Henryk Siemiradzki - Les Torches de Neron - 1876 - Musée national de Cracovie - Pologne



Ce dossier a été élaboré en 2023-2024, dans le cadre de khôlles de préparation aux concours des grandes écoles de commerce. Le programme de l'année portait sur la violence ; à cette occasion, un point a été fait sur la question des persécutions religieuses.

Pour aborder celle des persécutions des premiers chrétiens aux trois premiers siècles de notre ère, il convient de prendre d'abord quelques précautions, dont vous trouverez les compléments nécessaires dans les liens vers des articles Wikipedia de contextualisation :

  1. S'il y a eu effectivement dans l'Empire romain dix vagues de persécutions de chrétiens jusqu'à la dernière de 284 à 305, elles ne sont pas toutes dues à une intolérance de la religion romaine, qui au contraire avait plutôt pour habitude d'intégrer très volontiers de nouveaux dieux : les raisons sont donc diverses, souvent politiques, et doivent être envisagées au cas par cas. Il sera absolument nécessaire pour vous de lire attentivement la conclusion de l'historienne Marie-Françoise Baslez en bas de cette page.

  2. Le nombre de martyrs, et donc l'intensité de la violence des persécutions, doit lui aussi être pris avec des pincettes : c'est l'historiographie chrétienne qui nous a transmis ces récits en les dramatisant et en amplifiant manifestement la virulence des attaques des païens pour des raisons apologétiques.

  3. Nous choisirons dans ce petit dossier de nous limiter à la première persécution (l'une des plus connues du grand public), celle de Néron après le grand incendie de Rome en 64, mais en prenant là encore une série de précautions :

    • la source quasiment unique de ce récit est l'historien Tacite, hostile à Néron : il a donc fortement contribué à forger une légende noire et caricaturale dont Néron peine à se débarrasser de nos jours, grâce aux efforts de certains historiens.

    • c'est ce récit antique à charge qui a été repris avec beaucoup de talent par le Polonais Henryk Sienkiewicz dans son roman Quo Vadis ? publié avec un immense succès en 1896. Notre perception de cette première persécution est donc fortement tributaire de sa vision très catholique et patriotique, mais laisse à désirer sur la pertinence historique : le scénario répartit en effet les rôles entre très gentils et très méchants, ce qui est pour le moins manichéen et relève d'une relecture de l'Histoire orientée par une sensibilité moderne peu soucieuse d'objectivité.

    • il ne sera pas ici question de savoir si ce sont bien les chrétiens qui ont mis le feu à Rome, mais d'envisager la question des modalités de leur châtiment dès lors qu'ils en ont été jugés coupables, à tort ou à raison. Les supplices qu'ils ont subis sont à étudier dans le cadre d'une réflexion sur la procédure pénale romaine : c'est en effet de la poena (châtiment) qu'il s'agit, et de son application dans les ludi meridiani des jeux de l'amphithéâtre.

    • or le succès mondial du roman de Sienkiewicz a suscité de nombreuses illustrations de peintres académiques dits « pompiers », qui à leur tour sont devenues des sources iconographiques pour le cinéma, en concurrence avec les tableaux très appréciés de Jean-Léon Gérôme dont nous verrons aussi dans le dossier sur Gladiator qu'il est responsable d'erreurs majeures de reconstitutions de lieux, de gestes, etc. Il ne sera donc pas étonnant de retrouver, dans l'adaptation cinématographique de Quo Vadis ? que nous allons exploiter, un certain nombre de scènes spectaculaires tout droit sorties de ces tableaux prétendument historiques mais situées dans un Colisée anachronique, puisque cet amphithéâtre a été inauguré en 80 apr.JC, bien après l'incendie de 64.

  4. Cela étant posé, nous ajouterons le film polonais de Jerzy Kawalerowicz sorti sur les écrans en 2001, à la version hollywoodienne de Mervyn LeRoy de 1951, pour nous intéresser à quatre scènes de supplices différents, dont certains sont bien attestés par les sources textuelles antiques, et d'autres devront être commentés. Pour les martyres des deux apôtres Pierre et Paul, qui ne sont pas représentés dans le film polonais, nous aurons recours à une série américaine de 1985, Anno Domini. Vous trouverez pour chacun de ces extraits le chapitre de Sienkiewicz illustré par des tableaux ou d'autres sources iconographiques pertinentes, des liens vers des compléments de documentation si nécessaire, et les extraits vidéo correspondants. A vous de parcourir tous ces documents pour pouvoir effectuer une synthèse sur les modalités et les manifestations de la violence à la fois de l'Etat organisateur et du public qui se pressait pour assister à ce type de spectacle.


1. Les chrétiens aux lions

2. Crucifixions dans l'arène

3. Torches humaines

4. Charade mythologique 5. La crucifixion de Pierre 6. La décapitation de Paul


Le point de vue d'une historienne pour remettre les pendules à l'heure