafede et Simone Papa le
Jeune et la coupole par Corenzio : les quatre Docteurs
franciscains St Bonaventure, Duns Scot, Nicolas de Lira et
Alexander ab Alexandro. - 1re chapelle à dr. :
l'Archange St Michel, autrefois attribué
à Michel-Ange. 3e chap. : le Crucifîment,
par Marco da Siena. Chap. du Crucifix : fresques de Corenzio.
- Bras dr. du transept : monument de Galéas
Sanseverino (m. 1467), orné de sculptures. La chapelle
d'en face renferme un beau crucifix de bois, par Giov. da
Nola. - Au maître autel, une Vierge en bois par Tom.
de' Stefarei, et des saints par Ag. Borghetti. - La grande
chapelle S. Giacomo della Marca, à g. de
l'entrée, a été fondée en 1504
par Gonsalve de Cordoue, «il gran capitano». Son
neveu Ferdinand y a fait ériger, des deux
côtés de l'autel, les monuments de ses deux
ennemis les plus acharnés : Pietro Navarre, qui se
pendit dans la prison du Castel Nuovo, et Lautrec,
général de François Ier de France, qui
mourut de la peste au siège de Naples, en 1528. Ces
monuments sont attribués à Giov. da Nola ou
à ses élèves. Les inscriptions,
rédigées par Paul Jove, font preuve de l'esprit
chevaleresque de cette époque.
Le couvent voisin a deux cloîtres, avec des tombeaux,
et un réfectoire orné de fresques d'artistes
inconnus. On y remarque surtout un Portement de
croix.
Nous revenons à la strada S. Giuseppe, que nous
continuons de suivre. Son prolongement est la STRADA
MONTOLIVETO. A l'endroit où elle s'élargit et
forme une place, on remarque à dr. le palais Gravina,
aujourd'hui occupé par la poste centrale et le
télégraphe. Il a été construit
vers 1500 par Ferdinand Orsini, duc de Gravina, sur les plans
de Gabriel d'Agnolo, mais complètement modifié
de nos jours.
De cet endroit, nous montons à g. par la PLACE
MONTOLIVETO, où débouche à dr. une rue
venant de celle de Tolède. Cette place est
décorée d'une fontaine avec la statue en bronze
de Charles II, érigée en 1663.
L'église de *Monte Oliveto, nommée
d'ordinaire S. Anna dei Lombardi, a été
commencée en 1411, par Guerello Origlia, favori du roi
Ladislas, et continuée par André Ciccione, dans
le style de la renaissance. C'est une basilique à une
seule nef et à plafond. Elle renferme des sculptures
remarquables. Les chapelles sont fermées (50 c. au
sacristain).
INTERIEUR. Dans la chap. Piccolomini, la 1re à g., un
bel *autel par le Florentin Ant. Rossellino (vers 1475) : au
milieu, la Nativité du Christ ; dans les niches
sur les côtés et dans des médaillons, les
Evangelistes ; en haut, des Anges dansants et quatre
enfants. Même chap., le *tombeau de Marie
d'Aragon (m. 1470), fille naturelle de Ferdinand Ier et
femme d'Ant. Piccolomini, duc d'Amalfi, par Rossellino,
d'après le modèle du monument du cardinal de
Portugal, à S. Miniato de Florence ; un
Crucifîment par Giulio Mazzoni, de Plaisance, et
une Ascension peinte par Silvestre de' Suomi ou de
l'école du Pinturicchio. - 5e chap. à g., St
Jean-Baptiste, par Giov. da Nola. - Dans le choeur, des
fresques de Simone Papa le Jeune. Les tombeaux d'Alphonse II
et de Guerello Origlia sont de Giovanni da Nola. - En face de
la sacristie, le choeur des Frères, renfermant de
belles marqueteries de Giov. da Verona (m.1525),
restaurées en 1860 par Minchiolti, et des fresques par
Vasari. - La chap. du St-Sepulcre, à
côté, renferme un *groupe en terre cuite
par Guide Mazzoni, dit Modanino (de Modène), le
Christ au tombeau, entouré de six personnages
agenouillés, de grandeur naturelle, autant de
portraits de contemporains de l'artiste, ouvrage très
réaliste achevé en 1492. Sannazar
représente Joseph d'Arimathie ; Pontanus,
Nicodème ; Alphonse II, St Jean (à
côté, le fils d'Alphonse, le prince Ferdinand).
- Chap. de la Vierge, près du bras dr. du transept :
tombeaux du cardinal Pompée Colonna, vice-roi de
Naples (m. 1532), et de Charles de Lannoy (m. 1527),
général de Charles-Quint. - Dans la chap.
Mastrogiudici, la première à dr., un *autel en
marbre avec l'Annonciation et, au-dessous, sept petits
bas-relief de Benedetto da Maiano (1489), des scènes
de la vie de J.C. Parmi les tombeaux, on remarquera celui de
«Marinus Curialis Surrentinus, Terrenovae comes»
(1490), qui fonda cette chapelle.
L'ancien couvent des bénédictins voisin de
l'église, où le Tasse, malade et malheureux,
fut reçu en 1588, est occupé par des bureaux de
l'administration. L'anc. salle du. chapitre, qu'ouvre le
sacristain, est une belle construction du style ogival
primitif, bien que défigurée. Les stalles, qui
ont d'excellentes marqueteries, sont d'Angelo da
Verona.
Nous retournons à la fontaine mentionnée plus
haut et nous allons tout droit, par la calata S.
Trinità Maggiore, au LARGO S. TRINITA MAGGIORE,
où s'élève une haute colonne de la
Vierge, du style baroque, érigée en 1748. Sur
cette place aussi se trouve, à g., le Gesù
Nuovo ou S. Trinità Maggiore, église de
1584, en forme de croix latine, décorée de
fresques par Solimena (histoire d'Héliodore, au-dessus
du portail), Stanzioni, Ribera et Corenzio, et
surchargée de marbre et d'ornements. - En face de
cette église, n° 12, dans l'anc. réfectoire
du couvent de Ste-Claire, occupé par l'imprimerie du
«Corriere di Napoli», se trouve une fresque fort
endommagée d'un élève de Giotto,
représentant le miracle de la multiplication des
pains. Elle est un peu difficile à voir.
Nous prenons au delà de l'église la STRADA S.
TRINITA MAGGIORE, une des rues les plus animées parmi
celles qui partent de la rue de Tolède ; nous tournons
à dr. et nous passons sous une porte cochère
pour aller à S. Chiara.
*S. Chiara (Ste Claire) a été
fondée en 1310 par Robert le Sage, achevée en
1340 et enfin restaurée en 1752, dans un style riche,
mais de mauvais goût. Les fresques de cette
église, par Giotto, ont été alors
couvertes d'une couche de badigeon. Il y a des tombeaux
gothiques remarquables des princes de la maison d'Anjou et
d'autres sculptures.
L'intérieur de l'église, haut et imposant,
mesurant 84 m. de long sur 32 de large, ressemble à
une grande salle de parade. A g. de l'entrée
principale est le tombeau d'Onofrio di Penna,
secrétaire du roi Ladislas (m. 1322), avec un
bas-relief de Baboccio, représentant la Vierge et les
saints ermites. Ce tombeau est converti en autel
surmonté d'une Vierge et d'une Ste-Trinité par
Francesco, fils de Maestro Simone (vers 1300). - A la tribune
de l'orgue, de jolis bas-reliefs du XIVe s., dont les sujets
sont tirés de la vie de Ste Catherine. - La
première des grandes peintures de la voûte, la
Reine de Saba, et la deuxième, David jouant
de la harpe, sont de Seb. Conca ; la troisième, le
Sacrifice de David, est de Bonito ; la
quatrième, Ste Claire mettant en fuite les
Sarrasins, de Francesco di Nura. C'est le même
artiste qui a peint le tableau du maître autel, le
St-Sacrement, et celui au-dessus de la porte
principale, le Roi Robert inspectant la construction de
l'église.
Dans la 2e ch. à g., deux sarcophages : à dr.
le tombeau de Gabriel Adurinis (m. 1572), amiral sous
Charles-Quint ; à g. un tombeau du XIVe s. - Au 3e
pilier à g., l'autel de la Madonna delle Grazie, dont
la fresque, en grande partie cachée sous des oripeaux,
est attribuée à Giotto. - A la porte
latérale de g., le petit et gracieux monument
d'Antonia Gaudino, qui mourut à l'âge de 14 ans,
en 1530, le jour fixé pour ses noces. Il est de Giov.
da Nola, et la belle épitaphe est du poète
Antonins Epicurus (m. 1555). - Dans la chap. suivante, deux
tombeaux du XIVe s. - La CHAP. SANFELICE, à
côté de la chaire, qui est supportée par
des lions, renferme un Crucifîment de Lanfranc
et un sarcophage antique avec Protesilas et Laodamie,
servant de tombeau à César Sanfelice, duc de
Rodi (m. 1632). - Dans la CHAP. LONGOBARDI de la Cruz-Ahedo,
qui vient en-suite, à g., un monument de 1529 ;
àdr., un autre du même genre de 1853.
Derrière le maître autel, le magnifique *tombeau
de Robert le Sage (m. le 26 janv. 1343), par les
frères Baccio et Giovanni, de Florence, et non par
Masuccio le Jeune. Sous un haut baldaquin, orné d'un
grand nombre de figures, se voit le sarcophage, porté
par des saints et décoré de bas-reliefs, avec
la statue couchée du roi en franciscain, devant
laquelle des anges tirent un rideau, et au-dessus, dans une
niche, se trouve une autre statue du roi assis sur un
trône. Dans le haut, la Vierge, entre St
François et Ste Claire. L'inscription : «Cernite
Robertum, regem virtute refertum», est attribuée
à Pétrarque. - A côté, dans le
BRAS G. DU TRANSEPT, le tombeau de la seconde fille de
Robert, Marie, impératrice de Constantinople et
duchesse de Duras, soeur de Jeanne Ire ; elle est
représentée en costume impérial. Contre
le mur à g., le tombeau de deux filles de cette
princesse, Agnès et Clémence, la
première femme de Giacomo del Balzo, prince de Tarente
et empereur titulaire de Constantinople. Au mur de g., le
tombeau d'une enfant, Marie, fille de Charles l'Illustre,
morte en 1344. Là aussi, le beau monument de Pauline
Ranieri, qui soigna avec tant de dévoûment Giac.
Leopardi. Il est orné de statues par Car. Solari
(1878). - Dans le BRAS DR. DU TRANSEPT, toujours près
de celui de Robert, le *tombeau de Charles, duc de Calabre,
son fils aîné, qui mourut avant son père,
en 1328. Ce monument est par Tino da Camaino de Sienne
(1338). Plus loin, à dr., le tombeau de Marie de
Valois, femme de Robert, pris à tort pour celui de sa
fille Jeanne Iere. - La chap. de dr., à
côté du bras dr. du transept, est celle des
Bourbons ; six des enfants de Charles III y sont
inhumés.
Le beau campanile de S. Chiara, attribué à
Masuccio le Jeune ou à son élève Giacomo
de Sanctis, ne date en réalité que du XVIIe
s.
En continuant notre chemin dans la strada S. Trinità
Maggiore, nous arrivons, à g., au LaRGO S. DOMENICO,
où sont, à dr., les palais Casacalenda et
Corigliano ; à g., les palais S. Severo et Gaviati.
Cette place est décorée d'un obélisque
du style baroque, surmonté de la statue en bronze de
St Dominique, exécutée en 1737 par Vaccaro,
d'après Fansaga. L'escalier à g. conduit
à une porte latérale de l'église
St-Dominique, dont l'entrée principale,
généralement fermée, se trouve dans la
cour de la Préture, vico S. Domenico.
*S. Domenico Maggiore, église goth.
élevée en 1289, par Charles II, sur les plans
de Masuccio l'Aîné (?), est encore une des
églises les plus imposantes de Naples, malgré
les modifications qu'elle a subies plus tard, en dernier lieu
de 1850 à 1853. Cette église n'est ouverte que
de 7 h. à 11 h. Elle a 76 m. de long. 33 m. de large
et 26 m. 50 de haut, et elle est divisée en 3 nefs,
avec 27 chapelles et 12 autels. C'est un édifice des
plus somptueux, grâce à ses riches dorures et
à ses colonnes accouplées, mais avec un vilain
plafond à caissons du XVIIe s. Les familles les plus
distinguées de Naples y ont depuis des siècles
leurs chapelles, avec de nombreux monuments, ce qui en fait
un édifice aussi riche en sculptures de la renaissance
que S. Chiara en sculptures gothiques.
1re chap. à dr. (mur du côté de
l'entrée), celle des Saluzzo, autrefois celle des
Carafa : tableau d'autel par Andrea da Salerno, la Vierge
avec St Martin, St Dominique et plusieurs membres de la
famille Carafa ; monument en style baroque du
général Filippo Saluzzo (m. 1852) ; monument
simple et noble de Galeotto Carafa (m. 1513), avec un
médaillon. - 2e chap. : tableau d'autel d'Agnolo
Franco ; monument de l'évêque Barth. Brancaccio
(m. 1341).
La *CHAP. DEL CROCEFISSO, la 7e de dr., renferme de beaux
monuments du XVe s. L'autel est recouvert d'une mosaïque
florentine, d'après une esquisse de Cosimo Fansaga.
Dans le bas de cet autel, un bas-relief par Tommaso de'
Stefani, représentant le miracle du crucifix qui
aurait dit à St Thomas d'Aquin : «Bene
scripsisti de me, Thoma ; quam ergo mercedem recipies
?» A quoi le saint aurait répondu : «Non
aliam nisi te». Le Portement de croix, à
dr. de l'autel, et la Descente, à g., sont d'un
imitateur de l'école flamande. A g. de l'autel, le
*tombeau de François Carafa (m. 1470), par Agnello dei
Fiore ; vis-à-vis, un autre monument du même
artiste, achevé par Giovanni da Nota. Dans la petite
chapelle latérale, le tombeau d'Hector Carafa comte de
Ruvo (m.1511), avec des emblèmes militaires et des
arabesques. Chapelle suivante, à g., Vierge à
fresque d'un des premiers peintres napolitains, puis la
Vierge à la Rose, attribuée à Maestro
Simone. Vis-à-vis, le beau *tombeau de Mariano
d'Alagni, comte de Bucchianico, et de sa femme, Catarinella
Ursino, par Agnello del Fiore, érigé en 1447. A
côté de ce monument, celui de Nic. di Sangro,
prince de Fondi, par Domenico d'Auria. - A l'entrée de
la sacristie, des tombeaux de la famille de St Thomas
d'Aquin.
La *SACRISTIE a un plafond peint par Solimena et, au-dessus
d'un autel, une Annonciation attribuée à Andrea
da Salerno. Au mur, tout autour dans le haut, sont
alignés 45 grands cercueils de bois recouverts de
housses de velours. Dix d'entre eux contiennent les restes
des princes de la maison d'Aragon : Ferdinand Ier (m. 1494),
Ferdinand II (m. 1496), sa tante la reine Jeanne, fille de
Ferdinand 1er (m. 1518) ; Isabelle (m. 1524), fille
d'Alphonse II, femme de Jean-Galéas Sforza, duc de
Milan, etc. Le cercueil d'Alphonse Ier (m. 1458) s'y trouve
aussi, mais les restes de ce roi ont été
transférés en Espagne en 1666. Le 3e cercueil
est celui de Ferdinand-François d'Avalos, marquis de
Pescara, le héros de Ravenne et de Pavie, mort de ses
blessures à Milan en 1525 : l'inscription est de
l'Arioste. Au-dessus du tombeau sont suspendus le portrait,
la bannière et l'épée du marquis. Il
avait pour femme la célèbre Victoria Colonna,
qui après sa mort chanta ses exploits dans l'île
d'Ischia et dont les restes sont également ici.
Dans le BRAS DR. DU TRANSEPT, le *monument de Galéas
Pandone (m. 1514), par Giovanni de Nola. - Une porte donne
accès dans une partie de l'église primitive,
renfermant aussi des monuments curieux, surtout celui de
Porzia Capece, femme de Bernardin Rota, par Giovanni da Nola.
C'est ici que se trouve l'entrée latérale
mentionnée plus haut.
Le MAITRE-AUTEL, orné d'une mosaïque florentine,
a été fait par Fansaga, en 1652.
Dans le BRAS G. DU TRANSEPT, au-dessus de la chapelle des
Pignatelli, les tombeaux de Jean de Duras (m. 1323) et de
Philippe de Tarente (m. 1335), fils du roi Charles II, avec
une longue inscription en vers.
BAS CôTé DE O. Dans la 8e chap., celle de
N.-D.-des-Neiges, au-dessus de l'autel, un beau *haut-relief
avec la statue de la Vierge, St Mathieu et St Jean, le
chef-d'oeuvre de Giovanni da Nola, de 1536. Là se
trouve, à dr., le monument du poète
Jean-Baptiste Marini, de Naples (m. 1625), avec son buste par
Bartolomeo Viscontini, d'abord placé dans le couvent
de S. Agnelle Maggiore, après la suppression duquel le
roi Murat le fit transférer ici en 1813. - Dans la 7e
chap., dite de Rufo Bagnara, le Martyre de Ste
Catherine, par Lean. da Pistoia, et deux tombeaux de la
famille Tomacelli, du XVIe s. - 6e chap. tombeaux des Carafa.
- 5e chap. : tombeaux des Andrea. - 4e chap. : tombeaux des
Rota, avec *statue de St Jean-Baptiste par Giovanni de Nola ;
monument du poète Bernardin Rota (m. 1575), avec les
figures de l'Arno et du Tibre, par Domenico d'Auria (1600). -
3e chap. Martyre de St Jean l'Evangéliste, par
Scipione Caetano ; à g., tombeau d'Ant. Carafa, dit
Malizia (m. 1438). - La 2e chap., construite dans le style du
XVIIe s., renferme la Madone miraculeuse de St-André.
- 1re chap. à g. de l'entrée (S. Stefano) :
le Christ couronnant St Joseph, par Luce Giordano. Sur
les parois latérales, l'Adoration des mages,
par un peintre des Pays-Bas, et une Ste Famille
attribuée à Andrea de Salerno.
Le couvent voisin fut habité en 1272 par St Thomas
d'Aquin, qui était alors professeur de philosophie
à l'université, fondée à cette
époque. La noblesse et le roi assistaient à ses
cours. On montre sa cellule, transformée en chapelle,
et son auditoire. Le couvent est aujourd'hui occupé
par l'administration. C'est de plus là que
siège l'Accademia Pontaniana, fondée en
1471 par le savant Giov. Pontano.
De St-Dominique, on pourra descendre le vico Mezzocannone
jusqu'à la troisième rue à dr., le
vicoletto Mezzocannone, et aller par là jusqu'à
la piazza di S. Giovanni Maggiore. Là se trouve
l'église S. Giovanni Maggiore, qui vient d'être
reconstruite. A côté, la chap. S. Giovanni
de'Pappacoda, qui a uno belle porte goth. de 1415. - La
petite église voisine, S. Maria della Pietà de'
Sangri ou chapelle Sansevero, est maintenant fermée et
doit être démolie avec le palais du même
nom, dont elle dépend. On la visitait à cause
de sculptures curieuses du XVIIIe s. aux vêtements
transparents, d'une grande habileté technique, mais du
plus mauvais goût : un Christ mort dans son linceul,
Cécile Gaetani, femme d'Ant. di Sangro, en Pudeur, et
son mari se délivrant du vice, figuré par un
filet, oeuvres de Gius. Sammaritano, Ant. Conradini et Fr.
Queirolo.
Nous retournons au largo S. Domenico (p. 43), et nous
continuons de suivre au N. la rue principale, qui s'appelle
alors str.Nilo, puis bientôt str. S. Biagio de'
Libraï. A dr., S. Angelo a Nilo, église
construite en 1385, qui renferme, à dr. du
maître autel, le *tombeau du cardinal Brancaccio (m.
1428), son fondateur, par Donatello et Michelozzo, un des
premiers tombeaux dans le style de la renaissance.
La STRADA DELL' UNIVERSITA, anc. str. S. Salvatore, la 2e
à dr. du largo S. Domenico, descend à dr.
à l'Université (Regia Università
degli Studj). Elle renferme une bibliothèque et des
collections d'histoire naturelle, dont celle de
minéralogie est remarquable. L'université de
Naples, fondée en 1224 par l'empereur
Frédéric II et réorganisée en
1780, est une des plus anciennes de l'Europe. Elle comprend 5
facultés, avec une centaine de chaires, et compte
actuellement plus de 4000 étudiants. Elle occupe
depuis 1870 un anc. collège des jésuites,
bâti en 1605. La bibliothèque, au 1er
étage, est ouverte de 9 h. à 3 h. Le
conservateur actuel est M. Minervini. La cour renferme les
statues de Pietro della Vigna (à dr.), chancelier de
Frédéric II ; de St Thomas d'Aquin, de J.-B.
Vico et de Giordano Bruno, érigées en 1863, et
quelques bustes, entre autres celui de Giac. Leopardi. Il est
question de construire pour l'université un
édifice grandiose dans le quartier neuf, non loin du
Reclusorio.
En allant tout droit au sortir de l'Université, on
arrive à la place St-Marcellin, où se trouve
l'église richement décorée de SS.
Severino e Sosio, bâtie en 1490 par Mormandi.
Le plafond est orné de fresques par Corenzio, qui est
inhumé à l'entrée de la sacristie. Il y
a dans le choeur de belles stalles de la fin du XVe s. La
chapelle des Sanseverini, à dr. du choeur, renferme
les tombeaux de trois frères qui furent
empoisonnés en 1516 par leur oncle ; ces monuments
sont de Giovanni da Nola. Dans la chap. à g. du
choeur, le tombeau de l'historien Ch. Troya (m. 1858). Dans
le bras g. du transept, celui de l'amiral Vinc. Carafa (m.
1611) et celui du duc Fr. de Marmilis (m. 1649). Dans le bas
côté de g. (2e chap.), un tableau d'autel
à six compartiments par Andrea da Salerno, la Vierge
avec Ste Justine et St Jean-Baptiste. A l'entrée de la
sacristie, seconde salle, le *tombeau d'un garçon du
nom d'André Bonifacio, attribué à Giov.
da Rota, et en face celui de Giambattista Cicara, du
même artiste, toua deux avec des inscriptions de
Sannazar.
Le couvent voisin de cette église renferme depuis 1818
les grandes archives du royaume, dans des salles
décorées de fresques et de tableaux de
Corenzio. Elles comptent parmi les collections de ce genre
les plus importantes du monde. Elles comprennent env. 40 000
chartes sur parchemin, dont les plus anciennes sont en langue
grecque, à dater de 703, et 378 vol. composés
de plus de 380 000 manuscrits de l'époque des princes
de la maison d'Anjou, etc. On peut les visiter en s'adressant
au directeur, l'historien Bart. Capasso.
Le CLOITRE mérite d'être vu. L'entrée est
dans la rue à g. de l'église, par une porte
cochère à dr. On traverse les arcades des deux
premières cours et on trouve dans la suivante, entre
10 h. et 3 h., un gardien qui vous ouvre. Ce cloître
est décoré de 20 fresques, dont les sujets sont
tirés de la vie de St Benoît et qui sont
atribuées au Zingaro et à ses prétendus
élèves Donzelli et Simone Papa, mais qui,
d'après Crowe et Cavalcaselle, seraient plutôt
d'un peintre formé aux écoles d'Ombrie et de
Florence. Elles sont fort détériorées et
elles ont été mal restaurées de nos
jours. La meilleure est encore la fresque en camaïeu qui
représente le saint allant à Rome avec son
père et sa gouvernante. Les autres sont d'une
exécution tout à fait inférieure. C'est
l'avant-midi qu'elles sont le mieux éclairées.
Il y a dans la cour un énorme platane qui passe pour
avoir été planté par St Benoît en
personne, et sur lequel a crû un figuier.
Nous revenons à la rue principale (str. Nilo), qui
s'appelle ici VIA S. BIAGIO DE' LIBRAI. On y voit le
Mont-de-Piété, à dr. ; plusieurs
églises et des palais sans intérêt. On
croise au bout de 5 min. la grande rue dite via del Duomo,
qu'on peut prendre à g. pour arriver à la via
de' Tribunali et par là tout droit au Castel Capuano
(v. ci-dessous).
Nous suivons toujours la via S. Biagio, qui se bifurque au
bout de 5 min. pour former, à dr., celle de S.
Egeziaca a Forcella, conduisant à la porte de Nole ;
à g., la strada Annunziata. Dans celle-ci est
l'église S. Annunziata, construite de 1757
à 1782 par L. Vanvitelli, mais qui en a
remplacé une remontant à Robert le Sage. On y
voit des fresques de Corenzio et le tombeau de la trop
fameuse reine Jeanne II. - A côté, la grande
casa dei Trovatelli ou maison des
Enfants-Trouvés, qu'on ne peut visiter que muni d'une
recommandation spéciale. A g. de l'entrée est
l'ancien tour, où l'on plaçait auparavant les
enfants abandonnés ; maintenant ils ne sont plus
reçus qu'à l'intérieur, et les parents
doivent donner leurs noms. Les garçons y restent
ordinairement jusqu'à 7 ans, les filles plus
longtemps, souvent toute leur vie, si elles ne se marient
pas, comme ouvrières (broderies renommées) ou
domestiques. Les revenus de l'établissement sont
évalués à env. 400 000 fr. Le peuple y
vient en foule les 24 et 25 avril.
Le prolongement de la str. Annunziata, la str. Maddalena,
débouche sur la place de la porte de Capoue. On a
là à dr. la porte, en face l'église S.
Caterina a Formello, avec une coupole de 1523, et à
g.
Le Castel Capuano, appelé ordinairement la
Vicaria, fondé par Guillaume Ier et achevé en
1231 par Frédéric II, sur les plans de Fuccio.
Ce fut la résidence des Hohenstaufen et souvent aussi
celle des princes de la maison d'Anjou. Le vice-roi don
Pierre de Tolède transféra en 1540 dans ce
palais tous les tribunaux de la ville, qui y sont encore. Il
est intéressant d'y entrer pour étudier le
caractère du peuple napolitain. Sous la cour d'assises
se trouvait une prison tristement célèbre.
L'entrée principale des tribunaux est du
côté opposé, à
l'extrémité de la via de' Tribunali.
La *porte de Capoue, construite par Ferdinand Ier
d'Aragon en 1484, est l'oeuvre du Florentin Giuliano da
Maiano et l'une des plus belles portes de la renaissance.
Elle a été restaurée et
décorée de sculptures à
l'extérieur en 1535, par Giov. da Nola, à
l'occasion de l'entrée de Charles-Quint. Sur les
côtés sont deux belles tours rondes, comme
à presque toutes les portes de Naples.
En dehors passe le cours Garibaldi, qui s'étend de la
mer à la strada Foria. Non loin de la porte, la gare
de la ligne secondaire de Nole et Baiano. Tout près de
là, la gare du tramway à vapeur
d'Aversa-Caivano.
A l'F. de la porte de Capoue s'étendent les
Paduli (Paludi, marais), territoire très
fertile d'env. 50 kil. de superficie. Là se trouvent
les jardins potagers de Naples. On y sème et on y
récolte toute l'année.
A env. ¼ d'h. de la porte, le tramway dont il a
été question plus haut aboutit au *Campo
Santo Nuovo, cimetière près de la colline
appelée Poggio Reale et en face du vaste
abattoir de la ville. Le Campo Santo Nuovo a
été créé en 1836. La grande
avenue conduit de l'entrée du bas à une place
rectangulaire où se voient les monuments de familles
notables de Naples. Une allée à g. mène
à un endroit d'où l'on a une vue splendide.
Plus haut se trouve l'église, où l'on
célèbre le jour des Morts (2 nov.) un service
divin solennel. Une porte à g. donne entrée
dans l'imposant atrium du cimetière, entouré de
portiques à colonnes et au milieu duquel est une
statue colossale de la Religion, par Angelini. On remarque
particulièrement les nombreuses chapelles des
confréries chargées des enterrements. Ces
chapelles ont un étage inférieur, où les
corps sont d'abord inhumés. Env. 18 mois plus tard,
lorsqu'ils se sont entièrement
desséchés, grâce à la nature du
sol, composé de tuf, on les en retire pour les
déposer dans les niches de l'étage
supérieur qu'on ferme avec des plaques de
marbre.
On arrive, par la porte principale du cimetière,
à la rue qui vient du Reclusorio (p.39) et où
se trouve, quelques pas plus loin à g., le
cimetière des pauvres, dit cimetero della
Pietà, ouvert en 1888. Il est divisé en
terrasses et il présente l'aspect d'un vaste
amphithéâtre. Au milieu se trouve une Pieta de
marbre et dans le haut une chapelle.
Le cimetière protestant est à 7 min. de la
porte de Capoue, sur le chemin qui conduit au
précédent (sonner à la grille ;
50c.).
La STRADA CARBONARA, qui part de la place de la porte de
Capoue et passe devant l'église S. Caterina
mentionnée plus haut, nous conduit en 8 min. à
la strada Foria. A l'endroit où la rue se
rétrécit, à dr., sur la hauteur (monter
l'escalier et passer par une porte à dr.),
*S. Giovanni a Carbonara, église construite en
1344 et agrandie par le roi Ladislas.
A l'intérieur, derrière le maître autel,
refait en 1746, le *monument du roi Ladislas (m. 1414),
érigé par sa soeur, Jeanne II. Il passe pour le
chef-d'oeuvre d'Andrea Ciccione, et il est aussi remarquable
dans son ensemble que dans les détails. Dans le haut,
la statue équestre du roi ; au-dessous, dans une
niche, son sarcophage, avec sa statue couchée,
bénie par un évêque, qui est censé
lever l'excommunication qui pesait sur le roi à sa
mort ; en bas, le roi assis, avec sa soeur Jeanne à sa
droite. Le tout est supporté par des statues
représentant les vertus du défunt.
Derrière ce monument, dans la chap. del Sole, est le
*tombeau du sénéchal Sergianni Caracciolo,
favori de Jeanne II, érigé par son fils
Trojano. Il est également d'A. Ciccione, et il y a des
motifs dans le style de la renaissance. L'épitaphe est
de Lorenzo Falla. Les fresques de la chapelle,
représentant des scènes de l'histoire de la
Vierge, sont de Leonardo di Bisuccio, de Milan, un des
derniers élèves de Giotto (vers 1450). - A g.
du maître autel, la chap. des Caracciolo Rosso,
construction circulaire élevée et
décorée sur les plans de Girolamo Santacroce,
de 1516 à 1557. Elle renferme des sculptures par Giov.
da Nola, Girol. Santacroce et Pietro della Plata (bas-reliefs
de l'autel), ainsi que les tombeaux de Galéas,
à g., et de Colantonio Caracciolo, en face, par Scilla
et Domenico d'Auria. - La sacristie renferme 15 tableaux fort
endommagés de Vasari (1546), représentant des
scènes de la vie de J.C. - A côté de
l'entrée de la sacristie, une belle Vierge des
Grâces, statue de 1571. - Plus loin du même
côté, dans l'église, un grand autel
semblable à une chap., la *chap. St-Jean-Baptiste,
avec de bonnes sculptures du xve s., restaurées en
1619 par Al. Mirabelle. - Il y a encore dans l'église
d'autres tombeaux remarquables.
Dans la CONSECRAZIONE DI S. MONICA, qui a une entrée
particulière en haut de l'escalier montant à
l'église, le tombeau du prince Ferd. di Sanseverino,
par Andreas de Florentia. Elle n'est ouverte que le dim.
matin.
C'est près de cette église qu'était
jadis l'arène pour les combats de gladiateurs,
auxquels Pétrarque assista encore avec horreur
à l'époque de la reine Jeanne Ire et du roi
André.
Nous retournons au Castel Capuano.
La VIA DE TRIBUNALI, rue animée en face de
l'entrée principale du Castel Capuano, conduit de la
place des Tribunaux, à peu près à l'O.,
à la rue de Tolède. En la suivant, on passe,
à g., à l'entrée de l'ospedale della
Pace, et on atteint bientôt à dr. la petite
place S. Gennara, que décore une colonne
érigée en mémoire de la terrible
éruption du Vésuve de 1631. Elle est
surmontée d'une statue en bronze de St Janvier, par
Finelli.
Nous montons ensuite le perron qui aboutit à la
cathédrale, dont l'entrée principale est dans
la via del Duomo.
La *cathédrale, dédiée à
St Janvier (S. Gennaro), a été commencée
en 1272 par Charles Ier d'Anjou, sur l'emplacement d'un
temple de Neptune, mais en réalité construite
sous Charles II, à partir de 1294, et achevée
sous Robert, en 1314. C'est un édifice goth. dans le
style français. La façade, de 1299, mais
considérablement modifiée et dont le portail
date de 1407, est maintenant en restauration, et l'on y
construit des tours. Détruite par un tremblement de
terre en 1456, cette église fut reconstruite par
Alphonse 1er, et elle a encore été
modifiée et restaurée au XVIIe et au XVIIIe s.
Néanmoins elle a conservé en partie son
caractère primitif. Le plan est celui d'une basilique
à trois nefs, dont la principale a un plafond et dont
les collatéraux sont voûtés en
ogive.
Le plafond de la grande nef est décoré de
peintures, celles de forme carrée par Fabr. Santafede
et celles de forme ovale par Vincenzio da Forli. Les fresques
dans le haut des murs sont de Luca Giordano et de ses
élèves ; le St Cyrille et le St Chrysostome, de
Solimena. Au-dessus de l'entrée principale sont les
monuments de Charles Ier d'Anjou (à g.) et de Charles
Martel, roi de Hongrie (à dr.), fils aîné
de Charles II, érigés en 1599 par le vice-roi
Olivarez. Au-dessus des portes latérales, David avec
la harpe et les patrons de Naples, par Vasari (1546): les
figures sont des portraits des Farnèse, par ex. du
pape Paul III.
La 3e chap. du collatéral de dr. est la *chapelle
St-Janvier, nominée habituellement cappella del
Tesoro. Elle a une façade en marbre et de magnifiques
portes en cuivre jaune. A dr. et à g. sont deux hautes
colonnes de marbre verdâtre. L'inscription signifie :
«à St Janvier, citoyen, patron et
défenseur, Naples sauvée, par
l'opération miraculeuse de son sang, de la famine, de
la guerre, de la peste et du feu du Vésuve».
Cette chapelle a été fondée en 1608
à la suite d'un voeu fait durant la peste de 1527, et
elle a été achevée en 29 ans. Les frais
se sont élevés à un million de ducats ou
environ 4 millions ½ de fr. Le meilleur moment pour la
visiter est un peu avant la fermeture de l'église,
vers midi.
L'intérieur de cette chapelle, qui a la forme d'une
croix grecque, est richement décoré de marbre
et d'or. Elle renferme 8 autels, 42 colonnes de brocatelle, 5
tableaux du Dominiquin, sur cuivre, et plusieurs fresques
relatives à St Janvier. Il n'y a cependant que quatre
des cinq tableaux qui soient entièrement de la main du
Dominiquin : le Tombeau du saint, son Martyre, la
Résurrection d'un jeune homme et une Femme
guérissant un malade avec l'huile d'une lampe
suspendue devant le tombeau de St Janvier. La jalousie, les
menaces de Ribera et de Corenzio l'obligèrent, de
même que le Guide et Lanfranc, à quitter ses
travaux dans la coupole. - La sacristie du Tesoro renferme
des tableaux de Stanzioni et de Luca Giordano et un grand
nombre de vases sacrés et de vêtements
sacerdotaux, un buste en argent de St Janvier, que Charles II
fit exécuter en 1306, 45 autres bustes en argent de
bienfaiteurs de la ville et divers objets précieux. -
Le tabernacle du maître autel, qui est fermé par
plusieurs portes et, en dernier lieu, par un bas-relief
d'argent représentant la translation des reliques du
saint, renferme deux vases contenant le sang de St Janvier,
évêque de Bénévent, qui souffrit
le martyre en 305, sous Dioclétien. La
liquéfaction du sang de St Janviero a lieu 3 fois par
an, pendant plusieurs jours de suite, le 1er samedi de mai,
dans la soirée ; le 19 sept. et le 16 déc., de
9 h. à 10 h. du matin. La rapidité ou la
lenteur avec laquelle elle s'opère passent pour
présager une bonne ou une mauvaise année. Les
étrangers peuvent obtenir du sacristain une bonne
place près de l'autel pour y assister.
Plus loin, dans le collatéral de dr., la CHAP.
BRANCIA, la 5e, avec le *tombeau du cardinal Carbone (m.
1405), par Ant. Baboccio. - Puis, dans le bras droit du
transept, la CHAP. CARACCIOLO, aussi avec un tombeau, du
cardinal Caracciolo (m. 1268).
Sur le derrière, à dr., l'entrée de la
*CHAP. MINUTOLO , du style goth. (fermée ; 30 c. au
sacristain). La partie supérieure des ornements,
peinte par Tommaso degli Stefani au XIIIe s., a
été plusieurs fois retouchée ; la partie
inférieure est d'un inconnu. On y remarque encore le
tombeau du cardinal Arrigo Minutolo (m. 1412), au-dessus du
maître autel, avec un bas-relief, la Vierge et les
apôtres ; d'autres tombeaux, des XIVe et XVe s., et un
bon triptyque de la vieille école de Sienne, la
Trinité, sur l'autel à g. ; d'autres tombeaux
des XIVe et XVe s. et, dans le bas des murs, des portraits de
Minutoli de 1410-1462. - A côté se trouve la
CHAP. TOCCA, avec le tombeau de St Asprenas, un des premiers
évêques de Naples.
Au-dessous du maître autel, où l'on descend
à dr. (portes de bronze ; 30 c. an sacristain), se
trouve la *CONFESSION DE ST JANVIER, crypte richement
décorée, à trois nefs, avec des colonnes
antiques et un beau plafond de marbre. Elle renferme le
tombeau du saint. On en remarque l'élégante
ornementation, par Tommaso Malvito de Côme (1501), de
qui est sans doute aussi la statue agenouillée
à g. devant le tombeau, celle du cardinal Oliviero
Carafe, qui fit construire la chapelle, de 1492 à
1506.
La coupole du choeur a été peinte par le
Dominiquin ; elle représente l'adoration des
anges.
La chapelle gothique des Capece Galeota, à g. du
maître autel, renferme une peinture du XVe s., le
Christ entre St Janvier et St Athanase.
Dans le bras gauche du transept, à côté
de la porte de la sacristie, le tombeau d'Innocent IV (m.
1254 à Naples), érigé en 1318 par
l'archevêque Umberto di Montorio et restauré au
XVIes., et celui d'André, roi de Hongrie,
étranglé en 1345 à Aversa, par Jeanne
Iere, sa femme, comme le rapporte l'inscription :
«Andreae Carole Uberti Pannoniae regis f.,
Neapolitanorum regi, Joannae uxoris dolo laqueo necato, Ursi
Minutili pietate hic recondito». A g., le tombeau du
pape Innocent XII (Pignatelli, de Naples, m. 1696).
Dans le collatéral de g., près du transept la
chap. des Seripandi, qui renferme une *Assomption par le
Pérugin (1460). - Puis vient l'entrée de S.
Restituta. - Dans la 2e chap., une Mise au tombeau,
haut-relief par Gior. da Nola ; au-dessus,
l'Incrédulité de St Thomas, par Marco da Siena.
A côté, dans la grande nef, les fonts, bassin
antique en basalte vert, avec des thyrses et des masques
bachiques.
*S. Restituta, à g. de la cathédrale,
avec laquelle elle communique par la porte du bas
côté de g. mentionnée plus haut (si elle
est fermée, 50 c. de pourb.), est une église
goth. construite à la place d'un temple d'Apollon,
dont proviennent probablement les colonnes corinthiennes
antiques de la nef. Ce fut d'abord la cathédrale. On
l'attribue faussement à Constantin le Grand, car elle
n'est que du VIIe s. On l'a raccourcie lors de la
construction de la cathédrale et restaurée au
XVIIe s. Au fond de la chap. S. Maria del Principio, à
l'extrémité du bas côté de g., une
mosaïque très ancienne, représentant St
Janvier et Ste Restitute, restaurée en 1322 ; elle
passe pour la première de Naples : de là le nom
de chap. «del Principio». Aux murs
latéraux, deux curieux bas-reliefs, provenant, dit-on,
d'une ancienne clôture du VIIIe s. Ils sont
divisés chacun en 15 compartiments : à g.,
l'Histoire de Joseph ; à dr., en haut, St
Janvier, puis Samson ; en bas, St Georges.
Derriere le maître autel, la Vierge avec St Michel
et Ste Restitute, par Silvestro Buono (?), très
bon tableau dans les styles des écoles de Naples et
d'Ombrie : l'inscription a été falsifiée
; il est postérieur à l'an 1500. Du
côté de l'entrée, le monument de
l'épigraphiste Al.- S. Mazzocchi. - La chapelle de dr.
(fermée), S. Giovanni in Fonte, qui passe pour avoir
été construite par Constantin en 333, mais ne
date que du VIe s., et qui servait autrefois de
baptistère, a une petite coupole décorée
de mosaïques du VIIe s., souvent restaurées : le
Christ, la Vierge, etc.
La façade de la cathédrale, où monte un
escalier, est tournée du côté de la VIA
DEL DUOMO, rue qui part de la strada Foria, marche à
peu près parallèlement à la rue de
Tolède, traverse les quartiers très
peuplés de la vieille ville et se prolonge
jusqu'à la mer. - A côté de la
cathédrale, à dr. en sortant, se voit le vaste
palais archiépiscopal, construit au XIIIe s. et
entièrement réédifié en 1647, par
le cardinal Filomarino. La façade est du
côté de la place Donna Regina.
Dans la strada Anticaglia se trouvent les restes d'un
théâtre antique, où Néron parut en
acteur. Il était de grandes dimensions. On en
distingue encore deux arcades.
Plus bas dans la via del Duomo, à dr., le palais
Cuomo, bel hôtel du commencement de la renaissance
(fin du XVe s.), construit pour Ang. Como, probablement par
des maîtres florentins. Il a été
démoli pour le percement de la nouvelle rue et
rebâti avec les mêmes matériaux par le
prince Gaétan Filangieri, pour y installer les
collections qu'il a données à la ville, le
«museo civico Filangieri». Le catalogue
détaillé contient aussi une histoire du palais
et du musée.
Le grand vestibule du rez-de-chaussée,
décoré par Salviati de mosaïques dans le
style du XIVe s., contient des armes, quelques antiques, une
coulevrine aragonaise du XVe s. se chargeant par la culasse,
etc. - L'étage supérieur a été
transformé en une jolie salle d'exposition par
l'addition de fenêtres dans la toiture et d'une galerie
haute. On y voit de riches armes des XVIe-XVIIIe s., deux
bahuts italiens du XVIe s., des objets précieux, des
émaux et env. 60 tableaux. Principaux émaux,
num. 1023 et 1025, dans la XXVe vitrine, par Jean III
Pénicaud, de Limoges. Tableaux : 1489, Bern. Luini, la
Vierge et la donatrice, une Bentivoglio ; 1466, Bern.
Lanini(?), la Vierge ; le Pordenone, Descente de croix ;
1440, 1455, Ribera, Ste Marie l'Egyptienne, Tête de St
Jean-Baptiste ; Sandro Botticelli, et non le Ghirlandajo,
portr. d'homme ; quelques Flamands et Hollandais, entre
autres, 1469, J. van Eyck (?), la Vierge ; 1446, van Dyck,
Jésus en croix, etc. - Dans la galerie, de belles
majoliques italiennes, des porcelaines de Capodimonte, etc.,
et des vases en argent.
Nous revenons à la via de' Tribunali. Au bout de
quelques pas, à dr., le petit largo Gerolomini, avec
l'église
S. Filippo Neri, ou de' Gerolomini, de
1592-1619.
L'intérieur est surchargé d'ornements, mais en
mauvais état. La grande fresque au-dessus de
l'entrée principale, le Christ chassant les
marchands du temple, est de Luca Giordano ; le tableau du
maître autel, de Giovan. Bernardino Siciliano ; les
tableaux latéraux, de Corenzio. La riche chapelle de
St-Philippe-de-Néri, à g. du maître
autel, a une coupole peinte par Solimena ; celle de
St-François-d'Assise, la 4e à g., renferme un
tableau du Guide. Près de là, au pied de la
colonne dans la nef, est la pierre tumulaire du savant
Jean-Baptiste Vico (1670-1744). - La sacristie (entrée
à g.) renferme aussi des peintures, par Andrea da
Salerno, Corrado, le Dominiquin, Salimbeni, le Guide,
etc.
Plus loin on arrive, à dr., à S. Paolo
Maggiore, église précédée
d'un haut perron. Elle a été bâtie en
1590, sur les plans du théatin Fr. Grimaldi et sur
l'emplacement d'un temple dédié à Castor
et Pollux, dont le beau portique a été
détruit par le tremblement de terre de 1688. Il n'en
reste plus que deux colonnes corinthiennes, avec une partie
de l'architrave. Cette église est
décorée d'une profusion de marbres et de
peintures de Corenzio, Stanzioni, Marco da Siena et
Solimena.
Le CLOîTRE a 24 colonnes antiques de granit. Ici se
trouvait, du temps des Romains, le centre de la ville.
Sur la petite place carrée qui s'étend devant
l'église St-Paul, de l'autre côté de la
rue des Tribunaux, est située à g.
l'église *S. Lorenzo, commencée en 1266
par Charles 1er d'Anjou, en mémoire de la victoire
qu'il remporta à Bénévent, sur Mainfroi,
son prédécesseur de la maison de Souabe, et
achevée sous Robert 1er en 1324. Elle occupe
l'emplacement de l'ancienne Basilica Augustalis. Il
n'y a plus de la période goth. que le portail et le
choeur, ce dernier avec pourtour et chapelles comme dans les
églises du nord, probablement par un architecte
français. La nef a été à peu
près complètement
réédifiée au XVIe s. A côté
de l'église un campanile de 1487.
Intérieur. - Le grand tableau, au-dessus de
l'entrée principale, représentant le Christ
et St François, est de Vincenzo Corso. - Le
Couronnement de Robert par St Louis de Toulouse, avec
une prédelle signée, dans la 7e chapelle
à dr., est de Simone di Martino de Sienne. Il y a
aussi des restes de fresques dans le style de l'école
siennoise. - Le St Antoine de Padoue sur fond d'or
dans la chapelle du même nom, au bras g. du transept,
trahit une influence flamande, de même que le St
François de la chapelle de ce saint, dans le bras
dr. ; on les attribue au Zingaro. Les statues de St
François, de St Laurent et de St Antoine, ainsi que
les beaux bas-reliefs du maître autel, sont de Giovanni
da Nola (1478). Dans le pourtour du choeur, derrière
le maître autel, on remarque, en entrant à dr.,
d'abord le monument de Cath. d'Autriche, première
femme du duc Charles de Calabre (m. 1323), avec un baldaquin
en pyramide et des mosaïques ; puis celui de Jeanne de
Duras, fille de Ch. de Duras, et de son mari Rob. d'Artois,
tous deux empoisonnés le 20 juillet 1387 (en bas,
trois Vertus ; en haut, deux Anges qui tirent un rideau).
Plus loin, dans un espace fermé, le tombeau de Marie,
fille de Ch. de Duras, tuée encore jeune à
Aversa, en 1347. A dr. de l'entrée de l'église,
le tombeau de Lud. Aldemoresco (m. 1380), par Baboccio (1414)
et, dans le pavé, celui du philosophe Jean-Baptiste
della Porta (1550-1616).
Le couvent voisin de l'église sert maintenant de
caserne, mais il a été longtemps occupé
par l'administration municipale, ce que rappellent les
armoiries des quartiers de la ville au-dessus de la porte.
Pétrarque séjourna dans ce couvent en 1343, et
ce fut dans l'église de S. Lorenzo que Boccace vit
pour la première fois la belle princesse qu'il
immortalisa sous le nom de Fiammetta.
En continuant notre chemin dans la direction de la rue de
Tolède, nous arrivons, à g., à S. Pietro
a Maiella, église gothique construite par Giovanni
Pipino di Barletta, favori de Charles II (m. 1316), dont le
tombeau est dans le bras g. du transept. - Dans le couvent
voisin est le CONSERVATOIRE DE MUSIQUE (collegio di
musica), fondé en 1537, qui forma des
élèves célèbres, par exemple
Bellini, et dont Mercadante (m. 1870) fut longtemps le
directeur. Il possède une collection de manuscrits de
Paesiello, Jomelli, Pergolèse et autres maîtres.
- Près d'ici, sur la place S. Maria di
Constantinopoli, un monument de Bellini. - Nous arrivons
enfin par la porte Alba à la place du Dante, dans la
rue de Tolède.