Naples - Hauts quartiers
La rue de Tolède se prolonge au delà
du musée, en montant lentement, sous le nom de
strada S. Teresa degli Scalzi. Au commencement, en face
de l'angle N.-O. du musée, à g., la
strada Salvator Rosa. La rue Ste-Thérèse
traverse 10 min. plus loin sur un viaduc, dit Ponte
della Sanità, le quartier de la
Sanità, situé plus bas. |
![]() |
Les inscriptions qu'on a découvertes dans celles de
Naples sont maintenant au musée. Parmi les peintures,
nous citerons en particulier celles des deux premières
salles, qui rappellent le style des ornementations
pompéiennes : un Bon Pasteur dans la
première galerie, les portraits du tombeau de
Théotecnus, dans la deuxieme galerie, du commencement
du IVe s., et un Christ du Ve ou du VIie s., plusieurs fois
retouché, dans la basilique de St-Janvier (S.
Gennaro). Les ossements qui remplissent à divers
endroits les chambres et les galeries proviennent en
très grande partie des épidémies qui ont
ravagé la ville dans le cours du XVIe s. - Le
tronçon de colonne priapique avec une inscription en
hébreu, dans la première galerie, est une
mystification du moyen âge.
Il y a aussi des catacombes, des IVe-Ve s., sous
l'église S. Maria della Sanità, en bas du
viaduc du même nom, mais elles n'ont pas
d'importance.
En suivant, du viaduc de la Sanità, la rue de
Capodimonte, on arrive en quelques min. à un
rond-point, le tondo di Capodimonte (tarif simple des
fiacres jusqu'à cet endroit). Le chemin des voitures
fait ensuite une grande courbe à g. et se bifurque
dans le haut, le bras de g. conduisant à
Secondigliano, tandis que l'autre mène à
l'entrée du parc de Capodimonte. Les piétons
montent un escalier et tournent dans le haut à dr. Il
y a 7 min. de marche du rond-point au palais. - Un peu en
deçà de l'entrée du parc se trouve le
vaste réservoir du nouvel aqueduc dit 1'Acqua di
Serino. Il a cinq grands bassins creusés dans le
roc, pouvant contenir 80 000 m. cubes. Il a été
construit par une compagnie anglaise (Naples Waterworks
Company) , au bureau de laquelle il faut s'adresser pour
le visiter, str. Chiatamone, 5bis.
Le palais de Capodimonte, situé sur la hauteur
du même nom, au N. de la ville, a été
commencé en 1738, par Charles III, sur les plans de
Medrano, architecte du théâtre S. Carlo, mais
achevé seulement sous Ferdinand II, de 1834 à
1839. Il faut une permission pour visiter Capodimonte, ouvert
de 10 à 4 h.. Les beaux jardins qui l'entourent sont
dans les styles français et anglais. Il y a une partie
réservée dite Bosco, où il faut
encore montrer l'autorisation (25 à 50 c.) et
où l'on n'est pas admis en avril ni en mai, lorsque
les faisans couvent. Les voit. à 1 chev. n'entrent pas
dans les jardins. On n'a pas besoin de guide. Vues
splendides, surtout près d'un grand chêne
vert.
Le palais renferme un MUSéE composé de
peintures et de sculptures assez nombreuses, mais peu
remarquables, la plupart d'artistes napolitains. Elles sont
dispersées dans les appartements royaux. Les tableaux
portent les noms des peintres. Nous citerons entre autres :
Hackerl, une Chasse au sanglier dans le bois de
Persano et une Chasse aux oiseaux sur le lac de
Fusaro ; Lemasle, le Mariage de la duchesse de
Berry ; Carnuccini, la Mort de César ;
Celentano, Benvenuto Cellini au château St-Ange
; Hayez, Ulysse chez Alcinoüs ; une table
ornée d'une mosaïque de Pompéi ;
Marinetti, Cléopâtre à sa toilette
; Virginie Lebrun, portraits de la duchesse de Parme et de
Marie-Thérèse ; Angélique Kaufmann,
Ferdinand Ier et la reine Caroline avec leurs enfants
; Podesta, Orphée ; de Angelis, Mort de
Phèdre ; Guerra, Ossian ; Postiglione,
Androclès ; Bergé, Epaminondas à
Mantinée ; Carelli, Prise de la porte Pia à
Rome, le 20 sept. 1870 ; Vanvitelli, vue de
Piedigrotta. - Il y a aussi au palais une grande
collection d'objets en porcelaine et en biscuit de l'ancienne
manufacture de Capodimonte, fondée en 1743 par Charles
III, réorganisée en 1771 par Ferdinand IV et
supprimée par les Français en 1806. Il y a du
nombre des porcelaines tendres d'une finesse et d'une
transparence extraordinaires, des bas-reliefs peints et des
objets imités de l'antique. - Enfin l'on y voit encore
une riche collection d'armes (armeria), autrefois
exposée au Palais Royal, entre autres quelques
vieilles armures des rois Roger et Ferdinand 1er d'Aragon,
d'Alexandre Farnèse et de Victor-Amédée
de Savoie, puis l'épée que Ferdinand Ier donna
au brave Scanderbeg, chef des Albanais contre les Turcs (m.
1467) ; le magnifique berceau offert en 1869 par la ville de
Naples à la princesse royale, aujourd'hui la reine
Marguerite, etc.
Près de Capodimonte sont les villas Meuricoffre,
Ruffo, Avelli et Forquet, qui jouissent de beaux points de
vue dans toutes les directions. On obtient ordinairement la
permission de visiter la première en faisant remettre
sa carte. - A l'O., en face du palais de Capodimonte, la
villa Gallo, fondée en 1809 par le duc de Gallo.
En montant la ruelle en face de l'entrée du parc de
Capodimonte et en tournant à g. au bout de quelques
minutes, on arrive à l'OBSERVATOIRE (Osservatorio
Reale), au point culminant du Capodimonte. On l'appelle
ordinairement la Specola ou encore
Miradoïs, d'après une ancienne villa d'un
marquis espagnol. Fondé en 1812 et agrandi en 1820,
sur les plans du célèbre Piazzi (m. 1826), il
acquit sous lui une réputation européenne. Son
directeur actuel est M. de Gasparis, qui s'est fait
connaître par la découverte de plusieurs petites
planètes. - Un escalier qui descend de là en
passant devant l'église de' Miracoli, conduit à
la strada Foria.
En face de l'angle N.-O. du Musée National se trouve,
comme il a été dit plus haut, la strada
Salvator Rosa, qui conduit sur les hauteurs de St-Elme et du
Pausilippe. On peut louer un âne dans le bas ou plus
haut (1 fr. à 1 fr. 50 jusqu'à S. Martino). Le
tramway du musée au cours Victor-Emmanuel (n° 8) a
ici une section à crémaillère. Les
piétons arrivent en 10 min. à la petite place
Salvator-Rosa, qui est décorée de parterres de
fleurs. La rue tourne ensuite à dr. vers Arenella,
où naquit le peintre Salv. Rosa.
En face commence le cours Victor-Emmanuel (corso Vittorio
Emmanuel ; tramway). Il serpente sur les hauteurs de St-Elme,
en passant à certains endroits sur des viaducs, et il
descend enfin lentement par S. Maria di Piedigrotta à
la Mergellina. Il offre de très beaux points de vue
sur la ville, le golfe et le Vésuve. Cette route a
été commencée sous les Bourbons, mais
n'a été achevée qu'en 1875. La distance
de la place Salvator-Rosa à S. Maria di Piedigrotta
est de plus de 4 kil. Les petites rues qui descendent du
cours, en partie des rues avec des escaliers,
débouchent, celles du premier tiers dans la rue de
Tolède, celles du dernier dans la Chiaia.
Il y a pour monter du cours au château St-Elme et
à S. Martino deux routes cavalières, à
dr., en partie avec de petits degrés, où l'on
trouve des ânes. La première est la
pedimentina di S. Martino, à 12 min. de la
place Salvator-Rosa, au delà du viaduc et de l'angle
que contourne la rue, derrière la maison n° 350 ;
on arrive par là en ¼ d'h. à
l'entrée du château. La seconde, la salita
del Petraio est env. 10 min. plus loin, entre les num.
227 et 226. - Le chemin des voitures est beaucoup plus long.
Il suit la rue Salvator-Rosa jusqu'à la petite
chapelle S. Maria Costantinopolitana (pl. C 4) et tourne
là à gauche.
Les FUNICULAIRES sont les voies de communication les plus
commodes entre la ville basse et le rione Vomero, le quartier
neuf inachevé et peu habité du haut. Le premier
de ces chemins de fer a sa tête de ligne à Monte
Santo, à 1'0. de la rue de Tolède ; le second
part du rione Amedeo, plus près du quartier des
étrangers. Ils passent tous deux sous le cours
Victor-Emmanuel et le second y a une halte, près de
l'hôtel Bristol. L'extrémité
supérieure du premier (à g. à la sortie)
est à 7-8 min. au N.-O. et celle du second (à
dr. à la sortie) à 12-15 min. à 1'0. de
l'entrée du château St-Elme, qui est du
côté N.-E. et marqué sur notre plan par
Ingr.
Le château Saint-Elme (267 m.), castel S. Elmo ou S. Ermo, nommé autrefois castel St-Erasme, a été construit en 1343 par Giacomo de' Sanctis, sous Robert le Sage et considérablement agrandi et fortifié aux XVe, XVIe et XVIIe s. Les murailles énormes de ce château fort, ses fossés taillés dans le roc, de même que ses galeries souterraines, le faisaient passer autrefois pour imprenable. Le château même est maintenant une prison militaire, dont on ne peut visiter l'intérieur qu'avec une permission spéciale. |
![]() Chevalier (1889) p.57 |
En entrant dans l'enceinte extérieure on va
visiter
*S. Martino, ancienne chartreuse, aussi remarquable
par sa situation et ses beaux points de vue que par la
magnificence de sa décoration. Elle a
été fondée en 1325, par le duc Charles
de Calabre, mais transformée au XVIIe s. Si l'on a peu
de temps, traverser seulement les salles et aller surtout au
belvédère.
On traverse une cour oblongue où se trouve, à
g., l'entrée principale de l'église, toujours
fermée, et on arrive dans une cour où il y a
des sarcophages, des inscriptions et des écussons en
marbre, ensuite dans un large corridor, où l'on tourne
immédiatement à dr., dans une haute
pièce voûtée, l'anc. pharmacie du
couvent. Aux murs se voient des gonfalons. - De là on
entre à g. dans une salle contenant les tableaux qui
n'ont pu trouver place au Musée National. Ce sont pour
la plupart de bonnes toiles de peintres napolitains des XVIe
et XVIIe s. Des inscriptions donnent les noms des artistes et
les sujets. Au milieu, la barque dont Charles III se servait
pour ses promenades sur le golfe. - Dans la salle voisine,
des Batailles, qu'explique le gardien, et de vieilles vues de
Naples, dont l'une représente le roi se rendant en
voiture de gala à la fête de Piedigrotta. Au
milieu, une voiture qui servait autrefois aux
autorités municipales, dans les grandes circonstances,
et avec laquelle Victor-Emmanuel et Garibaldi firent leur
entrée en 1880. - Dans une armoire, les vieux costumes
des anciens conseillers municipaux. Une troisième
salle, plus petite, contient de vieux drapeaux.
Revenu par la pharmacie dans la seconde cour
mentionnée ci-dessus, on passe par une porte au
milieu, à dr., dans un long couloir, où il y a
une porte de chaque côté. Celle de g. donne
entrée dans une salle où sont exposés
des modèles de forteresses italiennes. Par celle de
dr. et un corridor, on arrive à une jolie
crèche (presepe), où l'enfant
Jésus est entouré de mages et de scènes
de la vie napolitaine, dans un riche paysage montagneux, la
joie et l'admiration des Napolitains, grands et petits.
C'était jadis, depuis le XVIe s., l'usage, à
Naples de construire de ces crèches à
Noël, dans ies églises et chez les particuliers,
et la famille royale en avait toujours de plus en plus
riches.
Le couloir aboutit, par la porte à g., à un
beau CLOITRE, qui a 60 colonnes de marbre blanc. On monte
ensuite quelques degrés, et l'on va à
l'église en passant dans le parloir et dans la SALLE
DU CHAPITRE. Cette salle, à dr. de laquelle est le
choeur des Frères Convers, a un plafond de
Corenzio.
L'église, où l'on entre par le choeur,
est à une seule nef, avec trois chapelles sur les
côtés. Elle est richement décorée
de marbres. Au plafond se voit une Ascension et entre
les fenêtres les Apôtres, par Lanfranc.
Au-dessus de l'entrée principale, une Descente de
croix, par Stanzioni(détériorée) ;
à côté, Moïse et Elie, par
Ribera (l'Espagnolet), qui peignit aussi les
Apôtres dans les pendentifs, au-dessus des
arcades des chapelles. - Le choeur est orné de
fresques du chevalier d'Arpin. Le Crucifîment
est de Lanfranc. Au mur à l'E., la Nativité
de J.C. du Guide, qui mourut avant de la terminer. A g.,
la Communion des apôtres, par Ribera, dans le
style de Paul Veronèse, et le Lavement des
pieds, par Caracciolo ; à dr., le même sujet
par Stanzioni et l'Institution de l'Eucharistie, de
l'école de Paul Véronèse. Les ornements
en marbre de l'église, douze roses diverses en basalte
d'Egypte, ont été exécutés
d'après Cosimo Fansaga ; la belle mosaïque en
marbre du pavé est de Presti, le maître autel de
Solimena.
On entre à g. du choeur dans la sacristie, qui a des
marqueteries par Bonaventura Presto et des tableaux du
chevalier d'Arpin, de Stanzioni et du Caravage. -
Derrière est le trésor, où se voit une
Descente de croix, de Ribera, son oeuvre capitale, aux
lignes désagréables, que peuvent cependant
faire oublier le coloris et la douleur poignante, bien
qu'elle ne soit nullement idéalisée. Au
plafond, Judith, par Luca Giordano, peinte, dit-on, en
48 heures, à l'âge de 72 ans.
On retourne au cloître par la salle du chapitre et va
à dr. au musée.
Musée. - Ire SALLE : vases en argent ; objets
en marbre ; reliquaire. - IIe SALLE : majoliques de Castelli,
dans les Abruzzes (collection Bonghi), comme celles qu'on
verra plus loin, intéressantes en tant que produits de
l'industrie locale, surtout du XVIIe s. et encore moins
anciennes. - IIIe SALLE (tout droit) : vieux verres de
Venise, porcelaines, ivoires ; vieux antiphonaires
énormes, avec miniatures ; magnifique ornement
d'église et robe d'une dame de la cour sous Ferdinand
VII. - IVe SALLE : veste de forçat, etc. ; souvenirs
de Ch. Poerio, homme d'Etat né à Naples en 1803
et mort à Florence en 1867, et de son frère
Alex. Poerio, poète patriotique, né en 1802 et
mort en 1848 de ses blessures à la défense de
Venise ; chapeau du cardinal Ruffo. - VIe salle, à
côté de la 2e : copies de sculptures pour la
plupart antiques. A dr., dans une niche, une figure en cire
représentant le Père Rocco, prédicateur
populaire de Naples, mort au commencement du XIXe s. - VIIe
SALLE, reste de la collection de majoliques. A remarquer, en
commençant à dr. : Héliodore ;
le Passage de la mer Rouge ; la Toilette de
Vénus ; Diane endormie ; le Jugement de
Pâris, représentation originale par Ant.
Lolli ; Apollon et Python ; la Chasse au
sanglier ; la Bataille d'Alexandre ; le
Cortège de Bacchus ; Galatée ;
Jupiter et Junon, groupe des fresques des Carrache au
palais Farnèse, à Rome ; David et
Goliath ; Bacchus et Ariane ; Moïse
sauvé des eaux. - VIIIe SALLE, à g. de la
Iere : uniformes du temps des Bourbons, deux grands tableaux
représentant la prise de Caprée par Murat. -
IXe et Xe sALLES : tableaux modernes et broderies en soie
représentant Judith, Esther, la fuite en Egypte,
etc.
A l'extrémité de l'aile droite du
cloître, une porte à dr. donne sur un corridor
qui conduit au **Belvédère, espace
hexagone avec deux balcons, d'où l'on a des points de
vue ravissants sur Naples, le golfe et la riche
contrée qui s'étend jusqu'à Nole et
à la chaîne des Apennins. Elle est plus
restreinte que celle du fort, mais mieux encadrée et
plus pittoresque, et c'est un excellent point
d'orientation.
Plus loin se trouvent, sur le cours Victor-Emmanuel, les
hôtels mentionnés plus haut. A l'hôtel
Bristol, la halte du second funiculaire. De là descend
une rue qui longe le petit parc Marguerite ; un peu plus
loin, une rue particulière qui monte aux villas du
comte G. Grifeo. Au delà de l'hôtel Parker se
détache à dr. la via Tasso (v. ci-dessous).
Ensuite la première halte de la ligne de Cumes, entre
deux tunnels. - Le cours Victor-Emmanuel finit à la
piazza di Piedigrotta.
Fiche bibliographique de l'illustration
Abbé C. Chevalier, Naples, le Vésuve et Pompéi, Tours, Alfred Mame et fils (1889)