Naples - Côté de la mer

La *Villa Nationale, communément appelée la Villa, peut être considérée comme le centre du quartier des étrangers. C'est un parc qui a été créé en 1780 et considérablement agrandi depuis. Elle est bornée du côté de la mer par le large quai dit via Caracciolo et de l'autre côté par la Riviera di Chiaia. Les jardins sont d'un style italien plus ou moins correct. Parmi ses arbres d'essences variées se trouvent beaucoup de palmiers. Près de l'entrée à l'E. se voit un grand bassin en granit de Paestum, apporté de Salerne et placé là en 1825, à l'endroit occupé jusqu'alors par le taureau Farnèse, actuellement au musée. Plus loin, à g., l'aquarium (v. ci-dessous). Au milieu de la promenade, où se concentre le mouvement, où joue la musique, etc., il y a un café et un restaurant. Là se trouve aussi une statue de marbre de l'historien Giambattista Vico (1668-1744), érigée il y a quelques années. Un peu plus loin, une autre statue, érigée en 1866 à P. Colletta (1775-1831), général napolitain, ministre de la guerre et historien, et ensuite un buste de l'architecte Errico Alvino. Puis de petits temples en l'honneur de Virgile et du Tasse et une statue du pianiste Sigismond Thalberg, mort à Naples en 1871. Du côté de la mer, deux beaux jets d'eau. A l'extrémité O., la place Humbert, avec le Grand-Hôtel. - Il y a presque toujours des promeneurs à la Villa, mais elle est surtout fréquentée après les concerts publics, qui ont lieu en hiver de 2 h. à 4 h., plus tard dans la soirée et en été de 9 h. à 11 h. du soir (chaise, 10 c.). Le monde élégant se porte particulièrement alors dans la via Caracciolo, où l'animation est à son comble les dim. et fêtes vers le soir.

L'**aquarium, dans le bâtiment blanc au centre de la Villa, du côté de la mer, fait partie de la station zoologique fondée en 1872-74 par Le naturaliste allemand Ant. Dohrn. L'entrée se trouve du côté E.
L'AQUARIUM de Naples n'a pas son pareil pour la richesse ni pour la beauté des animaux marins qui y sont exposés, et quiconque aura visité d'autres établissements de ce genre sera doublement surpris par la quantité de formes merveilleuses que la faune du Midi présente en comparaison de celle du Nord. Cet aquarium possède souvent à la fois 6 à 8 espèces de poulpes. Il est intéressant d'y assister aux repas des grandes pieuvres et de voir la sèche jeter la sépia. On y rencontre aussi toujours la torpille, et il est possible de toucher ce poisson de la main pour en recevoir la commotion électrique. Un grand nombre d'autres poissons de la Méditerranée, aux couleurs variées et magnifiques ; une collection considérable de coraux de différentes espèces, de grandes et de petites méduses, des galères aux couleurs d'iris, la ceinture de Vénus, des crabes bizarres, des vers marins, dont les branchies ressemblent à un joli palmier, tout cela et bien d'autres choses donnent à l'aquarium de Naples un aspect merveilleux.
La STATION ZOOLOGIQUE a pour but de faciliter l'étude du monde sous-marin aux naturalistes de tous les pays. Elle possède de grands laboratoires et une bibliothèque spéciale, au premier étage. Le gouvernement allemand a contribué à la fondation de cet établissement par une subvention considérable, des naturalistes anglais lui sont aussi venus en aide, la plupart des gouvernements européens ont acquis le droit d'y envoyer des savants faire des études, et une subvention du gouvernement italien lui a encore permis depuis peu de s'agrandir. La station zoologique fait paraître tous les ans 4 à 6 vol. de publications coûteuses. Elle fournit des préparations aux laboratoires et aux musées du monde entier. C'est le centre des études des animaux marins, et elle a servi de modèle aux établissements du même genre qui se sont créés à peu près partout.

A l'E. de la Villa est la PLACE DE LA VICTOIRE ou largo della Vittoria, d'où part, au N., la via Calabritto, qui mène à la place des Martyrs. Le long de la mer s'étend un beau quai, la via Partenope, parallèle à la strada Chiatamone, qui contourne le Pizzofalcone, contrefort de la colline St-Elme, tout couvert de constructions et garni de murs de soutènement.
L'extrémité S. du Pizzofalcone se prolonge dans la mer en formant une petite île rocheuse réunie à la terre ferme par une digue et un pont. Pline appelle cette île Megaris. C'est là que s'élève le château de l'Oeuf (castello dell'Ovo), qui date dans sa forme actuelle du temps du vice-roi don Pierre de Tolède (1532-1553). Il doit son nom à sa forme ovale.
Guillaume Ier commença ce château en 1154, mais il ne fut achevé qu'en 1221, sous Frédéric II, qui y mit en sûreté ses trésors. Charles Ier l'agrandit et l'habita de temps à autre. Robert le Sage (1309) fit peindre la chapelle par Giotto, avec lequel il s'entretenait souvent pendant son travail ; mais les fresques ont entièrement disparu. Charles III de Duras (1381) y retint prisonniere la reine Jeanne 1re et y fut assiégé. Le château fut pris en 1495 par Charles VIII de France et saccagé enfin sous Ferdinand II. Il sert aujourd'hui de caserne, et il n'y a rien de curieux à voir. - Les constructions neuves au N.-E., dites Borgo dei Marinari, sont destinées aux familles de marins expropriées pour la construction des nouveaux quais.
C'est près du château de l'Oeuf qu'est l'embarcadère d'un des bateaux de l'île de Caprée.

Plus loin, on arrive à la STRADA S. LUCIA, quai qui a remplacé en 1846 une rue malpropre, à l'E. du Pizzofalcone, et qu'on élargit actuellement beaucoup du côté de la mer. C'est sur ce quai que la vie de famille du peuple napolitain se révèle sans la moindre gêne. Les femmes travaillent dans la rue, y font leur toilette et s'y livrent sans fausse honte, soit sur les têtes de leurs enfants, soit même entr'elles, à la chasse aux parasites. Quand il fait chaud, les petits garçons y courent à moitié et même entièrement nus. Du côté de la mer s'étend la plage des marchands d'huîtres, de crabes, de homards, de tous ces comestibles que le Napolitain appelle si bien frutti di mare et que l'on peut y acheter à bon marché (v. cependant en introduction). A l'endroit où descendent des escaliers est une FONTAINE surmontée de sculptures de Domenico d'Auria et de Giovanni da Nola. Il y a là foule par les belles soirées d'été, surtout le dimanche. Là aussi se trouve la source d'eau sulfureuse déjà mentionnée.
A l'extrémité N. de S. Lucia, où il y a un jet d'eau, on monte à g. la STRADA DEL GIGANTE, rue ainsi nommée à cause d'une statue colossale de Jupiter qui s'y trouvait autrefois. On voit à dr. dans le magasin de charbon de l'arsenal ; en face, le château St-Elme, qui domine la ville.

La PLACE DU PLéBISCITE OU piazza del Plebiscito, où l'on arrive ensuite, a été créée en 1810, sur l'emplacement de quatre couvents. Il y a un grand et beau jet d'eau. En été, il s'y donne quelquefois le soir des concerts publics. A dr. s'élève le Palais Royal (v. ci-dessous) ; en face, la préfecture de Naples, dont le rez-de-chaussée est occupé par des magasins ; à l'0., formant hémicycle, l'église et les colonnades de St-François-de-Paule (v. ci-dessous) ; de l'autre côté enfin l'ancien palais du prince de Salerne, l'hôtel du commandant général. - Devant l'église sont les statues équestres de Charles III et de Ferdinand 1er, rois de Naples, en costume romain, les chevaux et la statue de Charles III par Canova, celle de Ferdinand 1er par Cali.

La belle église St-François-de-Paule (S. Francesco di Paola) a été commencée en 1817, sous Ferdinand 1er, sur les plans du Père Bianchi, et achevée dans l'espace de 14 ans. C'est une imitation du Panthéon de Rome. Le portique se compose de 6 colonnes et de 2 piliers d'ordre ionique.
L'intérieur (ouvert jusqu'à midi) compte 30 colonnes corinthiennes en marbre de Mondragone, supportant la coupole. Le riche maître autel, provenant de l'église des Apôtres, est fait de jaspe et de lapis-lazuli ; les deux colonnes des côtés, en pierre égyptienne fort rare, proviennent de S. Severino. En haut se trouve la tribune de la famille royale. Les statues et les peintures sont du milieu du XIXe s. A g. de l'entrée : Angelo Salaro, St Athanase ; Carrillo Guerra, la Mort de St Joseph ; Tommaso Arnaud, St Augustin, statue ; Casparo Landi, la Vierge de la Conception ; Fabris, St Marc, statue ; Natale Caria, St Nicolas ; Tenerani, St Jean 1'Evangéliste,statue. Dans le choeur : Camuccini, St François de Paule ressuscitant un mort ; Finelli, St Mathieu, statue ; Pietro Benvenuti, la Dernière communion de St Ferdinand de Castille ; Antonio Cali, St Luc, statue ; Tito Angelini, St Ambroise ; Tommaso de Vivo, Mort de St André d'Avellino ; Gennaro Cali, St Jean Chrysostome, statue.

Le Palais Royal (Palazzo Reale), construit sur les plans de l'architecte romain Dom. Fontana, a été commencé en 1600, sous le comte de Lemos, vice-roi espagnol, incendié en 1837 et restauré les années suivantes, jusqu'en 1841. La façade, longue de 169 m., a trois étages de colonnades (dorique, ionique et composite) ; mais la plupart des arcades du rez-de-chaussée ont été murées, afin d'augmenter la solidité de l'édifice. Les huit statues de marbre dans les niches à la façade du palais, de 1885-1888, représentent les dynasties qui ont régné sur Naples dans les huit derniers siècles ; ce sont, en commençant à g. à la place St-Ferdinand : Roger le Normand, Frédéric II de Hohenstaufen, Charles ler d'Anjou, Alphonse 1er d'Aragon, Charles V d'Espagne, Charles III de Bourbon, Joachim Murat et Victor-Emmanuel.
L'intérieur du palais est visible les dim. (de 10 h. à midi) et jeudi (de midi à 4 h.), mais il faut une permission qui se délivre à l'intendance, t. les j. de 10 h. à midi (s'adresser au concierge ; 50 c.). Cette permission est valable pour six personnes et aussi pour les châteaux royaux de Capodimonte et de Caserte et le parc d'Astroni. On donne 1 fr. au domestique qui sert de guide.
On va d'abord à la TERRASSE DU JARDIN, d'où l'on découvre une belle vue sur le port et l'arsenal. Il y a au milieu de cette terrasse une grande table de marbre. - Le vaste et magnifique ESCALIER D'HONNEUR, presque tout en marbre blanc, avec des bas-reliefs et des statues, a été construit en 1651. - Du côté de la place, un petit théâtre et une splendide SALLE A MANGER. - Vient ensuite la SALLE DU TRôNE, richement tendue de velours rouge broché d'or, dont les broderies ont été faites en 1818 au grand hospice des pauvres, celles du haut représentant les provinces grand royaume. - I1 y a aussi dans les diverses salles de grands vases de porcelaine de Sèvres et de Saxe, des bustes de Bacchus, d'Hercule et de Marc-Aurèle, des tapisseries, etc., plus un certain nombre de tableaux : le Titien, Pierre-Louis Farnèse (1547) ; Schidone, la Charité ; L. Carrache, St Jean-Baptiste ; le Guerchin, St Joseph ; le Caravage, Jésus au temple, Mariage de Ste Catherine, Orphée ; L. Giordano, l'Ange Gabriel ; une Adoration des mages attribuée tantôt à Jean van Eyck, tantôt à Donzelli, prétendu élève du Zingaro (Solario) ; un Usurier attribué à Q. Massys ; un portrait par van Dyck, la Cathédrale de Palerme et Un marché à Venise par Vervloet ; deux bons portraits par des artistes inconnus, etc., enfin des tableaux de peintres italiens modernes.

Du côté N. du palais, qui est relié là par une aile avec le théâtre S. Carlo, dans un petit jardin fermé par une grille, a été érigée en 1864 une statue de l'Italie, en mémoire du plébiscite du 21 oct. 1860, qui eut pour conséquence la réunion de Naples au royaume d'Italie.
La petite place qui se rattache à celle du Plébiscite est la place St-Ferdinand, ainsi nommée de l'église située en face. C'est une des principales stations des tramways et omnibus, et il y a aussi beaucoup de fiacres. A g. débouchent la strada di Chiaia et la rue de Tolède, la principale de Naples.
Nous tournons à dr. dans la STRADA S. CARLO, où se trouvent, à g. la galerie Humbert 1er et à dr. la façade du théâtre S. Carlo.

La galerie Humbert Ier, est un passage couvert construit de 1887 à 1890, sur les plans de l'architecte romain di Mauro et qui a, dit-on, coûté 22 millions. Elle est inférieure, comme ensemble, à la galerie Victor-Emmanuel de Milan, car deux églises et plusieurs maisons s'y trouvent enclavées, mais elle n'est pas moins grandiose dans ses proportions. Elle est en forme de croix. Le tronçon le plus court, celui où l'on entre de la str. S. Carlo, par le grand portail, décoré de statues, a 123 m. 63 de long ; le plus long, entre la rue de Tolède et le Municipe, mesure 146 m. 80. Sa largeur est de 15 m. et sa hauteur de 34 m.30. L'octogone du centre a 36 m. 21 de diamètre et le dôme en fer et en verre qui s'élève au-dessus 56 m. 70 de hauteur. Riche décoration en stuc et or. Il y a sous le dôme quatre anges en cuivre. Lumière électrique le soir. Au n°8, 1er étage (ascens.), est exposée une riche crèche (presepe), qui passe pour avoir appartenu au roi Charles III et qu'y a reconstruite l'antiquaire G. Varelli.

Le théâtre S. Carlo ou St-Charles a été construit en 1737 sur les plans du Sicilien Giovanni Medrano, par l'architecte napolitain Angelo Carasale. Il a été consumé par un incendie à l'intérieur en 1816 ; mais on l'a rétabli sur le plan primitif. C'est un des plus grands théâtres de l'Italie. Bien des opéras célèbres de Rossini, de Bellini, de Donizetti et de Mercadante y ont été donnés pour la première fois. La façade de l'édifice, avec une rangée d'arcades que surmonte une colonnade, est ornée de bas-reliefs, de même que le côté qui est tourné vers la place St-Ferdinand. Sous les arcades se trouvent des écrivains publics, qui sont toujours très occupés.
A côté du théâtre le petit jardin du Palais. Plus loin, à dr., deux Dompteurs de chevaux, par le baron Clodt de St-Pétersbourg, dons de l'empereur Nicolas 1er de Russie. Plus loin à dr., les boutiques des petits marchands de coraux.
Puis la longue PLACE DU MUNICIPE (piazza del Municipio), où il y a une statue équestre de Victor-Emmanuel II (m. 1878).

Le Municipe ou l'hôtel de ville, à g., est une belle construction élevée de 1819 à 1825, pour les ministères, sur les plans de Luigi et Stefano Gasse. A l'entrée principale se lisent les noms des Napolitains qui ont été exécutés sous la domination des Bourbons comme coupables d'émeute. On remarque sous la porte les statues du roi Roger et de l'empereur Frédéric II. Dans un passage qui conduit de là à la rue de Tolède se trouve, à dr., l'entrée de la Bourse.

A côté de l'hôtel de ville est située l'église S. Giacomo degli Spagnuoli (St-Jacques-des-Espagnols), construite en 1540, par don Pierre de Tolède, et maintenant en restauration.
On entre par la porte à g. de la grille dans la via S. Giacomo et on descend quelques degrés. A dr. de l'entrée, une *Ste Famille d'André del Sarto. Dans la 3e chap. à g., une Descente de croix de Bernardo Lama. Il y a encore d'autres toiles, de Bernardino Siciliano, de Marco da Sierra, etc. Derrière le maître autel se trouve le riche tombeau de don Pierre de Tolède (m. 1553), oeuvre de Giovanni da Nola. Il est orné de statues des quatre Vertus cardinales, de bas-reliefs représentant les hauts faits du vice-roi et des statues agenouillées du défunt et de sa femme. Derrière ce monument se trouve celui de Hans Walther de Hiernheim, conseiller et général de Charles-Quint et de Philippe II, mort en 1557.

Au N. de la place du Municipe commence la large strada Medina, où est l'église de l'Incoronata.
Le Castel Nuovo (Château Neuf), dont les ouvrages extérieurs sont démolis, borne la place au S.-E. Ce château a été commencé en 1283 par Charles 1er d'Anjou et le plan en est attribué à Giovanni da Pisa. Il est dans le style des châteaux forts français de l'époque. Il a servi de résidence aux rois des maisons d'Anjou et d'Aragon, ainsi qu'aux vice-rois espagnols.
L'entrée est au N., en venant de la place du Municipe. On passe devant la sentinelle, tourne à dr., puis à g., et arrive après quelques centaines de pas à l'entrée du fort proprement dit, un haut et magnifique *arc de triomphe entre deux tours rondes. Cet arc, le principal monument de Naples, a été érigé en 1470 en souvenir de l'entrée d'Alphonse d'Aragon, le 2 juin 1442, probablement par Pietro di Martino, architecte milanais, et, d'après Vasari, par Giuliano da Maiano de Florence. I1 se compose d'une arcade flanquée de colonnes corinthiennes, aujourd'hui en partie murées, d'une frise et d'une corniche surmontée d'un attique. Cette partie est décorée de beaux bas-reliefs représentant l'entrée d'Alphonse à Naples, par Isaia da Pisa, Prolo Romano et Silvestre dell' Aquila.
Le tout est couronné de statues de St Michel, St Antoine l'Abbé et St Sébastien (à demi détruite), au-dessous desquelles se trouvent, dans des niches, les quatre Vertus cardinales. Les portes de bronze, dont les bas-reliefs représentent les victoires de Ferdinand Ier, sont de Guglielmo Monaco. Dans le battant de gauche, on remarque encore un boulet de canon provenant du bombardement par Gonsalve de Cordoue. Ces portes ont été restaurées en 1889.
A l'intérieur de la cour de la caserne, fermée au public, se trouve l'église Ste-Barbe (S. Barbara) ou St-Sébastien, qui a une façade corinthienne par Giuliano da Maiano, et, au-dessus de la porte, une belle Vierge en bas-relief.

En face du Castel Nuovo, au N. de la place, est le théâtre del Fondo ou Mercadante et à côté débouche la strada del Porto, qui se prolonge vers la gare et les beaux quartiers par le corso Rè d'Italia, percé de 1888 à 1894 dans la partie la plus peuplée de la vieille ville.

La place a pour prolongement à l'E. un large môle (molo Angioino), construit d'abord en 1302, par Charles II d'Anjou. De chaque côté s'étendent les ports : à g., le port marchand ; à dr., le PORT MILITAIRE, fermé par une grille du côté du môle. Dans l'angle S.-O., la Darsena, l'ans. port militaire, et l'arsenal de marine, construit en 1577 par le vice-roi Mendoza, avec des chantiers, etc.
Le PORT MARCHAND ou Grand Port (Porto Grande) a été fondé en 1302, en même temps que le môle, et agrandi en 1740 par Charles III.
A la courbe que forme le môle s'élève un phare (lanterna), construit d'abord à la fin du XVe s. et réédifié en 1843. On fera bien d'y monter pour achever de s'orienter dans la ville (1 fr. de pourb.) ; un escalier en marbre très commode, de 142 marches, conduit à la galerie. - Les bâtiments à l'extrémité du môle sont un entrepôt (porto franco). C'est là qu'aboutit la ligne de chemin de fer qui relie la gare et le port, exclusivement destinée aux trains de marchandises.
Le quai du port marchand, la STRADA DEL PILIERO, que suit le chemin de fer du port, se termine à g. à la Nouvelle Douane (Dogana Nuova) et à dr. au Petit Môle où est l'Immacolatella, qui comprend les bureaux de la douane et l'intendance sanitaire (Deputazione di Salute). C'est à l'Immacolatella que débarquent les voyageurs arrivant à Naples par mer.
Le Petit Port, dont on traverse plus loin l'étroit chenal, n'est plus accessible qu'aux petites embarcations. C'est une partie du port primitif de Néapolis.
La première rue transversale à g. mène tout droit à l'église S. Pietro Martire, qui renferme quelques monuments et quelques tableaux, entre autres la Légende de St Vincent, bonne oeuvre de l'école flamande-napolitaine.
Nous continuons notre chemin par le large quai qui prend le nom de STRADA NUOVA. Il y règne toujours une grande animation. A l'extrémité, à g., la nouvelle strada del Duomo ; à dr., au bord de la mer, un nouveau jardin public dit la Villa del Popolo. A partir de 4 h. de l'après-midi, on voit très souvent dans le voisinage de la Villa, comme à la porte de Capoue, des lecteurs publics, débitant devant des ouvriers, des chiffonniers et autres gens du peuple, des passages du Tasse, de l'Arioste et d'autres poètes : chaque auditeur paie 2 c. Il y a dans les jardins de la villa un beau nymphée de marbre, qui se trouvait autrefois à l'Immacotella.

En face, le castel del Carmine, château construit en 1484 par Ferdinand Ier, occupé par le peuple en 1647, lors du soulèvement de Masaniello (v. ci-dessous), et fortifié plus tard. Aujourd'hui, il sert de caserne et de prison militaire.
En passant par la porte del Carmine, à l'0. du château, on arrive sur une place où s'élève, à dr., S. Maria del Carmine, dominée par une haute tour. C'est une église d'origine ancienne, mais qui a été réédifiée en 1769. Elle est ouverte dans la matinée et après 4 h. ½ du soir. Il y a sur le maître autel une Vierge miraculeuse, «la Bruna», qu'on fête les 16 et 17 juin, et dans la nef de g. une statue de Conradin de Souabe, le dernier des Hohenstaufen, décapité en 1268 sur la place voisine, par ordre de Charles 1er d'Anjou. La statue, érigée en 1847 par Maximilien II de Bavière est d'après Thorvaldsen.
Nous nous rendons ensuite à g. à la PLACE Du MARCHé ou piazza del Mercato, qui est surtout fort animée les lundi et vendredi. Elle forme un hémicycle au N. duquel se trouve l'église S. Croce al Mercato et au S. deux fontaines. Cette place a joué en 1647 un rôle dans le soulèvement de Masaniello, de sou vrai nom Tommaso Aniello, né en 1622 dans le voisinage, vico Rotto.
Revenu à l'église del Carmine, on pourra gagner par la rue de g., en 8 min., la porte de Capoue, ou bien l'on ira tout droit, en longeant l'église, à la petite place Garibaldi, et l'on suivra de là à g. le large cours Garibaldi, qui passe à la porte de Nole (5 min.), à la gare, à la porte de Capoue (5 min.), et débouche enfin dans la strada Foria (10 min.).