1. Ses origines
  2. Son installation en Grèce
  3. L'extension de ses assimilations
  4. Mythologie - Son enfance
  5. Mythologie - Les orgies
  6. Mythologie - Ses ennemis
  7. Mythologie - Ariane
  8. Mythologie - L'Asie mineure et l'Inde
 
  1. Le dieu du vin
  2. Ses attributs moraux
  3. Ses symboles naturels
  4. Ses symboles fabriqués
  5. Représentations anthropomorphiques
  6. Dionysos, Héra et Athéna
  7. Un dieu de mystères
  8. Dionysos/Bacchus en Italie

Nous avons aussi relevé les principales associations de Dionysos avec d'autres divinités ; mais il est impossible de ne pas s'arrêter encore à deux faits du même ordre : à l'antagonisme qui existe entre ce dieu et Héra, et au lien d'alliance et d'amitié qui l'unit à Athéné.

La légende mythologique donne une large place dans ses récits à l'inimitié d'Héra contre Dionysos. Cette donnée, où Héra paraît à Gerhard avoir été envisagée d'abord compte la déesse des nuées [Juno], se traduisait aussi dans le culte. A Athènes, les prêtresses des deux divinités étaient placées officiellement dans une sorte d'opposition et il était interdit d'apporter du lierre dans le temple d'Héra. Plutarque, à qui l'on doit ce renseignement, ajoute qu'on y rapportait l'antagonisme de Dionysos et de l'épouse de Zeus au rôle de cette dernière comme déesse du mariage légitime et à l'influence de l'ivresse, funeste à la procréation d'enfants vigoureux.

Par contre, il y a une étroite amitié entre Bacchus et Pallas-Athéné, la déesse du ciel pur, de l'éther lumineux [Minerva]. Cette association est en grande partie d'origine attique et tenait une place importante dans les fêtes dionysiaques d'Athènes [Dionysia]. A Epidaure nous voyons Athéné Cissaea adorée avec Dionysos ; dans l'Elide, la fondation du culte d'Athéné Narcaea était attribuée à Narcaeus, fils de Bacchus. Les poètes parlent de l'affection particulière d'Athéné pour Sémélé. Dans les bas-reliefs du trône d'Apollon Amycléen, elle présentait le petit Dionysos aux immortels réunis dans l'01ympe. Nous l'avons vue l'auxiliaire spéciale du dieu dans la Gigantomachie et dans ses guerres. Plus tard, c'est à titre de Nouveau Bacchus que Marc-Antoine voulut épouser la vierge du Parthénon. La réunion d'Athéné et de Dionysos est fréquente sur les vases peints.

Les monuments de cette classe y joignent fréquemment Héraclès, quelquefois avec Apollon ; ailleurs ils montrent seulement ensemble Bacchus et Hercule, ou bien encore Dionysos et Coré (par suite de l'association mystique dont il sera parlé dans la section suivante) avec Athéné et Héraclès. Ailleurs encore Hercule est assis sur le même lit de festin que Dionysos et Ariadne. On voit aussi Hercule et Bacchus réunis sur certaines médailles, par exemple celles d'Héraclée de Lucanie, ou bien portés ensemble sur le même char triomphal. Ils avaient des autels dédiés en commun et Septime Sévère les associa dans la dédicace d'un temple. Cette association tenait avant tout à un rapprochement très populaire, d'une nature élevée et auquel se complurent les poètes. Dionysos était considéré comme ayant ouvert et frayé à Hercule la voie que celui-ci avait ensuite suivie. Guerriers et vainqueurs tous deux, ils participaient à la fois à la nature divine et à la nature humaine ; tous deux ils s'étaient élevés à force d'exploits de la condition de héros à celle d'Olympiens. Tous deux avaient introduit à leur suite dans le ciel leur mère mortelle, l'un Sémélé, l'autre Alcmène. Le caractère de ce rapprochement est très nettement précisé par le vase où l'on voit Athéné conduisant Héraclès au ciel dans un quadrige, tandis qu'au bas est Dionysos couché, et par celui où Dionysos entre deux Satyres fait pendant à Hercule reçu dans l'Olympe. Il s'accentua encore, mais en prenant une signification différente et plus grossière, par suite du caractère que la comédie tendit à donner à Hercule en faisant de lui un dieu buveur et ivrogne, armé du scyphos comme Bacchus du Canthare, l'Epitrapezios de Lysippe, le Bibax des Romains [Hercules], le compagnon joyeux et souvent berné des Satyres. De là les représentations, si chères aux artistes de l'époque romaine, du défi entre Hercule et Bacchus à qui boira le plus ou d'Hercule vaincu par l'ivresse parant de sa défaite le cortège du dieu du vin, représentations sur lesquelles on reviendra à l'article Hercules, et où l'on s'est plu à accentuer encore par la victoire de Bacchus le contraste qui existait dès lors entre son type plastique et celui d'Hercule, dans l'association de ces deux personnages mythologiques illustrés par des exploits pareils. Avec un sens plus élevé, les attributs caractéristiques d'Héraclès et de Dionysos sont réunis dans les types des Cistophori de l'Asie Mineure. L'épouse céleste d'Hercule, Hebe, appartient au cycle dionysiaque. Nous verrons dans un instant quel était son rôle auprès de Dionysos dans le culte mystique de Phlionte. Les fêtes de cette ville appelées Kissotomoi, sont rappelées sur plusieurs vases peints par les branches de lierre que tient Hébé en compagnie d'Hercule. Le fils d'Alcmène lui-même est quelquefois couronné de lierre.


Article de F. Lenormant